Éduthèque : une source de ressources numériques pour la classe

Eduthèque, http://www.edutheque.fr s’adresse à tous les enseignants du premier et du second degré et leurs élèves. Il rassemble des ressources pédagogiques structurées avec de grands établissements publics à caractère culturel et scientifique. 

Eduthèque est accessible aux enseignants de l’enseignement agricole (adresses en @educagri.fr ou @cneap.fr). Il suffit de s’inscrire.

Plusieurs systèmes de recherche et un moteur de recherche fonctionnel. Par exemple en tapant simplement « carbone », j’arrive assez vite à une petite vidéo de l’AFP, très claire, avec son script…

Une bonne adresse à mettre dans ses favoris…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




Organiser des barcamps pour partager nos initiatives pédagogiques à l’EPLEFPA du Périgord.

Et si, pour mieux travailler avec les élèves, nous trouvions des modalités de mieux travailler ensemble ? De mieux connaître les pratiques des un-es et des autres ? De nous apprendre mutuellement et d’échanger sur nos pratiques respectives ?

L’idée de proposer des temps de rencontre et d’exposition des pratiques pédagogiques entre collègues au Lycée de la Peyrouse vient de Muriel Galmiche (mission de 1/3 temps « lutte contre le décrochage scolaire », et de Véronique Carbonnière (mission de 1/3 temps animation autour des usages des outils numériques.

Mais quelle modalité adopter ? A quel moment se rencontrer ?  Comment s’y prendre pour engager les collègues, leur faire de la place, donner envie de participer ?

L’idée retenue est d’exposer une pratique, une ressource, une préoccupation, sans obligation de  préparer, pour entamer un processus de dialogue et d’échanges, tout en diffusant les initiatives de chacun-nes…

Suivez le lien pour en savoir plus sur le témoignage de l’équipe de la Peyrouse !

Témoignage les barcamps de la Peyrouse  




« Become a Global Organic Farmer » à Kalø, une comparaison des systèmes d’enseignement agricole français et danois.

Opaline Lysiak, enseignante en agronomie au lycée agro-environnemental d’Arras est partie de septembre 2017 à septembre 2018 à la rencontre des agriculteurs et des enseignants de 12 pays pour étudier leurs systèmes d’enseignement agricole et leur approche de l’agroécologie. Voici le récit de son étape au Danemark. Vous pouvez retrouver l’ensemble de ses reportages sur Pollen à la page Tour du monde Agro-écologie.

 

Déjà novembre 2018: il m’aura fallu 4 mois pour prendre du recul par rapport aux spécificités et aux belles rencontres de l’école « Global Organic Farmer » située à Kalø au Danemark. En juillet 2017, j’ai eu la chance d’entrer en contact avec Florence, enseignante en zootechnie à Kalø et aussi chargée de l’appui aux stages et à la coopération internationale. Elle m’invite à venir m’immerger une semaine dans l’atmosphère de son école, en juin 2018. Je réalise aujourd’hui à quel point l’internationalité et les origines des étudiants rend les échanges et donc l’expérience dans cette école, très riches.

« La diversité des motivations et des origines des étudiants fait la richesse de notre école »

C’est l’avis de Laura, étudiante en première année. « 30% des étudiants viennent du monde agricole et leurs parents font de l’agriculture conventionnelle et ne veulent pas répéter les même erreurs. C’est super intéressant car cela nous permet de connaitre ce que l’on NE SOUHAITE PAS FAIRE, le système que l’on est en train d’essayer de changer, avant de savoir ce que l’on veut faire vraiment ».
Pour Charlie, c’est l’honnêteté et l’humilité des enseignants qui fait la particularité de cette école. Ils expliquent dès le départ qu’ils n’ont pas beaucoup de temps pour présenter un sujet, et que ce sont aux étudiants d’approfondir ce qui les passionne.

 

« Ce que je sais, c’est que je ne sais rien » l’humilité selon Jeppe

Le premier témoignage sur lequel je souhaite revenir est celui de Jeppe, qui termine sa formation en agriculture biologique à Kalø.
Pour lui, les étudiants de lycées agricoles doivent être curieux et comprendre qu’en fait, ils ne connaissent rien. Plus on étudie, plus on est « intelligent » mais on se sent un peu bête parce qu’on réalise à quel point on ne connaît rien. Il questionne aussi l’autorité des enseignants, qui aujourd’hui ne doivent pas être en posture de détenir les savoirs mais plutôt d’encourager la curiosité.

 

L’agroécologie: copier la nature en étant créatif !

« Les symbioses c’est ce qui nous permet de vivre et les cycles se répètent partout dans la Nature, y compris en nous, et on doit en faire partie. Quand on fait de l’agriculture on doit produire beaucoup et ça fait appel à notre intelligence d’être humain … pour répéter les schémas de la nature! »

 

L’agrécologie, intense en connaissances

« C’est une manière de faire l’agriculture très dense en informations. J’aime l’idée de combiner des connaissances traditionnelles et des résultats de recherches récentes dans une logique de tester, faire des erreurs et réussir » explique Maya. Elle est en 1ère année du cours principal, et met le doigt sur un défi de taille: comment conserver les connaissances traditionnelles à l’heure où au Danemark les agriculteurs – ceux qui pratiquent pour de vrai – sont presque moins nombreux que les chercheurs qui ont une grande quantité de connaissances à partager?


 

Devenir agriculteur au Danemark

Allez, amusons nous à comparer les systèmes d’enseignement agricole français et danois! Si l’importance donnée à l’expérience nous laisse rêveurs, les 2 systèmes ont leur histoire et peuvent apprendre l’un de l’autre.

> Le diplôme n’est plus obligatoire pour s’installer en tant qu’agriculteur au Danemark.

> Toutes les écoles d’agriculture fonctionnent par apprentissage. « Le maître de stage paye l’étudiant par un contrat d’apprentissage. Il peut appeler l’élève pour qu’il travaille les week-end. L’élève est payé aussi quand il est en cours pour compenser cette veille les week end, m’explique Florence. Une caisse collecte un impôt auprès des entreprises qui font des formations professionnelles. Ainsi les agriculteurs sont remboursés à 85% du salaire de l’apprenti pendant qu’il est à l’école. Ils ne payent que 15% du salaire total ».

> Peu d’écoles d’agriculture danoises ont une ferme sur place. Les périodes de stage sont si importantes – 2 ans sur toute la formation – que les écoles d’agriculture ne sont pas censées créer ces situations de pratique mais plutôt valoriser ces expériences pour travailler sur la théorie.

Les spécificités de l’école de Kalø

> Les étudiants font un premier mois de stage après seulement 10 semaines de cours. « L’idée c’est de leur montrer qu’ils sont capables de partir. Une partie des étudiants a déjà voyagé, mais pas aussi loin et pas dans de vrais fermes. C’est la politique nationale au Danemark: on les encourage à aller voir ce qui se passe ailleurs » ajoute Florence. C’est la même caisse qui soutient les stages à l’étranger: billet d’avion et visa sont ainsi pris en charge.

> Quand on part en stage on ne va pas forcément retrouver la même classe au retour. On reprend un autre train en marche. C’est flexible. « Les étudiants sont autorisés à diviser leur année de stage en plusieurs petits stages. Ils peuvent faire une pause dans les études et revenir. » Ils ont 8 ans en tout pour obtenir leur diplôme.

Pour aller plus loin:

Découvrez les interviews d’autres étudiants de Kalø:

Suivez @GlobalOrganicFarmer sur Instagram et Facebook!

 

Pour suivre Opaline :

Sur Pollen, l’ensemble des reportages (Pologne, Inde, Japon, Québec, Danemark) à la page Tour du monde Agro-écologie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 




L’intelligence collective, au service de l’éducation, de l’innovation et de la classe.

François Taddei propose un nouvel ouvrage : Apprendre au XXIe siècle, chez Calmann Levy hachette.fr

François Taddei plaide pour une (r)évolution de  nos savoirs. Il nous entraîne dans les méandres du  cerveau, meilleur ami et parfois pire ennemi des  apprentissages. Il se penche également sur comment  apprendre avec les autres, en coopération,  à l’image de ce que font tous les organismes vivants  depuis les origines de la vie, et explore les meilleures  manières de commencer à se poser de bonnes questions.

Il présente son livre dans cette vidéo.


 

 

Cela nous amène à la notion d’intelligence collective, portée au devant de l’actualité par l’ouvrage d’Émile Servan-Schreiber : Supercollectif. La nouvelle puissance de nos intelligences, fayard.fr

Docteur en psychologie cognitive, Émile Servan-Schreiber a été journaliste et ingénieur en intelligence artificielle. Depuis vingt ans, à la tête de Lumenogic et d’Hypermind, il partage son temps entre la recherche sur l’intelligence collective et ses applications pratiques au service d’entreprises et de gouvernements. Cette vidéo montre la puissance d’une intelligence collective « organisée ».

 

Un podcast de France Culture
Brice Couturier, Les foules sont-elles irrationnelles et stupides ? A contrario, existe-t-il une intelligence collective capable de résoudre des problèmes trop compliqués pour les experts eux-mêmes ? Intéressant pour repérer les conditions à remplir pour déboucher sur des actions concrètes.


 

En complément, cet article de owni.fr montre plusieurs exemples de la petite révolution de l’intelligence collective. 

 

 
Appliquée au niveau local,
l’intelligence collective se traduit en méthodes d’animation des collectifs locaux, au service des bonnes idées et de l’innovation.

 

Pour voir ce que cela peut donner concrètement dans un établissement, découvrez l’article de Monique Royer dans « Les portraits du jeudi » : Éloge de l’intelligence collective, sur cahiers-pedagogiques.com

 

  

Et l’intelligence collective peut être mobilisée en classe, la preuve avec cette exemple : La classe mutuelle, l’intelligence collective à l’œuvre ! présenté sur lewebpedagogique.com

Avec cette vidéo qui présente bien le fonctionnement de cette classe « mutuelle » qui stimule de façon collective toutes les intelligences.

 

 

 

 

 

 

 

 




Un annuaire de 350 chaînes YouTube, culturelles, scientifiques, francophones.

Le Ministère de la Culture, avec sa Délégation générale à la langue française et aux langues de France, a édité un document qui recense les chaînes YouTube culturelles et scientifiques francophones potentiellement adaptées à un usage éducatif.
Les chaînes sont rangées par discipline et chaque entrée indique le nom de la chaîne, cliquable, des mots-clefs, et sa description.

Les thématiques sont nombreuses : Arts et histoire de l’art, musique, audio-visuel, cinéma et jeu vidéo, lettres et littérature… (source cultureveille.fr)

A télécharger en PDF

Ou aussi au format texte Word

 

 

 

 

 

 

 

 

 




Insectophagia : Apprentissage avec les Jeux Épistémiques Numériques

JEN Lab est un projet qui a été financé par l’Agence Nationale de la Recherche (2014 – 2018) et développé par plusieurs laboratoires de recherche, des équipes enseignantes associées et une entreprise en partenariat.

Dans un contexte marqué par la nécessité de développer l’attractivité des formations, d’accueillir un nouveau public d’apprenants et de concevoir des dispositifs d’apprentissage qui permettent de développer des compétences plutôt que des savoirs strictement disciplinaires, les Jeux Epistémiques Numériques (JEN) apparaissent comme une pédagogie alternative aux approches traditionnelles.

Le jeu Insectophagia est destiné à des élèves de lycées d’enseignement général, professionnel ou agricole.

Il propose un scénario dans lequel les joueurs doivent créer une entreprise pour répondre à un problème de société : fournir en protéines une humanité de plus en plus nombreuse sur une planète qu’il faut préserver.

Pluridisciplinaire, le jeu permet de faire travailler les élèves sur différentes disciplines telles que le développement durable, l’économie, la biologie et l’écologie, les sciences et technologies, l’information et documentation, le commerce, la géographie…

Le jeu étant adaptatif, les équipes enseignantes sont libres de pouvoir retirer des disciplines d’enseignement ou d’en ajouter telles que les mathématiques, les langues étrangères… ou encore d’adapter la thématique pour correspondre aux filières des établissements agricoles.

Télécharger la présentation du jeu en PDF

Description du jeu, documents…. sur jenlab.fr/insectophagia

 

Ce jeu a déjà fait l’objet d’une présentation dans Pollen, au LPA La Martellière, Auvergne-Rhône-Alpes, complétée par cette vidéo. 

 

Pour tous renseignements complémentaires et pour utiliser ce jeu :

  • Jean-Pierre Rabatel, EducTice-IFÉ-ENS de Lyon, PEMF, chargé d’étude, responsable du projet pour l’IFé  jean-pierre.rabatel@ens-lyon.fr
  • Sina Safadi, EducTice-IFÉ-ENS de Lyon, ingénieur d’études / doctorant à l’EHESS/TRAM  sina.safadi@ens-lyon.fr

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




Découvrez le guide « Rendre accessible à sa mesure », pour intégrer la prise en compte de la situation de handicap.

Vous trouverez sur le site de l’ENSFEA et sur le site chlorofil.fr le guide « Rendre accessible à sa mesure », en version en ligne mais aussi à télécharger au format PDF.

Ce guide décrits 41 situations scolaires différentes et testées véritablement pour illustrer une réponse donnée aux besoins particuliers de 23 portraits de jeunes en situation de handicap.

C’est également est un recensement d’actions existantes dans les établissements d’enseignement agricole. Celles-ci sont présentées au travers de journées fictives d’élèves fictifs en situation de handicap dans un établissement fictif. Néanmoins, ces situations sont réelles, elles ont été éprouvées et sont opérantes.

La lecture de ce guide pourra permettre au lecteur de décliner ces actions en les adaptant aux jeunes à accompagner, elle doit également l’aider à intégrer la prise en compte de la situation de handicap dans des parcours éducatifs et pédagogiques dont les bénéfices seront profitables à l’ensemble des élèves dans un souci d’équité et dans le respect de l’égalité des droits.

La démarches utilisée pour construire le guide « Rendre accessible à sa mesure » s’inspire de l’ouvrage de 2011 « Apprendre à sa mesure ». Ces deux ouvrages complémentaires témoignent du dynamisme pédagogique et éducatif des établissements publics et privés de l’enseignement agricole technique. La thématique de la persévérance scolaire comme celle de l’accompagnement des élèves en situation de handicap interroge sur les pratiques et les dispositifs. Face à un besoin accru d’individualisation de cet accompagnement, il faut renouveler les pratiques, et les envisager sous d’autres angles. Cela peut susciter des craintes et demander un temps d’appropriation, mais comme certains enseignants le disent eux-mêmes, c’est aussi une chance pour la pédagogie. C’est faire preuve d’esprit d’innovation, c’est enseigner autrement ce qui est une partie intégrante de l’ADN de l’enseignement agricole.

 

 

 

 

 

 

 




Approche didactique d’une Question Socialement Vive Agronomique… appuis et obstacles à l’enseigner à produire autrement.

Nous vous proposons de découvrir (sur tel.archives-ouvertes.fr) la thèse présentée et soutenue le 30 novembre 2015 par Mme Nadia Cancian. Fichier PDF.

Le titre complet est : « Approche didactique d’une Question Socialement Vive Agronomique la réduction de l’usage des pesticides – modélisation du raisonnement agro-écologique et socioéconomique d’élèves et d’étudiants : appuis et obstacles à l’enseigner à produire autrement ».

C’est un document imposant mais riche, pour preuve les têtes de chapitres :

  • La question de la réduction de l‘usage des pesticides de synthèse dans l’agriculture et les paris en termes de formation (p 33).
  • Chapitre 1 : Approche socio historique de l’usage des pesticides et émergence du plan Ecophyto (p 55)
  • Chapitre 2 : La problématique agronomique de la réduction de l’usage des pesticides dans les systèmes de production grandes cultures (p 165)
  • Chapitre 3 : Enseigner-apprendre des controverses. Etat et contribution des recherches sur les questions socialement vives (p 237)
  • Chapitre 4. Partie 4I- L’analyse curriculaire des référentiels Bac pro CGEA et BTS APV (p 289)
  • Partie 4II : Conduire l’analyse des états de la controverse (p 367)
  • Partie 4III – La construction d’une situation éducative. La démarche de recueil des raisonnements agro-écologiques et socioéconomiques à partir d’une situation-problème (p 427)
  • Partie 4IV La définition des niveaux de complexité des raisonnements (p 471)
  • Partie 4V – Eléments de méthodologie pour analyser le corpus discursif (p 503)
  • Chapitre 5. Résultats et discussion (p 531)
  • Conclusion. (p 585)

Il est de bon ton de dire qu’il n’est pas facile de rapprocher la recherche en éducation et les praticiens… Ce document prouve le contraire, en apportant une masse d’informations et de réflexions, détaillées et contextualisées,  utiles à tout enseignant concerné par le plan « Enseigner à produire autrement ».

Et son approche ne demande au départ qu’une compétence : savoir lire…

 

 

 

 

 

 




Edubref, de l’IFé, l’essentiel pour comprendre les questions éducatives

L’IFé, Institut Français de l’éducation, propose un nouveau format, Edubref, en quatre pages pour aborder une thématique.

Le premier Edubref sur les programmes scolaires est paru en mars 2018, le numéro de septembre aborde la question : Comment accompagner l’apprentissage des élèves ?

A découvrir sur le site Eduveille, https://eduveille.hypotheses.org, toujours riche en articles et dossiers.

 




Apprendre à être agriculteur au Japon : un reportage d’Opaline Lysiak.

Opaline Lysiak est enseignante en agronomie au lycée agro-environnemental d’Arras. Elle a choisi de partir un an, de septembre 2017 à septembre 2018, à la rencontre des agriculteurs et enseignants dans 12 pays différents. Elle publie régulièrement sur Pollen des articles sur les pratiques pédagogiques étrangères, repérées pour leur caractère original, inspirant ou innovant (voir la page Tour du monde Agro-écologie).

Apprendre à être agriculteur au Japon

La population agricole japonaise vieillit sans renouveau. Politique agricole, prix des denrées agricoles, crise de natalité, appel des jeunes vers des métiers soit-disant plus gratifiants et moins pénibles… Les raisons de cette perte de dynamisme dans les campagnes sont multiples. Et si la pédagogie dans l’enseignement agricole avait sa part de responsabilité?

Cet article explore des établissements d’enseignement agricoles qui utilisent des méthodes « alternatives » par rapport au système éducatif japonais classique.

Photo 1: les étudiants en pleine plantation de riz sur la ferme du lycée. Sur la droite, Mathilde Astier, journaliste agricole française qui m’a rejoint au Japon pour 1 mois, avec Ryoko, journaliste pour l’association Ainou Kai.

En 2016, 9% de la population du Japon est agricole et l’âge moyen des agriculteurs est supérieur à 65 ans. Pourtant, la formation agricole est très présente dans le pays. Il y a 320 lycées agricoles publics, et il existe aussi dans chaque préfecture une formation en 2 ans, qui ressemble un peu à notre BTS, pour devenir agriculteur. « Pour moi, l’enseignement qui y est donné est très classique à la fois sur la manière d’enseigner et les techniques agricoles » explique Shimpei Murakami, agriculteur bio et enseignant (voir plus loin). En combinant les chiffres de diverses sources, j’ai conclu que 2% environ des jeunes deviennent agriculteurs à l’issue de leur formation.
 

 Une nation nippone de paradoxes… agricoles

Les exploitations s’agrandissent, se modernisent de manière extrême (on parle de « zombification » de l’agriculture japonaise ») ou sont laissées à l’abandon. La formation agricole serait-elle inadaptée aux enjeux d’aujourd’hui et demain? Voici des éléments pour mieux comprendre le contexte:

> La transmission des savoirs pratiques se fait encore majoritairement de père en fils avec peu d’apport de connaissances nouvelles, adaptées aux enjeux actuels et notamment l’agroécologie. Ce n’est pas obligatoire d’avoir un diplôme agricole pour être agriculteur, et ceux qui sortent de l’université d’agriculture vont souvent travailler pour des entreprises agricoles, multinationales, ou pour le gouvernement.

> C’est difficile pour un agriculteur japonais de proposer, tester et développer quelque chose de différent; l’opinion des voisins est importante et on peut être rapidement exclu de la communauté. Les japonais, en partie du fait de la longue histoire du shintoïsme, ont un sentiment d’appartenance très fort à une origine familiale unique. Le peuple japonais est un peuple soudé et harmonieux mais avec en contrepartie une difficulté à s’ouvrir à l’originalité.

> Les Japonais respectent l’autorité, suivent les règles imposées par un supérieur, qu’il soit le chef d’entreprise ou l’enseignant et en général le sens de l’initiative est peu développé. « Nous ne sommes pas bons pour mener de bonnes réunions où l’échange des opinions est réel, conclut Ryoko Tsuboi, qui gère la revue d’une association d’agriculteurs bio. Et les fonctionnaires du Ministère de l’Agriculture sont très stricts et l’innovation pédagogique a peu de place ».

La solution réside en grande partie dans l’éducation, la création d’un terreau fertile dans lequel les jeunes peuvent découvrir à quel point la production alimentaire est à la base de tout. Dès lors, comment former des futurs agriculteurs qui produisent de manière agroécologique, en étant capable d’innover, de prendre des décisions de manière holistique, de s’impliquer dans la vie de leur communauté et dans les instances politiques?

 

Quand l’amour de l’agriculture passe avant la technique

Après 10 mois de voyage et 10 pays, je découvre pour la première fois un lycée agricole où les étudiants sont autosuffisants à 70%. « Le fondateur de l’école estimait que pour répondre aux enjeux alimentaires du Japon, la base était que tous les étudiants apprennent à aimer l’agriculture, explique Aki, qui gère l’internat de filles. Ils doivent développer leur capacité à aimer à travers l’action de produire la nourriture ». C’est cette idée qui a fait naître Ainou High School il y a 55 ans. En Japonais, « Ai » =  « aimer » et « nou » = « agriculture ».

Aujourd’hui 60 jeunes de 15 à 18 ans apprennent l’agriculture à Iga, village situé à 1h30 de Kyoto. « Le travail aux champs a une place importante dans l’emploi du temps des jeunes, parce qu’ils doivent se réaliser à travers l’agriculture et savoir ce que cela représente réellement » explique Michiyo Izumikawa, vice présidente de l’école et professeur de musique.

Photo 2: le nom du lycée « Ainou » veut dire « Aimer l’agriculture »

« Les profs doivent aimer l’agriculture pour pouvoir le diffuser aux étudiants. Il y a un but commun » ajoute Ryoko. Dans nos lycées agricoles français, l’équipe pédagogique n’est pas choisie, formée pour transmettre cette passion et conserver cette vision commune.

 

Les étudiants de 2ème année enseignent aux 1ère année

Ce sont les jeunes qui gèrent la ferme, encadrés par des enseignants ou des employés de la ferme., divisée en 6 sections: fruits, légumes, vaches laitières, cochons, poulets, céréales. Alors que nous participons à la plantation de riz, Tasho explique à ses camarades de 1ère année comment positionner les plants de riz dans le champ. « Cela me faisait bizarre d’expliquer à la place du prof, mais en fait expliquer me permet aussi de mieux mémoriser et perfectionner la technique ».

« Beaucoup de jeunes japonais sont isolés aujourd’hui, ils passent leur temps dans leur chambre et deviennent des adultes qui ne sont pas capables de communiquer avec les autres, explique Shimpei, agriculteur qui enseigne l’agriculture naturelle. Ici, tout le monde, étudiants, enseignants, vit ensemble; la connexion avec les autres et la nature est très forte »

 Shimpei est président d’Ainou Kai, l’association d’agriculteurs bio qui est à l’origine de la création du lycée du même nom. Dans la vidéo suivante, il explique que les étudiants doivent d’abord prendre conscience des connaissances qu’ils ont déjà avant d’aller plus loin. « Souvent ils ne réalisent pas qu’ils ont déjà des savoirs et qu’ils doivent les connecter avec ce dont on parle en classe. Ils doivent prendre du recul par rapport à ce qu’ils pensent et apprendre à critiquer leur pensée ». Shimpei enseigne l’agriculture naturelle quelques heures par semaine et accueille une quantité impressionnante de stagiaires chaque année sur sa ferme. Avec Mathilde Astier, qui m’a rejoint pendant la partie nippone de mon périple, nous avons pu y être volontaires pendant 5 jours.

 

 « Les agriculteurs japonais sont vieux et il faut que les jeunes prennent la relève c’est pourquoi Ainou est si importante car elle forme des agriculteurs passionnés prêts à prendre la relève » explique Yoku, enseignant, pendant la séance de plantation de riz.

Dans cette vidéo, 8 étudiants témoignent de leur intérêt pour l’agriculture et expliquent leurs projets, pour la plupart agricole, une fois qu’ils auront terminé leur formation. 

 « Je fais partie de la 11ème promo et à cette époque 80% des étudiants devenaient agriculteurs. C’est 50% aujourd’hui et toujours beaucoup plus que les lycées agricoles publics du japon, ou c’est plutôt 3% » rappelle Shimpei.

Ambiance internationale et vie en communauté à l’Asian Rural Institute

Trois jours à l’Institut Rural Asiatique (ARI) nous ont suffit pour comprendre en quoi ce centre de formations pour leaders ruraux en agriculture bio est vraiment original. Les étudiants âgés de 25 à 60 ans viennent de pays du Sud, avec en tête l’idée de se former pour mieux mener les projets liés à l’agriculture bio dans leur pays. S’imaginant une formation universitaire classique, certains sont choqués lorsqu’ils débarquent sur place et doivent travailler 3 heures par jour dans les champs pour produire la nourriture qu’ils mangeront pendant 1 an. « Learning by doing » est le crédo de Yukiko, qui explique la philosophie et la pratique de la pédagogie à l’ARI dans cette vidéo:

Découvrez un peu plus l’ambiance et la raison d’être de l’ARI à travers cette vidéo « échantillon » des participants et leurs projets et l’article de Mathilde Astier sur agrophlia.fr.
  

Formation agricole du dimanche pour adultes en reconversion

 60 étudiants âgés de 20 et 70 ans qui viennent apprendre les bases de l’agriculture le dimanche. Voilà le projet du « Small Farmers College » créé par Yoshitaka Iwasaki, ancien créateur de logiciels. « J’ai ressenti en moi, au bout d’un moment, que la vie virtuelle était fausse et qu’il fallait que je me reconnecte aux bases: l’agriculture, le sol, explique t’il tout en jetant à oeil à ses étudiants, en plein repiquage de tomates. J’ai démarré mon activité en tant que consultant agricole puis en créant le concept « My farm » pour valoriser les terrains agricoles non utilisés auprès de citadins qui souhaitent produire à petite échelle pendant leur temps libre ». Après quelques temps il réalise que, pour donner une envergure commerciale à leur production agricole et pour approfondir leurs connaissances, il faut passer à un niveau supérieur. C’est comme ça qu’est né le Small Farmer College.

Photo 3: Un dimanche sur la parcelle de pratique du Small Farmer College. Dans le fond, les étudiants suivent un cours sur les ravageurs de la tomate avant de repiquer leurs plants.

Le public de cette petite école agricole du dimanche se compose en grande partie de citadins qui conservent leur emploi et se forment aux bases de la production maraîchère pendant le week-end. Certains visent l’auto-suffisance, d’autres la commercialisation. Mais tous ont en commun ce ras-le-bol du style de vie citadin, ce désir de retour à la terre, et suivent leur formation avec dévouement. Lors de notre passage, nous avons clairement ressenti cette motivation, notamment à travers les questions des étudiants, nombreux à vouloir venir en France pour développer leurs connaissances agricoles…

 

 

Le réseau des Agron’Hommes prend une envergure internationale !

 Photo 4: l’équipe pédagogique et les étudiants d’Ainou découvrent le projet des Agron’Hommes (avril 2018).

 

Prenez part au projet Les Agron’Hommes pour que vos étudiants partagent l’agroécologie autour de projets pédagogiques innovants avec des agriculteurs du monde entier !