Résultat de la recherche avancée de témoignage

Co-construire « notre » dispositif de formation : Encourager les idées plastiques et des actions tissées !

EPLEFPA Amboise Chambray- LPA, Centre-Val de Loire

LPA de Chambray les Tours, 104, avenue de la république

 37170 Chambray les Tours

Tél : 0247280997
Site web : http://www.epl-amboisechambray.fr/
Responsable : Roseline LILIN-VACELET , roseline.lilin@educagri.fr
Rédacteur de la fiche : François Guerrier, Simon Delorme, Valérie Migne, Eliane Depalle, Chef de projet et accompagnateurs
, simon.delorme@educagri.fr

DESCRIPTION SYNTHETIQUE DE L’ACTION

Le LPA de Chambray-lès-Tours est un établissement situé en zone péri-urbaine. Il compte 166 élèves, répartis sur 3 formations (CAPa SAPVER, Bac Pro TCVA et SAPAT). Fort d’une grande diversité culturelle puisque l’on dénombre jusqu’à 15 nationalité différentes, dont des primo-arrivants, les différentes profils des élèves présentent une forte hétérogénéité sur les plans scolaires, sociaux, personnels et orientation professionnelle. Cette diversité est également une richesse du côté de l’équipe éducative et pédagogique qui compte des trajectoires et des profils variés.

Engagés dans l’action « initiative CAPa », l’équipe pédagogique propose un ensemble d’actions pour intéresser les élèves, les faire grandir et réussir. L’objectif premier de l’équipe est de faire en sorte de créer les conditions pour que les élèves se (re) construisent des repères et des bases solides pour pouvoir apprendre tout au long de la vie, et trouver au travers de leur formation des ressources pour se projeter et affirmer une idée d’orientation professionnelle.

Comme pour de nombreux établissements, le temps est une ressource rare pour chaque acteur, ce qui contraint les possibilités de travailler ensemble et de réaliser des économies d’apprentissage. Pour faciliter le travail en équipe, cette année le collectif a opté pour limiter le nombre d’intervenants, resserrer les axes de travail et faire en sorte de relier ensemble les différentes initiatives portées par chacun.

Cependant, pour permettre l’appropriation du dispositif par tous, il est nécessaire de prendre un temps de construction collective et de formaliser les intentions, actions et moyens mobilisés sur un seul document. Cette visibilité du dispositif pour tous, équipe éducative et apprenants est une idée qui a été reprise cette année sous la forme d’une frise réalisée lors d’un temps commun organisé par l’équipe de direction, l’occasion pour chacun de se positionner et de contribuer activement à l’élaboration du dispositif CAPa SAPVER de Chambray.

A l’origine de l’action :
Comme les élèves arrivent en CAPa avec peu de repères, une des intentions de l’équipe est de trouver des solutions pour les aider à se projeter dans leur formation sur les deux ans. Il s’agit notamment de les accompagner à :
– appréhender leur progression,
– situer leurs temps forts (examens, stages, …),
– visualiser les différentes actions et projets éducatifs et pédagogiques en relation avec les capacités à développer,
– fixer des points d’ancrages pour les cours, etc…,

L’une des idées proposées par la professeure principale a donc été de réaliser une frise chronologique sur le mur de la classe afin d’y apposer les différents temps forts proposés aux élèves. Au-delà de la visualisation du dispositif sur l’année, cela permet également de donner à voir « ce qui est fait pour les élèves ». Chacun peut y contribuer, apposer une photo, un commentaire…
La première année, cette frise a été amorcée, mais peu suivie d’effets. Les collègues ne prenant pas le temps de la renseigner, même si chacun louait l’initiative comme « une bonne idée ».
A la rentrée de la nouvelle promotion de CAPa, plusieurs principes sont affirmés pour faciliter le travail de l’équipe et celui des élèves :
– Réduire le nombre des intervenants (et donc leur volume horaire) pour :
o limiter les temps d’informations des uns et des autres,
o encourager l’engagement de chacun dans le dispositif en limitant les effets « d’intermittence »,
o mais aussi renforcer les relations et les repères auprès des jeunes (une meilleure connaissance pour une meilleure reconnaissance),

L’équipe d’intervenants est donc passée de 13 à 9 intervenants
– Réaffirmer les grands axes du dispositif pour les élèves :
o Se doter de capacités, ressources, méthodes, pour apprendre tout au long de la vie,
o Se construire comme citoyen,
o Construire son orientation professionnelle.
– Installer une « routine » dans l’organisation de la semaine :
o Un temps d’accueil et d’accompagnement le lundi matin et le vendredi,
o Un temps le mardi après-midi consacré aux projets pédagogiques et éducatifs,
o Des temps de pratiques professionnelles.
– Installer un pilotage de la rénovation du CAPa reposant sur :
o Le fait que le projet initiative CAPa concerne l’ensemble du dispositif CAPa (et non seulement les initiatives à l’intérieur de celui-ci),
o Un pilotage du projet réorganisé autour de Roseline Lilin-Vacelet –directrice de projet- Valérie Migne -coordinatrice du CAPa- et Simon Delorme -professeur principal des premières CAPa –forment un binôme de chefs de projet, et une animation du CAPa entre Valérie Migne, Simon Delorme et Catherine Chuteau – professeure principale des terminales CAPa-,
o S’appuyer sur une large majorité d’intervenants volontaires pour travailler avec le public de CAPa pour éviter que les élèves se trouvent « face à des enseignants moins motivés que nous » comme certains ont pu le rapporter.
– Faire vivre un ensemble de principes d’action pédagogiques interrogeant :
o La place de l’évaluation, en particulier des capacités,
o Les formes pédagogiques et la place des élèves (gestion de l’hétérogénéité, rapport au savoir, confiance et estime de soi, etc…),
o Privilégier la qualité et la mise en cohérence des actions à la multiplication d’initiatives souvent pertinentes mais qui apportent aussi parfois de la confusion dans l’esprit des adultes et des élèves.

L’appropriation du dispositif « en cours de construction »

Malgré une réunion pédagogique de fin d’année, les coopérations tardent à s’installer en dehors du « noyau dur » de pilotage. Pour permettre à l’équipe de s’approprier le nouveau dispositif, nous avons donc organisé un temps de travail d’une demi-journée pour construire « collectivement » le dispositif et la progression sur deux ans en s’appuyant sur le principe d’élaborer une frise temporelle.
Les intentions éducatives et ou pédagogiques poursuivies par l’équipe :
Les accompagnateurs du projet initiative CAPa ont rappelé les principaux enjeux de la réforme au plan national (raisons et évolutions institutionnelles), mais également au plan local (contexte et publics accueillis dans le LPA). Puis leur rôle a été de faire en sorte que l’ensemble des membres de la communauté éducative place sur la frise les différentes actions, projets, dispositifs, CCF (contrôles certificatifs de formation).
Le principe adopté est de faire en sorte que les personnes soient « acteurs » de la construction du dispositif, c’est-à-dire qu’elles participent intellectuellement et physiquement à l’action, qu’elles construisent leur cadre d’action dans un espace un peu différent des réunions de travail ordinaires… par ailleurs difficiles à organiser.

Le déroulement de l’action :

Un point important pour la réussite de l’action est que la matinée a été « banalisée ». Ainsi chaque enseignant est présent.
Les matériaux pédagogiques proposés sont : Une nappe en papier de 5m, des feutres, du ruban adhésif, des ficelles de différents diamètres, des post-it de couleurs différentes, une paire de ciseau….
La nappe est disposée sur des tables situées au milieu de la salle de façon à ce que chacun soit obligé de se déplacer physiquement… voire intellectuellement !
Les consignes sont relativement simples :
– Nous dessinons deux années et les trois axes de développement cités ci-dessus,

– Une action peut être symbolisée par une couleur de post-it, et nous la positionnons dans le temps et en fonction de son action au regard de chaque axe de développement. Nous y trouvons inscrits les objectifs et intentions, les modalités d’action, les capacités développées en lien direct avec le référentiel, mais également celles qui ne sont pas directement évaluées par le référentiel mais travaillées dans le cadre du projet éducatif de l’établissement (être capable de prendre soin de soi par exemple),

– Les actions peuvent suivre un fil directeur, symbolisé par une ficelle de couleur, certaines actions constituant également des points de repères forts (par exemple le soutien en Français Langues Etrangères).

Les principaux acteurs impliqués et leurs rôles :

L’ensemble de l’équipe intervenante pour le CAPa SPAVER (enseignants, vie scolaire, direction) est présente et associée au travail, ainsi que les accompagnateurs du projet initiative CAPa de l’établissement.
Les résultats observés :

En finalement assez peu de temps, les principaux projets pédagogiques formant la « colonne vertébrale » du dispositif CAPa ont pu être positionnés, explicités, et chacun a pu évoquer les raisons qui l’ont amené à placer telle action à telle période.
Dans la discussion, certains réajustements sont réalisés (les post-it permettant un déplacement simple), chacun évoque ce qu’il ou elle compte faire, avec qui, les coopérations déjà engagées, etc…

Au travers des discussions, certaines actions qui intéressent « tous les élèves du lycée » sont repositionnés dans le déroulement du CAPa. Par exemple, forum de l’emploi, concerne bien les élèves de CAPa, mais la relation n’était pas faite de façon évidente, car dans l’esprit c’est une action « pour le lycée », et non spécifique au CAPa. A la réflexion, celle-ci est réintégrée comme ayant bien sa place dans l’axe orientation professionnelle du CAPa.
Les personnes qui connaissent peu les actions de leurs collègues les questionnent, et les échanges se font naturellement, comme les « ponts » entre actions : « mais si on travaillait ensemble depuis la dépense des calories en sport, la connaissance du corps humain en biologie et l’alimentation en éducation sociale et familiale pour la préparation d’un repas équilibré ? ».

Ce qui nous a un peu surpris, c’est de voir à la fois que l’ensemble des acteurs était concerné, et que chacun a joué le jeu pour passer de «retrouver sa place », à se « trouver une place avec les autres ». Ainsi, quelques un semblaient un peu désorientés de ne pas se « retrouver » dans la frise, puis peu à peu, après des échanges, ils ont réussi à s’intégrer, et leurs collègues leur ont également « fait la place ».
Il nous a manqué un peu de temps pour finaliser le travail (nous avons consacré deux heures, idéalement 3 heures auraient été plus opportun), mais le résultat nous semble porteur :
– Le fait de « se positionner », de rédiger ensemble, de situer dans le temps, d’agir, de se déplacer autour de la frise… a produit un ensemble de discussions qui n’ont jamais dérivé du projet CAPa, ce qui n’est pas toujours le cas lors des réunions « ordinaires ».
– Tout le monde a joué le jeu. Peut-être que le fait que chacun soit debout et en action ne rend pas possible le fait de s’isoler sans se faire remarquer ? Or, en réunion, il est parfois possible de ne rien dire…et de ne pas se sentir engagé. Là, tout le monde a mis « la main à la frise » !
– La frise est maintenant à formaliser dans un format plus « solide ». Chaque action doit donner lieu à une fiche projet reprenant les connexions avec les autres actions, son positionnement dans les axes, ainsi que les capacités en jeu.
– Notons que l’une des options de l’équipe est de faire faire cet exercice de façon un peu simplifié avec les élèves afin qu’ils s’approprient également leur dispositif, le projeter dans leur classe, et qu’ils puissent intervenir dessus. Par exemple en affichant la photo de telle sortie à vocation professionnelle, des photos du forum de l’emploi, etc….

Une dynamique « ancrochante »

La mise à plat des actions, projets, mais également des étapes de progression pour le groupe et pour les personnes dans le groupe classe met en lumière les relations que les équipes ont souvent « en tête ». Autrement dit, les liens sont parfois fait par certains enseignants, mais pas partagés en équipe, ce qui limite le fait que les élèves parviennent au final à mettre en relations les différentes activités qui leur sont proposées. Par exemple, en quoi les actions de découverte des métiers sont en relation avec l’insertion professionnelles si les enseignants qui ont la charge de ces activités sont différents (aux yeux des élèves ils représentent des disciplines différentes !).

Quand on place un projet, une action, cela engage de fait une discussion avec ses collègues : Pourquoi tu vois cela à cette époque ? moi j’ai aussi prévu de traiter cela à tel moment…?  Oui mais pourquoi ? Oui mais comment ? Quelle valeur ajouté de le faire chacun de son côté ? Et si on le faisait ensemble, ça donne quoi ? Et dans ton CCF tu vas évaluer quoi et comment ? …

Bref, le travail de mise à plat, de penser l’articulation des actions, rend ainsi explicite aux yeux de l’équipe les relations entre les actions, permet de faire des choix plus facilement en fonction de la pertinence et de l’efficacité des actions, et offre la possibilité à chacun de situer ce qu’il fait en relation avec l’ensemble des activités réalisées parallèlement.

Par ailleurs, comme l’évoque l’un des enseignants, cela rend visible les moments où les élèves sont très sollicités, avec le risque qu’ils aient le sentiment de passer d’un projet à un autre. La cohérence d’ensemble est alors réinterrogée pour faciliter la construction de sens, et donc l’engagement des élèves au regard des objectifs visés.

Enfin, le fait même de poser les actions et les projets dans la frise  – avec la description rapide qu’en donne l’enseignant qui présente son action- montre la place qu’occupent ou non les élèves, et comment sont travaillées les processus d’apprentissage, socialisation et d’autonomisation en relation avec l’ensemble du dispositif de formation.

Si c’était à refaire :

Plusieurs points de vigilance sont à retenir :
– Le premier point est de se « donner du temps », ce qui signifie également d’accepter que les heures travaillées par les enseignants soient reconnues dans le travail effectif et n’amène pas un sur-travail. Cela évite en effet des crispations inutiles.

– Dans cet exercice, il nous semble important de se donner de la liberté dans la formulation des objectifs, des intentions, pour ne pas brider la créativité. La question ne doit pas être de « faire une frise conforme », mais de « construire ensemble » le déroulé de la formation sur deux ans en produisant collectivement du sens. Le principe doit être de libérer la créativité, et non de renseigner la frise de façon scolaire.
– Il est nécessaire de prévoir un temps suffisant pour permettre une bonne formalisation. 3H00 nous semble un minimum.

– Il convient enfin d’être vigilant et bienveillant à l’égard de celles et ceux qui ne perçoivent pas immédiatement leurs apports potentiels et les relations possibles à faire entre disciplines. Les promoteurs du projet doivent veiller à ce qu’il n’y ait pas de jugement, mais une attitude de recherche avec les personnes pour qu’elles puissent trouver une accroche de leur action au projet global et répondre à la question : « en quoi et comment ma discipline peut-elle contribuer au développement des élèves dans le cadre de ce dispositif » pour aboutir à trouver sa valeur ajoutée dans e dispositif au profit de la réussite des élèves. Ce qui joue de fait sur son engagement et son bien être au travail.

– Enfin, nous insistons sur le fait que, comme pour le rapport de stage des élèves, l’essentiel ne réside pas prioritairement dans la qualité du produit final, mais dans le processus de co-élaboration qui a conduit à le mener, et qui est donné à voir dans la frise. L’idée n’est pas d’arriver à faire « une belle frise », mais d’arriver à cheminer ensemble pour s’approprier le dispositif et apprendre ensemble « comment conduire notre dispositif ». La réalisation de ce travail est donc plus à considérer comme une trace du travail collectif réalisé, que comme « un travail à réaliser » !Autrement dit, la question est plus « comment amener les équipes à construire leur dispositif » que de faire ce travail à leur place.

Rédaction : François Guerrier (AGROCAMPUS-OUEST), avec la participation de Roseline Lilin, Simon Delorme, Valérie Migné (LPA de Chambray), Eliane Depalle (Eduter Agrosup Dijon)

Janvier 2017

VIDEOS

 
Date :8 juin 2017
Mots-clés : Conduite de projet, Décrochage Ancrochage, Evaluation, autoévaluation, Ingénierie de formation, Pilotage pédagogique

Voie de formation : Formation initiale
Niveau de formation : V (CAP)
Initiative du dispositif : Locale
Structure d’appui : Etablissement National d’Appui
Référent : Claire Coulanges ,claire.coulanges@educagri.fr

Etat de l’action : En cours
Nature de l’action : Innovation
Etablissement National d’Appui : Agrocampus Ouest
Action du Dispositif National d’Appui : Initiative CAPa

 

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