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Enseigner la stratégie en BTS ACSE au lycée de Nérac.
Lycée Agricole Armand Fallières, Nouvelle-Aquitaine
Route de Francescas
47600 Nérac
Tél : 0553974000
Site web : http://www.epl47.educagri.fr/lycee/nerac.html
Responsable : Philippe BELLET , philippe.bellet@educagri.fr
Rédacteur de la fiche : Nathalie Bletterie, SupAgro site de Florac
, nathalie.bletterie@supagro.fr
DESCRIPTION SYNTHETIQUE DE L’ACTION
Les étudiants BTS ACSE de 2ème année ont été mis par groupes de trois, autour de tables en îlots, et sont en train de fabriquer des cartes causales à partir du matériau recueilli sur une exploitation agricole. Ils sont très concentrés, discutent entre eux, arbitrent, remplissent des post-it avec de gros feutres, et font petit à petit tenir debout le discours d’un agriculteur dans un grand schéma heuristique sur une feuille de paperboard.
L’enseignant d’économie, Philippe Bellet, attend derrière son bureau, pour le moment inutile. Il arbore un grand sourire car c’est son indicateur de réussite de la séquence.Cette matinée banalisée autour des outils de la stratégie, qui se déroule à Nérac sous l’accompagnement de Nathalie Bletterie, de Montpellier SupAgro, il l’a préparée depuis longtemps. Elle est le résultat de toute une progression de ses étudiants de BTS ACSE depuis deux ans, dans le cadre du module M56 « stratégie de l’entreprise agricole ». Et la touche finale de leur préparation à l’épreuve de soutenance du dossier de stage (E7.1), qui aura lieu dans un mois .
Vous avez dit stratégie ?
Tout a commencé pour lui à la rentrée 2015/2016, quand on lui a confié l’enseignement du module M56 du diplôme du BTS ACSE, ce qui a déclenché chez lui une multitude de questions : comment enseigner la stratégie ? Avec quels outils ? Comment l’évaluer en CCF ? Quel réinvestissement possible en vue des épreuves terminales (E7.1 et E7.2) ?
Au cours d’une session de regroupement des enseignants d’économie à Paris suite au changement du référentiel du BTS ACSE, Philippe Jeanneaux de VetagroSup est intervenu à l’ENSFEA de Toulouse pour présenter la démarche stratégique. Philippe Bellet y a assisté, mais est revenu avec encore beaucoup de questions. Il a alors cherché une formation spécifique sur la stratégie, et a assisté à une première session de stage à Florac en février 2016, animée par Nathalie Bletterie et Loïc Braïda. Il y a découvert le changement de posture nécessaire pour s’immerger dans un telle démarche : remettre l’agriculteur au centre, sortir d’une posture d’expert et de conseilleur pour aller à sa rencontre et l’accompagner dans l’émergence et la réalisation de son projet.
Il a également commencé à assimiler quelques outils extraits de la démarche PerfEA, comme le schéma des frontières, permettant de faire parler l’agriculteur sur la gouvernance de son exploitation, et un blason permettant de l’interroger sur ses réussites et ses échecs, sur les missions de son exploitation, et sur ses valeurs, et de réfléchir sur la vision qu’il a de son exploitation dans 5 ans.
Tout ceci est complété par la roue de la performance globale, permettant d’interroger l’exploitant sur tout ce qui participe aux performances de son entreprise, et tout ce qui la dessert.
Pour appliquer ces outils qui permettent un dialogue constructif avec l’exploitant pas besoin d’une visite sur l’exploitation, ils peuvent en effet être appliqués n’importe où, ce qui permet d’inviter l’agriculteur à venir en classe et de sortir des cadres habituels.
Avec tout ce matériau une carte causale est élaborée par les étudiants. C’est en fait un grand schéma heuristique qui reprend les éléments du discours pour les mettre en lien de cause à effet les uns avec les autres, qui permet de faire réfléchir les apprenants, de leur faire acquérir une vision globale du fonctionnement de l’exploitation, et de dégager des cibles stratégiques à atteindre pour la réalisation du projet. On formule ensuite des axes stratégiques mêlant objectifs clairs et ces cibles à atteindre, pour communiquer clairement sur le projet de l’exploitant. Ces axes sont ensuite déclinés dans un tableau de bord stratégique, et associés à des indicateurs faciles à mesurer pour contrôler l’avancement du projet année après année.
La posture d’accompagnement peut être travaillée en amont au cours de séquences en pluridisciplinarité avec l’ESC. Il s’agit d’écoute active, de reformulation, de non-jugement et d’ouverture d’esprit, d’une volonté de sortir des modèles et de faire se questionner l’agriculteur plutôt que de lui apporter des réponses toutes faites : « difficile de ne pas se trahir par des mimiques explicites quand on n’est pas d’accord avec ce que dit l’agriculteur ! » avoue un des étudiants, qui découvre l’importance du langage non verbal dans la posture d’écoute.
Entre diagnostic global d’exploitation et stratégie, faut-il choisir ?
AGEA conformément aux critères d’évaluation de l’épreuve E7.1. Elle est importante, les étudiants vont pouvoir ensuite s’appuyer dessus en deuxième année notamment pour l’élaboration des différents diagnostics partiels mais aussi pour la mise en œuvre de la démarche stratégique. La visite ayant eu lieu sur l’exploitation en année de première, c’est au lycée, en classe de terminale, que l’exploitant est convié pour répondre aux questions des étudiants, sur la base des outils cités ci-dessus.
Pour cela les outils de la démarche stratégique ont été utilisés, ainsi que le wiki stratégie produit au cours d’un CASDAR, et le moodle de l’ENT (LEA) Nouvelle Aquitaine qui a permis de mettre les cours en ligne pour les étudiants (voir fichiers à télécharger ci-dessous).
D’ores et déjà, l’agriculteur participant a trouvé que c’était une bonne expérience gagnant-gagnant pour lui, et les résultats au CCF ont été bien meilleurs, avec des étudiants plus dynamiques, plus participatifs qui ont produit davantage d’éléments d’analyse et de hiérarchisation.
Des résultats encourageants
Une semaine combinée étudiants / exploitants / enseignants :
Les enseignants ont pris conscience du potentiel d’implication et d’expertise des élèves, ce qui a déclenché une volonté de travail en équipe, avec l’ambition d’arriver à banaliser une semaine sur la démarche stratégique dès la future promo. Pendant cette semaine plusieurs exploitants accueilleraient des groupes de quatre étudiants avec leurs enseignant-tuteur (binôme prof éco et prof technique) et ils pourraient être sollicités ensuite au téléphone autant que de besoin durant la semaine. Ce travail débouchera sur la production d’un dossier écrit, et une évaluation orale en présence des agriculteurs, et des enseignants d’agro/zoo/économie, pour le CCF E54-E64.
Un débat sur les concepts et les outils :
Il est intéressant pour l’étudiant de prolonger la démarche de l’AGEA sur une vision à 3-5 ans, et d’avoir à sa disposition des outils qui le permettent. Cependant, le fait de devoir recourir à la démarche de diagnostic global en vue de l’épreuve du dossier de stage (compte tenu des critères d’évaluation) rend difficile l’application de la démarche stratégique telle quelle, car il y a des confusions de vocabulaire entre les deux méthodes, qu’il va falloir lever, avec un gros travail de clarification entre les deux. Peut-être faudrait-il se résoudre à raisonner en points positifs et en points négatifs et faire le deuil des concepts d’atouts/points forts, contraintes/points faibles, propres à l’AGEA. Mais les enseignants sont-ils prêts à ce lâcher prise ?
Une vision heuristique spontanée :
Quant au passage par la carte causale, apparemment un gros frein pour les enseignants, elle n’en est pas un pour les étudiants comme cela vient d’être prouvé après ce test à Nérac : Pour Philippe Bellet, ce qui est important pour enseigner la démarche stratégique, c’est tout d’abord de travailler en équipe. Mais c’est aussi de travailler sur le lâcher prise, car l’expérience montre que toutes les choses se débloquent au moment où les étudiants vont passer à l’action, et en particulier quand ils vont travailler sur la carte causale qui met tout en cohérence. Et surtout, il ne faut pas s’interdire de sortir du cadre pour libérer des choses, et se permettre d’associer posture d’expert et posture d’accompagnant des étudiants pendant la démarche. « Nous devons faire confiance aux étudiants et ne pas les sous estimer ! »
Voir en téléchargement ci-dessous :
- La progression de Philippe Bellet
- Le sujet intégral du CCF 2017
FICHIERS A TELECHARGER
Descriptif : Extrait de la progression pédagogique
2.Extrait-progression-btsa-2016-2017.odt
Descriptif : Les contenus sur l’ENT LEA
1.Capture-écran-ENT-Léa-M56-BELLET-Ph-Nérac.odt
Descriptif : Le sujet intégral du CCF 2017
3.Sujet-E.5.4-E.6.4-Avril2017Nerac.pdf
VIDEOS
Date :21 août 2017
Mots-clés : Agroécologie, Exploitation agricole, halle, atelier, Pédagogie de groupe, de pairs, Pédagogie de projet
Voie de formation : Formation initiale
Niveau de formation : III (BTS)
Initiative du dispositif : Locale
Structure d’appui : Etablissement National d’Appui
Etat de l’action : Terminée
Nature de l’action : Innovation
Etablissement National d’Appui : MontpellierSup Agro
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