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Les barcamps du Lycée de la Peyrouse : partager nos initiatives pédagogiques

EPLEFPA du Périgord Lycée La Peyrouse, Nouvelle-Aquitaine

Avenue Churchill BP 22

24660 Coulounieix-Chamiers

Tél : 0553026200
Site web : https://www.perigord.educagri.fr
Responsable : Laurent Herbreteau , legta.perigueux@educagri.fr
Rédacteur de la fiche : Muriel Galmiche, Véronique Carbonnière, Cheffe-es de projet tiers temps et enseignantes de français et TIM
, muriel.galmiche@educagri.fr

DESCRIPTION SYNTHETIQUE DE L’ACTION

Au départ

L’idée des barcamps…

L’idée de proposer des temps de rencontre et d’exposition des pratiques pédagogiques entre collègues au Lycée de la Peyrouse vient de Muriel Galmiche (enseignante de français avec une mission de 1/3 temps projet pédagogique « lutte contre le décrochage scolaire »), et de Véronique Carbonnière (enseignante de TIM avec une mission de 1/3 temps animation autour des usages des outils numériques).

L’origine de ces deux actions se trouve d’une part dans la difficulté à enseigner dans la filière NJPF (qui a amené à conduire des actions pour « ancrocher les jeunes »), et d’autres part le développement des usages du numérique en pédagogie (ENT Léa et Pronote depuis 2013, vidéo projection dans 21 salles, différentes techniques et outils utilisés par les uns et les autres, etc…).

Vient aussi de constats…

  • Une curiosité individuelle sur les usages du numérique, mais pas de réelles demandes collectives, ce qui se traduisait par peu de candidats dans les formations internes, mais beaucoup de demandes individuelles.
  • De nombreuses initiatives et expérimentations très intéressantes et méconnues menées par des collègues, le plus souvent seul ou en binôme, avec à la fois :
    • une attente de reconnaissance,
    • des pratiques singulières au regard de la sensibilité de chacun,
    • des initiatives qui pouvaient apparaître aux yeux des acteurs comme  cloisonnées ou spécifiques à telle discipline, avec des conceptions éducatives parfois différentes, etc…
      alors que toutes concourent à la réussite des élèves.
  • La difficulté de faire se rencontrer les professionnels (enseignants, CPE, AE, …) pour débattre concrètement du travail dans un cadre adapté.

Suite notamment à la venue du DNA (Agrocampus-Ouest) pour valoriser les actions menées par le lycée de La Peyrouse et produire un témoignage dans pollen, il nous a semblé percevoir une volonté pour chacun de se voir mieux reconnu, mieux considéré dans sa pratique ordinaire pour mobiliser les élèves.

Quelques hypothèses

Et si, pour mieux travailler avec les élèves, nous trouvions des modalités de mieux travailler ensemble ? Et si, plutôt que de proposer des solutions et des idées à nos collègues, nous commencions par les écouter parler de ce qu’ils/elles font ? Pour réapprendre à s’écouter, à s’intéresser aux stratégies, idées, préoccupations des collègues ? Mieux connaître nos façons de faire pour se reconnaître comme engagés dans la lutte contre le décrochage et l’amélioration des pratiques pédagogiques.

Or, comme les temps de réunions institués ne permettent pas de valoriser et de reconnaître les pratiques des un-es et des autres, que les actions de formations collectives semblent perçues comme descendantes, peu axées sur les préoccupations individuelles et n’attirent donc pas les foules. Est-il imaginable de réunir les collègues pour parler de ce qu’ils pensent connaître le mieux et dont ils sont fiers, à savoir leurs pratiques ?

L’idée est d’exposer une pratique, une ressource, une préoccupation, sans obligation de  préparer, et les collègues viendraient écouter par curiosité, poser des questions, ce qui devrait alors entamer un processus de dialogue et d’échanges, tout en diffusant les initiatives de chacun-nes.

Quelques repères chronologiques concrets sur les années 2016-2017 !

Pour Muriel Galmiche  

  • Coopérations avec Montpellier Supagro Florac, formation DNA ancrochage et visite d’Agrocampus-Ouest au sujet de la démarche de l’équipe de la Peyrouse,
  • Réflexion avec un collègue d’Aménagements Paysagers Guillaume Lapeyre, pour créer un temps de réflexion pédagogique ressentie comme nécessaire pour « ancrocher » les élèves,
  • Mais, difficulté de trouver une formule qui ne donne pas l’impression de se placer en expert dans le cadre d’une première année de tiers-temps pédagogique posant le problème de la légitimité,
  • Participation en novembre 2017aux Deuxièmes Rencontres Nationales de l’Innovation Pédagogique (à AgroSup Dijon) et volonté d’en faire part aux collègues,
  • Contacts avec Sophie Robion pour mener une réflexion concernant les innovations pédagogiques au niveau régional en décembre 2017, qui amènent à essayer de mieux relier les personnes disposant de tiers-temps sur des sujets proches.

Pour Véronique Carbonnière

  • Peu de candidats pour les formations internes mais de nombreuses demandes individuelles ou ponctuelles,
  • Développement des usages et ressources numériques et cadre du numérique éducatif,
  • Techniques d’animation utilisées par des collègues d’autres lycées par barcamp ou café numérique.

Intentions et objectifs

  • Travailler le métier en général et non une thématique en particulier en imaginant que ce serait plus simple d’animer ce travail à deux, mais aussi de relier les thématiques numériques et décrochage pour intéresser un maximum de collègues,
  • Présenter et discuter de façon libre et ouverte à partir d’une pratique pour encourager le questionnement et l’échange, au sujet d’un questionnement ou d’une formation suivie à titre individuel (cartes mentales, jeu de rôles et tour de tables, outils numériques (pad, plickers…), recherches en pédagogie, projet pédagogique de coopération internationale, gestion des conflits… ),
  • Essaimer les pratiques et formations suivies par chacun, avec l’idée de permettre à chacun de valoriser ce qu’il a pu recueillir et faire le lien entre une formation et les applications que l’on peut construire ensemble. C’est aussi une façon de voir si le fait de tester des idées peuvent intéresser d’autres collègues pour sortir du syndrome « la formation était chouette. Mais, qu’est-ce que je peux faire tout-e seul-e ? »,
  • Rapprocher les centres constitutifs en conviant tous les personnels (CFA CFPPA, Lycée), en partant de pratiques professionnelles sans en faire un exemple à suivre a priori
  • Prendre du plaisir à parler de nos activités et du métier, c’est l’important du cadre convivial car en général nous avons tous du plaisir à présenter son travail, et il y a toujours un accueillant positif et chaleureux ; ce qui renforce les liens entre collègues.

Modalités des barcamps et rôles des organisatrices :

Dans le cadre de leur fonction d’animation de tiers-temps, Muriel et Véronique ont décidé d’organiser des barcamps depuis les vacances de Pâques 2018, et de poursuivre en  septembre 2018.

Les modalités pratiques :

  • Une fois par semaine sur une durée courte (le jeudi de 12h50 à 13h15),
  • Un cadre convivial (une grande salle, pas une salle informatique mais une salle équipée d’un PC et TBI)  avec café, thé et gourmandises),
  • C’est un échange autour de l’intérêt, des limites de ses initiatives. Il ne s’agit pas que d’un cours « technique » !

Le rôle des organisatrices :

  • Réfléchir aux thèmes possibles en commençant par ceux vus à Dijon lors des rencontres de l’innovation, en élargissant à partir des pratiques des collègues, des stages et formations suivis par chacun, des outils numériques à disposition,
  • Nécessité de varier les sujets et de solliciter des personnes différentes pour faire connaître les barcamps de tous et les talents de tous !
  • Solliciter les collègues pour qu’ils partagent leurs pratiques et expériences,
  • Communiquer (affiches, agenda hebdomadaire et réseau) sur les différents centres lycée-CFA-CFPPA,
  • Préparer la salle pour un accueil convivial,
  • Récupérer les sources utilisées par les collègues ayant animé le barcamp,
  • Diffuser sur Acoustice (wiki du barcamp la Peyrouse),
  • Encourager les collègues à ajouter des commentaires et utiliser les fichiers, tutos,
  • Demander des conseils et diffuser l’initiative à François Guerrier (Agrocampus-Ouest) et à Sophie Robion (Chargée Innovation pédagogique Nouvelle Aquitaine).

Notice explicative du barcamp (diffusée sur conférences internes, sur acoustice et affichage)

  • C’est quoi un « barcamp » ?
    • Il s’agit d’ateliers participatifs courts, permettant d’échanger, dans un cadre convivial, sur vos expériences pédagogiques en partageant des méthodes, des idées, des questionnements, des outils numériques ou autres en lien avec notre métier et toutes ses activités. Ils sont OUVERTS à TOUTES et TOUS : CFA, CFPPA, LYCEE
  • Comment participer ?
    • Pour participer à un barcamp dont le thème est défini, venez librement, il n’y a pas d’inscription, la seule condition : juste être curieux et intéressé pour partager et découvrir une pratique, un témoignage ou un questionnement
  • Qui décide des thèmes ?
    • Vous pouvez proposer un thème pour un futur barcamp que les organisatrices mettront en place. Il n’est pas nécessaire d’être expert – témoigner dans un barcamp ne nécessite aucune préparation, ce n’est pas un cours.
  • Le prochain Barcamp : C’est où ? C’est quand ? Ça parle de quoi ?
    • Les jeudis de 12h50  à 13h15,  salle 126  NPP,  1er étage du Lycée, en face de la salle informatique Hautefort.

Les conditions de réussite selon nous :

  • Personne ne se pose en donneur de leçon, et surtout pas les promoteurs animateurs. Personne n’est là pour dire ce qu’il faut fa ire, mais l’animateur dit ce qui se fait, et les participants ont le loisir de questionner le comment, le pourquoi, les effets, mais aussi d’apporter des suggestions,
  • Chacun devient tour à tour l’animateur, il n’y a pas de « spécialiste identifié » ; ce qui pourrait agacer. Il est important de maintenir cette variété d’animateurs aussi pour faire connaître le dispositif par tous,
  • L’ambiance est fraternelle. Les collègues qui animent peuvent être stressés mais, après le barcamp, les autres les remercient et chacun repart satisfait. Dans ce métier individuel et dans cette équipe qui se connaît bien ou croit bien se connaître, il semble que cela permet d’oser affronter le regard des autres en partageant. Cela insuffle une dynamique sympathique,
  • la durée du barcamp est courte, cela passe très vite et laisse du temps sur la pause de midi,
  • Par contre, on repart souvent frustré de devoir stopper le barcamp, mais le but recherché est de faire naître une envie, le prolongement se trouve sur Acoustice et dans les discussions à venir.

Le bilan

Les points à relever :

  • Une ambiance sympathique de partage sans jugement et avec une liberté de parole et d’intervention des uns et des autres.
  • Des participants force de proposition :
    • Une intervention a été suggérée par une enseignante qui l’a menée par la suite (Anita Peton qui fait réaliser des conférences aux term STAV  et des tables rondes télévisées avec des 2nde Agri),
    • Une enseignante nous a sollicitées pour aborder des thèmes qui la préoccupaient :
      • gestion des classes difficiles : diagnostic, ce qu’il faut faire, ce qu’il faut éviter…
      • la graduation des sanctions pour les enseignants,
      • l’accueil des nouveaux enseignants,
    • Une situation-problème proposée par un PP sur l’heure de vie de classe : Comment initier et mettre en oeuvre un projet collectif en vie de classe ? Objectif : travailler sur le vivre ensemble –
      Contrainte : 30 minutes de vie de classe sur la pause déjeuner,
    • Des demandes émanant des autres centres pour bénéficier des barcamps ayant eu lieu (cartes mentales et Plickers).
  • Un essaimage réussi, dynamique (les collègues ont tout de suite eu envie d’essayer plickers, les cartes mentales…),
  • Des échanges et rencontres entre enseignants et formateurs de centres différents, même si le fait de l’organiser au lycée est un frein évident pour intéresser les collègues des autres centres en dépit de la communication (affichages dans chaque centre),
  • Une nécessaire réactivité en cas de changement ou désistement (3 collègues ont reporté au dernier moment le barcamp alors que la communication était déjà lancée),
  • Des discussions issues des barcamps suivies d’engagements par la direction (ex matériels et logiciels pour les dys et peut-être plateforme pour Mahara dans le M11),
  • Un taux de présence encourageant : présence pour l’instant de 7 à 20 personnes à chaque barcamp (un « noyau dur » de quelques enseignants du lycée mais aussi une formatrice CFA, l’AVS, l’infirmière, le CPE, le personnel administratif, la direction et des enseignants venant en fonction du sujet).

Néanmoins :

  • Depuis la rentrée de septembre, le nombre de participants stagne entre 5 et 8 participants en plus des organisatrices et des animateurs du barcamp,
  • Par contre, on note une ouverture aux autres centres avec une présence régulière du personnel du CFA. Ainsi, cela a permis de mener une réflexion plus globale au sujet de la prise en charge des dys dans les centres,
  • Après les vacances de Toussaint, on constate une forte baisse de participants (0 à 3 en plus des animateurs et organisatrices). Causes envisagées:
    • Lassitude ? fréquence trop rapprochée (toutes les semaines) ?
    • surcharge de travail en période de conseils de classes ?
    • thèmes moins attractifs ?
    • difficultés pour les participants à utiliser facilement les outils ?
    • frustration face au travail à fournir pour se documenter et s’approprier ces connaissances ?
    • frustration de ne pas aller « assez loin » dans la discussion pendant le barcamp ?

Les solutions envisagées :

Du 6 au 9 nov 2018 : Muriel Galmiche et Véronique Carbonnière ont participé au stage : Insuffler une dynamique sur le numérique éducatif au sein de l’établissement grâce aux méthodes collaboratives, à Florac, les échanges avec des collègues ayant des projets similaires ont permis d’enrichir le projet et d’expérimenter les solutions suivantes :

  • Sondage : 6 courtes questions pour questionner les modalités d’organisation (choix du jour, horaire, durée) par l’ensemble du personnel

Les résultats du sondage (cf Acoustice) confirment que l’existant convient à chacun des sondés (jour, heure, durée), seule la périodicité est jugée trop soutenue.

  • Boîte à idées dans chaque centre (pour un recueil d’idées et support de communication)

La boîte à idées a permis de recenser de nouvelles demandes, y compris du CFA.

  • Information des personnels sur leurs boîtes first-class pour rappeler les modalités du barcamp,
  • Programmation en amont pour favoriser l’organisation de chacun.

L’objectif est de transmettre, avant chaque retour de congés, la liste des 4 ou 5 barcamps à venir. Cette programmation apparaît sur les affiches des barcamps.

  • Organisation d’un barcamp original spécial Noël pour changer de l’ordinaire avec surprises (thème, lieu) et système de parrainage (chaque personne ayant participé au moins une fois à un barcamp a été invité à venir avec un filleul n’ayant jamais participé et le parrain a reçu un cadeau (outil pédagogique hautement numérique : un crayon de papier !),

Ce barcamp a eu un réel succès avec la présence d’une trentaine de personnes.

Le changement de lieu (au gymnase), le thème (utilisation de la vidéo) et le contexte festif de fin d’année ont certainement contribué à ce regain de participation.

  • Animer un barcamp dans un autre centre (cfa ou cfppa) pour mieux intégrer les collègues et permettre de reprendre des sujets vus antérieurement lors d’un barcamp au lycée,

Les solutions restant à réaliser :

  • Nécessité de revenir sur certains sujets, d’accompagner la mise en application, de proposer une nouvelle session pour les absents déçus de n’avoir pu participer à un barcamp.
  • Interviews filmés, témoignages des participants (votre avis sur les barcamps :  Qu’est- ce qui vous plaît ? Avez-vous réexploité ?…),

Le 07 déc 2018 : Suite à la réunion téléphonique avec François Guerrier (Agrocampus-Ouest), quelques pistes :

    • Laisser des ressources aussi sur supports papier (type classeur barcamps), car  la recherche sur Acoustice peut être un frein pour certains.
    • Initier la fabrique de ressources communes pour capitaliser et mettre en avant les pratiques des uns et des autres avec une « grille commune » d’analyse de l’activité présentée. Le DNA peut aider à cette construction à partir des questionnements menés dans la dynamique de l’ancrochage. On pourrait alors imaginer une fiche concept qui serait produite en partie par la réflexion du groupe avec par exemple :
      • Des éléments descriptifs de la situation problème exposée par l’enseignant ou les formateurs, les principes d’actions, les ressources mobilisées, les avantages et limites des solutions proposées,…
      • Mais aussi par exemple une évaluation sur les effets en matière de socialisation, autonomisation, apprentissages sur les 4 dimensions travaillées pour l’ancrochage (pédagogique, éducative, professionnelle, territoriale), afin de situer cette pratique dans la volonté de faire réussir les élèves,
    • Puis distribuer ces ressources à celles et ceux qui le souhaitent en début du barcamp suivant et à ceux ayant assisté au barcamp concerné, ce qui permet de fixer les échanges.
    • Redéfinir le cadre du barcamp et notre rôle durant le déroulement de ce dernier (choix des personnes pouvant apporter un témoignage par rapport à la situation-problème, mieux séquencer les 25 mn avec le temps de présentation du problème, ce qui est mis en œuvre, comment et avec quels principes d’actions, l’activité de l’enseignant et l’activité des apprenants, et quels effets cela produit (limites/avantages, attendus ou inattendus).

Regard d’accompagnateur par François Guerrier (AGROCAMPUS-OUEST, Mission d’appui pédagogique à l’enseignement agricole – DNA)

A l’origine, aux origines…

A la suite d’une formation consacrée à l’ancrochage scolaire proposée en partenariat par Agrocampus-Ouest, Montpellier Supagro et Agrosup Dijon Eduter à laquelle Muriel a participé, nous avons poursuivi l’action pour valoriser le travail remarquable conduit par l’équipe de La Peyrouse pour faire réussir les élèves de la filière NJPF (semaine itinérante avec l’équipe de Montpellier SupAgro Florac, semaine de l’arbre, soutien et accompagnement individualisés, co-interventions, coordination de l’action,…).

Lors de ce temps d’échanges (incluant les élèves et les membres de la communauté éducative), tout le monde a pu constater la richesse des initiatives prises par chacun, parfois en petits collectifs. Les acteurs ont pu réaliser que les collègues ne connaissaient pas vraiment en détail ce qui se jouait derrière « ces » initiatives. Cette mise en lumière a, selon moi, fait émerger une envie, un intérêt pour échanger et donner à voir ces idées et ces démarches sans esprit compétitif, pour recueillir des idées, des commentaires sur sa pratique et améliorer ses actions, mais aussi pour être reconnu à sa place, contributeur pour la réussite des élèves, et le cas échéant apporter ses suggestions aux collègues. Mais, j’avais perçu que chacun avait sans doute envie de s’exprimer sur « sa » pratique, avant d’écouter les autres.

Autrement dit, il m’apparaissait qu’un espace d’échange pour aider à la diffusion des pratiques en interne permettrait sans doute de faciliter le travail collectif en évitant le cloisonnement entre différentes pratiques. Pour le dire autrement, j’avais le sentiment -malgré un projet très cohérent-, de pratiques très intéressantes mais juxtaposées, côte à côte, plus qu’articulées entre elles. Mais faut-il encore trouver « une bonne formule » !

Un besoin de coopération pour construire des solidarités entre adultes au service de la réussite des jeunes

C’est le climat en classe de NJPF qui a été « déclencheur » pour mettre en place des actions de lutte contre le décrochage. Comme souvent dans les établissements, la coopération, l’écoute, l’entraide, sont souhaitées par « l’équipe NJPF », pour permettre les nombreuses régulations nécessaires et tenir la cohérence du dispositif pédagogique. Or, le temps et l’espace pour répondre aux besoins évoqués ci-dessus n’est pas si facile que cela à organiser.

Prendre sa part individuellement et surtout collectivement

Pour ne plus avoir à « subir » des promotions particulièrement difficiles, à la Peyrouse, la réflexion s’est portée sur l’idée de se dire : « que peut-on changer de nos pratiques pour ne plus en arriver là ». Ce point de vue n’est, pour moi, pas neutre du tout car il ne fait plus porter de responsabilité unique sur les apprenants et/ou leur milieu d’origine pour expliquer leurs échecs. L’équipe s’est rapidement intéressée à ce (voire celles et ceux !) sur quoi elle avait prise pour transformer ce qui de toute évidence provoquait du décrochage, de la violence, une dégradation du climat de travail. Autrement dit, il s’agit de questionner les façons de faire et donc ses façons de concevoir la formation professionnelle pour de jeunes adultes (ou adultes encore adolescents).

Est-ce encore un paradoxe de dire que dans un établissement de formation, le temps disponible/possible est rare pour travailler ces sujets complexes entre professionnel-les et travailler à une culture « d’organisation apprenante » ? C’est pourtant une des clés pour faire réussir les élèves comme le souligne le directeur du Centre de Ressources Interdisciplinaires (CRI) François Taddei (http://webtv.ac-versailles.fr/spip.php?article1292), quand il insiste sur l’importance du développement professionnel continue des équipes éducatives.

Construire du « en commun » pour coopérer & coopérer pour construire notre bien commun

Au travers de l’initiative des Barcamps, je pense que l’équipe de La Peyrouse construit du « en commun » en organisant un espace de co-développement professionnel qui en plus d’apporter des connaissances, du savoir, apporte une reconnaissance des pratiques pédagogiques et des efforts que chacun fait à son niveau. Et, comme pour faire évoluer le travail il faut le dire, le montrer, oser en parler, avec ses réussites, ses doutes, ses limites, l’espace des barcamps autorise dans un cadre convivial, neutre qui n’est pas décidé, ni piloté par la direction, à expliciter ses façons de faire, puis peu à peu ayant été écouté, exposer ses doutes ou ses préoccupations quand sur un sujet l’on ne sait pas ou plus faire.

D’autant que, et c’est un autre point très intéressant de ce travail. A minimum, on connaît le travail de ses collègues, au plus on peut les aider, et, en retour, ils nous aident, le « nous » étant ici le collectif.

Les relations entre adultes ne peuvent que s’améliorer, et cela agit nécessairement sur l’ambiance et les attitudes des élèves.

Simple et efficace

Au delà de l’idée des barcamps de La Peyrouse, je trouve que c’est surtout la façon de faire de l’équipe pour les faire vivre qui est porteur de développement professionnel et d’intérêts. C’est le climat de coopération qui a été installé de façon astucieuse, comme un espace-temps avec :

  • une animation (prise en charge de la logistique qui nuirait à l’envie de partager. La communication, la préparation de la salle, le travail invisible mais nécessaire)
  • des règles simples (appropriables), cohérentes avec les principes éducatifs auxquels tient l’équipe (ouverture, non jugement, compréhension, coopération, aspects concrets …),
  • une place accordée à chacun (enseignants, formateurs, CPE, AE, infirmière, AVS, personnel administratif, personnel de l’exploitation, sauf des cuisines compte tenu de l’horaire), qui peut contribuer de par sa participation et ses questions, mais aussi en apportant des questions, une pratique, etc…,
  • il y a une production visible et des traces (notamment sur Acoustice), un bénéfice immédiat puisque chacun repart avec de nouvelles idées et des pistes de coopération, mais également de la reconnaissance, un espace d’expression et de discussion sans enjeux immédiats,
  • enfin, c’est une formule souple et non injonctive, avec un niveau d’exigence qui ne porte que sur l’objet des barcamps (travailler le métier en général, présenter et discuter de façon libre et ouverte à partir d’une pratique pour encourager le questionnement et l’échange, essaimer les pratiques et formations suivies par chacun, rapprocher les centres constitutifs, prendre du plaisir à parler de nos activités et du métier).

Essai de conclusion, et si…

Et si les élèves organisaient eux aussi des Barcamps ? Pour le territoire, avec des professionnels de leur domaine ? Et si c’était une modalité pédagogique, une pratique peyrousienne pour analyser des situations-problèmes ensemble ? S’entraîner à questionner le travail pour apprendre.

  • disposer d’un espace pour exprimer ses connaissances pour en retour écouter celles, nouvelles, que l’on me propose
  • avoir une place, être reconnu dans ce que je tente de faire de façon sans doute encore imparfaite, mais en construction
  • être valorisé par ce que j’apporte au collectif 
  • vivre un moment d’apprentissage collectif dans lequel je prends du plaisir, de par la convivialité, le cadre et les règles qui garantissent la sécurité de chacun à s’exprimer librement
  • connaître une variété dans les animations, dans les rôles
  • s’imposer une rigueur et des routines.

 Et si les principes pour s’écouter, échanger avec d’autres, accepter les points se ressemblaient entre adultes et jeunes ?

Finalement, dans leur envie d’apprendre ensemble, jeunes et adultes sont-ils si différents ?

Rédacteur :

François Guerrier – Agrocampus-Ouest 
à partir d’échanges avec Muriel Galmiche et Véronique Carbonnière

 EPLEFPA Périgord-Legta La Peyrouse

FICHIERS A TELECHARGER

Descriptif : liste des barcamps de septembre à décembre 2018
Les-Barcamps-de-septembre-à-Décembre-2018.pdf

VIDEOS

Mots-clés : Analyse de pratiques pédagogiques, Autoformation, Conduite de projet, Décrochage Ancrochage, Evaluation, autoévaluation, Motivation, engagement, Numérique éducatif, Professionnalisation, dynamique d’équipe

Voie de formation : Voies mixtes
Niveau de formation : Tous
Initiative du dispositif : Locale
Structure d’appui : Etablissement National d’Appui

Action du Dispositif National d’appui : Ancrochage

Référent : Sophie Robion ,sophie.robion@agriculture.gouv.fr

Etat de l’action : En cours
Nature de l’action : Innovation

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