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Enseigner la gestion écologique des espaces ou comment apprendre à travailler autrement

Lycée professionnel agricole de Saint Aubin « la lande de la rencontre », Bretagne

La lande de la rencontre
BP 12

35140 Saint Aubin du Cormier

Tél : 0299451445
Site web : http://www.st-aubin.educagri.fr/
Responsable : François Chauvel , lpa.st-aubin@educagri.fr
Rédacteur de la fiche : Christophe Tribot, Enseignant
, christophe.tribot@educagri.fr

DESCRIPTION SYNTHETIQUE DE L’ACTION

Soucieuse d’expérimenter de nouvelles pratiques pédagogiques pour enseigner à produire autrement, l’équipe du lycée agricole de Saint Aubin du Cormier s’est lancée dans le projet PEPIETA ( Pédagogie en Equipe Pluridisciplinaire Innover Enseigner la Transition Agro-écologique). Son but est de sensibiliser nos futurs paysagistes à la diversité des pratiques entre conventionnelles et celles intégrant des principes de l’agro-écologie. L’idée est simple: aider les élèves à construire des repères ou plus exactement leurs propres repères afin qu’ils soient en mesure de connaître, situer et comparer des pratiques paysagères ou des pratiques de paysagistes. Il s’agit de rendre l’élève acteur et plus autonome dans son raisonnement et sa conduite. De plus, ce projet est l’occasion de faire évoluer les mentalités et de sensibiliser davantage encore les jeunes apprenants aux concepts de l’agro-écologie. Bref, il s’agit de sortir du schéma conventionnel pour aller vers la conservation de la biodiversité.

GENÈSE ET RÉFLEXION: D’écojardin à la classe de CAP.

Au départ de notre réflexion, nous voulions engager notre établissement et ses différents espaces dans une démarche globale de gestion écologique à travers le label écojardin. Cette labellisation serait alors le point de départ, le support de notre pédagogie. En effet, cette certification s’appuie sur des grilles d’analyses strictes incluant des indicateurs qualitatifs et quantitatifs qui permettraient aux élèves de respecter et de comprendre la gestion écologique de leur espace environnant. Cependant face à la complexité et la richesse de ces grilles, il nous a semblé très difficile de mettre en œuvre ce projet avec des apprenants de seconde.

Par conséquent, nous avons abandonné cette idée de labellisation afin de nous concentrer sur un projet plus simple à mettre en œuvre et sur des grilles moins complexes.

En équipe choix a été fait de centrer ce projet et de le mettre en œuvre avec une classe de CAP JP ( Jardin Paysager) première année, nouvelle classe et nouvelle formation dans notre établissement.

En effet, ce nouveau diplôme, dans son référentiel et notamment dans la large place accordée aux enseignements pluridisciplinaires offre une plage de liberté importante pour notre projet. De plus, il devrait permettre aux élèves de mieux s’intégrer.

Il s’agit pour nos apprenants, à partir d’une grille critériée, d’aborder la notion de gestion différenciée, soit une gestion des espaces verts ( parcs, jardins, talus…) plus proche de la nature et plus respectueuse de l’environnement et donc de justifier face à un espace donné le type de gestion utilisé en fonction de son utilisation et ou de sa fréquentation. Donc, à partir de critères simples, par exemple la présence ou non d’adventices sur le sol, la présence ou non de massifs entretenus…les élèves déterminent le degré d’entretien d’un espace. Trois choix sont possibles :

  1. Soigné ou entretenu.
  2. Fiti nou Fiti soit rustique.
  3. Naturel ou sauvage.

Cette grille de lecture d’un espace doit permettre également de réaliser des fiches d’informations ( voir ci-dessous) destinées au public de notre établissement ( apprenants, personnels…) qui seront disposées sur des panneaux en bois face à l’espace étudié. Ces fiches, panneaux sont réalisés en classe par les élèves CAP JP lors des séances d’ enseignements pluridisciplinaires ou lors des séances de MIP ( Module d’intégration professionnelle) ou alors en cours de français ou encore d’éducation socioculturelle. En effet, c’est une activité pluridisciplinaire. Les enseignants des matières concernées utilisent ce projet comme support de cours.

PLACE DES ENSEIGNANTS ET DES MATIÈRES GÉNÉRALES.

Une des clés du projet tient dans l’implication de différentes matières afin de dynamiser nos apprentissages. Évidemment nous devons respecter nos référentiels et insérer ce travail dans des objectifs affichés.

Par exemple, pour le français ( module MG3 et surtout MG2), ce projet s’inscrit dans les objectifs :

Module MG2 :

  • Objectif 1 : s’exprimer à travers des réalisations personnelles
  • Objectif :1.2.1 développer une opinion, une argumentation.

Ou encore

Module MG3 :

  • Objectif 1 : adapter son langage et son comportement aux situations de communication.
  • Objectif 1.3 : produire des messages , à l’écrit et à l’oral.

En effet, une fois l’espace étudié et son type de gestion, les élèves doivent justifier de leur choix et s’exprimer et par écrit et par oral sur ce choix. Ainsi, ils s’expriment et doivent développer leur opinion et argumenter en utilisant des arguments précis. Pourquoi cet espace est entretenu ? Pourquoi celui-ci est naturel ou Fiti nou Fiti ? (Ce terme est un terme africain choisi par un des élèves du groupe et validé par la classe qui signifie rustique).

Une autre façon pour les apprenants de s’approprier davantage encore ce projet.

DIFFICULTÉS ET CONDITIONS DE REUSSITE.

Afin de réaliser au mieux ce projet, nous avons surmonté quelques difficultés. Tout d’abord, il était clair de s’entendre sur les termes utilisés comme celui « d’agro-écologie » ou encore de « transition agroécologique ». Autre défi, celui de faire coexister matières techniques et enseignements généraux sans mettre en valeur plus une discipline qu’une autre car l’important est de se centrer sur le projet et non sur la discipline. C’est la discipline qui s’invite dans le projet. Cela suppose donc une relecture approfondie des référentiels et une adaptation de nos séances. Car la question initiale était souvent : «  dans quelle partie de mon référentiel vais-je pouvoir inscrire ce projet ? », «  quelle est la contribution de l’enseignement de français, de biologie ? »…Bref, nous devons travailler en pluridisciplinarité. Le plus difficile pour nous était de décloisonner nos disciplines et d’apprendre à les associer, donc de travailler plutôt en interdisciplinarité en gardant les spécificités, les méthodes de chacune. Nous apportons notre savoir et nos méthodes au service d’un projet commun. La contribution de chaque discipline est une condition indispensable à la réussite et au bon déroulement du projet. Nous avons donc appris à utiliser les pratiques et spécificités de chacune des matières afin d’atteindre notre objectif. Et comme dans notre projet l’enjeu n’est pas uniquement scolaire mais répond aussi à une logique s’inscrivant dans une démarche de développement durable, nous pouvons parler de transdisciplinarité.

Il faut également cibler nos objectifs avec précision pour éviter de rendre trop complexe le projet au risque de nous perdre et de perdre les élèves. Ainsi une première grille d’analyse a été revue et corrigée. Trop complexe, trop exigeante en terme de prérequis, celle ci au final ne comporte que quelques éléments d’analyse et facilite sa mise en œuvre. D’ailleurs, la mise en pratique avec les élèves confirme ce fait.

APPORTS.

 

Ce travail a permis aussi à des élèves de CAP de valoriser leur place dans l’établissement et de communiquer autour de la gestion différenciée des espaces verts du lycée. Ils ont notamment échangé avec des apprentis en BTS GPN ( Gestion et protection de la nature) en leur présentant le travail et en leur demandant conseils et avis dans la réalisation des panneaux et dans le choix des sites.

Bien sûr, pour mener à bien et jusqu’à son terme un tel projet, il est nécessaire de favoriser le travail en interdisciplinarité et de bien s’entendre en équipe, donc cela repose aussi sur une affinité entre enseignants et sur des envies communes de faire autre et différemment au service d’une classe. Au final, nous y trouvons tous notre compte et avons appris à faire à plusieurs ce qu’il nous était impossible de faire seul et de faire front face aux difficultés rencontrées. Et enfin, ce travail est d’autant plus favorable à la cohérence pédagogique et la pédagogie différenciée qu’il met les élèves en activité et acteurs de leur savoir.

Enfin, le travail interdisciplinaire, aussi riche et fructueux soit-il, n’en demeure pas moins contraignant car exigeant en terme de temps, d’écoute et de communication. A cet égard et pour faciliter notre travail, nous avons mis en place une réunion mensuelle pour définir et suivre nos objectifs et les travaux de chacun. Mais pour améliorer encore notre service auprès des élèves, il faudrait que ce temps de préparation et de concertation soit pris en compte dans nos plannings.

Christophe Tribot, Samuel Pesseau, Elisabeth Bruel et Dominique Latorre

LPA de Saint Aubin du Cormier, octobre 2017

VIDEOS

Mots-clés : Agroécologie

Voie de formation : Formation initiale
Niveau de formation : V (CAP)
Initiative du dispositif : Locale
Structure d’appui : Etablissement National d’Appui
Etablissement National d’Appui : Agrocampus Ouest
Action du Dispositif National d’appui : PEPIETA

Référent : Christine Diméglio ,christine.dimeglio@agriculture.gouv.fr

Etat de l’action : En cours
Nature de l’action : Innovation

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