Les apports de la didactique professionnelle à la formation professionnelle par Patrick Mayen

La 5e vidéo de la série « Des repères pour enseigner autrement » explore le champs de la didactique professionnelle et son apport à la formation professionnelle. Patrick Mayen, professeur émérite en Sciences de l’éducation et de la formation, y expose ici un de ses fondements : il peut y avoir un développement humain par la formation au travail à partir des situations de travail.

Résumé de la vidéo

Face aux évolutions importantes du travail et de la formation professionnelle, parfois déstabilisateurs pour les acteurs, P. Mayen nous donne des repères quant à l’analyse et l’usage des situations de travail pour construire des situations et des parcours de formation, en pensant leurs potentiels d’apprentissage.

Questionnant le dogme de l’approche par les compétences et prenant à rebours les injonctions actuelles à intégrer et travailler des compétences transversales, y compris en formation professionnelle, il propose d’adopter radicalement la dimension située de toute compétence. Pour l’aborder d’une manière opérationnelle, il repart de la définition de ce qu’est un professionnel compétent et nous oriente vers une approche par les situations. Ce faisant, il donne un regard original sur les questions posées par la formation en alternance, par la validation des acquis de l’expérience ou encore par la formation et l’évaluation en situation de travail.

De manière contre-intuitive, il nous explique comment cela redonne toute sa place aux savoirs, dans une voie de formation où le rapport aux savoirs des apprenants est souvent difficile. De même, à un moment où les normes socioprofessionnelles demandent aux formés et aux travailleurs d’être toujours plus réflexifs, il suggère de les outiller avec des outils des sciences du travail (entretiens d’explicitations, instruction au sosie…) pour les aider à se préparer et à vivre plus consciemment leur expérience professionnelle et pouvoir en parler, l’analyser et la développer.

C’est avec une approche similaire à l’analyse des situations de travail pour la formation, qu’il envisage le développement des compétences sociales des individus à partir d’une analyse des situations sociales et des situations de la vie. A une époque où l’intelligence humaine est menacée par les systèmes techniques et l’appauvrissement du travail qu’ils provoquent, c’est donc à une vraie réflexion sur l’éducation tout au long de la vie qu’il nous invite.

Profitez de la gratuité de nos ressources pédagogiques en ligne jusqu’en juillet 2020 pour visionner l’entretien complet ! Plus d’informations : http://bit.ly/libreacces

Auteurs : Christèle Roux et Jean-François Metral Réalisateur : Vincent Ducrot

Plus d’informations : https://bit.ly/EntMayenVOD 

Durée : 56 min

Disponible actuellement en Vidéo en ligne sur editions.educagri.fr, bientôt en DVD

Christèle Roux, Agrosup Dijon Eduter, mai 2020




Apprendre à questionner et à analyser le travail pour expliciter sa « SPV » au Lycée de Sées (61)

Comment amener les étudiant-es de BTSA GPN à s’approprier l’épreuve E7 et à se faire une bonne idée de ce qui est attendu à l’examen ? Comment leur permettre d’être plus à l’aise avec cette épreuve et limiter les phénomènes de stress ?

L’établissement de Sées s’est engagé dans une expérimentation pédagogique avec la DRAAF de Normandie, dont l’objet est de travailler à l’évaluation sans note.

En relation à cette expérimentation, l’équipe pédagogique du BTSA GPN s’interroge de savoir comment préparer les élèves à l’épreuve E7. Cette épreuve repose sur l’explicitation d’une Situation Professionnelle Vécue (SPV, dite « ma espévée » par les étudiants). Pour réussir leur épreuve, les étudiants s’inquiètent de savoir ce que le jury attend d’eux lors de cette épreuve, de savoir si leur « espévée » en est bien une, ce qu’il faut pouvoir en dire, etc…

Ici, la difficulté est de pouvoir expliquer à des élèves qui n’ont pas d’expérience professionnelle, comment se préparer efficacement à expliciter à un jury une SPV, en s’appuyant sur une expérience qu’ils et elles n’ont pas encore.

Pour cela, nous avons pris l’option un peu radicale de les placer en situation d’expérimenter avec nous une démarche visant à acquérir des capacités pour questionner et analyser une situation de travail, mais également de porter un regard sur ce qui se transforme dans la relation à l’autre par le biais de ce questionnement.

Il s’agit bien sur pour nous de les placer en situation de faire et de s’exprimer sur leur expérience, ce afin de les amener à voir en quoi ce qu’ils sont en train d’apprendre augmente leur pouvoir d’agir.

Pour en savoir plus sur nos hypothèses et comment nous avons construit et évalué ce dispositif, nous vous invitons à lire le témoignage qui illustre plus en détail les contours de l’expérimentation, dans ce que nous voulions faire, et dans ce que nous avons réussi à tenir, en tout ou partie.

Ce témoignage est complété d’un film de 7 minutes donnant à voir le point de vue des étudiants sur cette expérience, et de deux autres films mettant en scène l’analyse d’une « SPV »…

 

François Guerrier, AGROCAMPUS-OUEST,

Renaud Jegat, EPLEFPA de l’Orne,

Janvier 2020




Instituer l’analyse d’une situation de travail à partir d’une photo significative pour son auteur

Le stage sur la ferme est une activité appréciée des élèves. Un système d’évaluation avait été mis en place plusieurs année auparavant, mais il avait tendance à s’essouffler car sans lien réel avec le reste de l’enseignement. Au final les élèves y allaient en touriste.

Par ailleurs, faisant face à une montée de comportements conflictuels en Bac Pro CGEA notamment, nous avons engagé avec la DRAAF/SRFD Bretagne et dans le cadre du DNA* une réflexion collective pour revisiter certaines de nos pratiques pédagogiques dans une perspective d’ancrochage. Il s’agit pour nous de :

  • rendre plus explicites certaines de nos intentions pédagogiques,
  • à redonner de la visibilité et de la lisibilité au cadre de travail (relations, stabilité et cohérence entre climat éducatif et d’apprentissage),
  • donner plus de place aux élèves dans leurs apprentissages (être vigilant à ne pas penser à leur place !),
  • donner plus de sens aux activités pédagogiques en associant régulièrement les élèves aux processus d’évaluation (individuel, groupe, pratiques professionnelles, système d’exploitation, etc…), tout en accompagnant les relations avec les objectifs du référentiels (évaluation des capacités),
  • … et appliquer ces quelques principes aux relations entre adultes.

En résumé : comment (re)créer les conditions de la confiance, intéresser et combattre l’ennui, renforcer et développer les solidarités.

Dans cette perspective, et pour redonner de la valeur à l’activité stage ferme aux yeux des élèves et des personnels de l’exploitation, et des enseignants, nous avons revisité cette pratique.

Le moteur de l’activité s’appuie sur l’engagement et le travail des élèves pendant ce stage pour en faire une activité où l’on va apporter au collectif de la classe une situation professionnelle qui sera analysée, et où l’on va évaluer simultanément la situation professionnelle et les actions mises en œuvre pour la maîtriser.

Cela fait maintenant quelques mois que nous fonctionnons ainsi, et nous avons pu constater un plus grand intérêt pour le stage ferme, du côté des élèves, des salariés d’exploitation et de la classe.

Pour en savoir un peu plus sur les modalités pratiques, nous vous invitions à consulter le témoignage en ligne mafermedebrehoulou

Frédéric Mouchy/Joêl Dagorn (EPLEFPA de Bréhoulou)

François Guerrier (Agrocampus-Ouest)

 

DNA : Dispostif National d’Appui de la Direction Général de l’Enseignement et de la Recherche. L’action Ancrochage est portée par le BVIE (Bureau de la vie scolaire, étudiante et de l’insertion).