Un dossier de veille de l’Ifé consacré à l’enseignement agricole
Enseignement agricole : enseigner autrement
n° 130, juin 2019
Anne-Françoise Gibert, chargée d’étude et de recherche au service Veille et Analyses de l’Institut français de l’Éducation (IFÉ) vient de finaliser un dossier de veille consacré à la fois à décrire et dessiner les principales caractéristiques de l’enseignement agricole, mais également à son actualité, tant pour faire réussir les apprenants que pour enseigner à produire autrement.
Valoriser le stage ferme et s’entrainer au BEP, apprendre à questionner le travail en groupe classe
Joël Dagorn et Fredéric Mouchy ont décidé de repenser le stage ferme pour les élèves de seconde afin de mieux l’intégrer dans la progression pour
préparer les élèves au BEP,
valoriser leur travail,
leur faire vivre une discussion « entre professionnels » dans la classe à partir d’une activité concrète.
A l’issu de leur stage sur la ferme du lycée, les élèves, ici Lena et Benjamin, présentent leurs situations à leurs collègues qui les écoutent et les aident par leurs questionnements pour décrire et analyser ce qu’ils ont fait (« le comment, le pourquoi… »).
Là les enseignants s’effacent pour laisser interagir les élèves, puis reprennent la main en soulignant les points clés de vocabulaire, mais aussi pour mettre en question des points qui n’auraient pas été questionnés (lien avec le territoire, l’environnement, la sécurité, l’hygiène, …).
Un-e volontaire vient au tableau pour noter l’essentiel à retenir : Le titre, le but, les ressources, les conditions de réussite, l’ordre ou les étapes, les points de vigilance, etc…
Nous vous invitons à visionner le témoignage de Frédéric et Joël qui présentent l’origine de leur démarche, leurs intentions mais également les premiers résultats et les pistes d’amélioration.
A l’ISNAB, une formation à distance pour repenser notre BTSA ACSE à orientation AB.
L’ISNAB, établissement du réseau CNEAP, s’est engagé, pour son BTSA ACSE, dans une orientation « agriculture biologique ».
Pour accompagner la mise en œuvre de ce projet, au-delà des aspects techniques, l’équipe envisage de se doter d’une approche pédagogique partagée et projette de se former en groupe. S’en suit un repérage de formations et l’équipe a porté son choix sur une formation à distance du catalogue IFEAPintitulée « Intégrer l’agriculture biologique dans ses pratiques pédagogiques ».
La formation à distance est au départ prévue pour un usage individuel. Le dialogue avec le responsable formation AgroSup Dijon Eduter a permis de faire correspondre les contenus de formation et les aspirations du groupe. Et une forme d’hybridation est imaginée : chacun travaille individuellement à distance et à l’issue de chaque étape une séance de regroupement est prévue en équipe.
4 étapes de formation vont ainsi se succéder alternant séances de travail individuel sur la plateforme de FAD et travail en séances de regroupement :
Partager notre vision de l’AB
Prendre la mesure de l’importance de la réglementation en AB
Se mettre en situation à partir d’une visite d’exploitation
Et enfin définir nos stratégies pédagogiques et rédiger un plan d’action pour la mise en œuvre de nos adaptations pédagogiques.
Au Lycée « Les Sillons de Haute-Alsace » , des recherches d’emploi en mode « Job Dating » pour les BTSA.
Une action qui évolue sur plusieurs années…
Pour s’adapter aux nouvelles formes de recrutement et au développement des jobs dating, l’essai fut fait sur une première classe (BTSA Technico-commercial).
Cinq professionnels de la commercialisation du vin ont répondu présent. Vu la satisfaction à la fois des étudiants et des professionnels, l’expérience fut reconduite les années suivantes en intégrant la classe de BTSA Viticulture œnologie et d’autres professionnels (producteurs, œnologue, conseiller viticole…). Au total, chaque année, une quinzaine de professionnels participent au job dating.
Le témoignage des élèves de seconde de Fouesnant (29) sur l’EIE « valoriser le stage ferme par l’analyse de l’activité ».
Tous les lundi Joël Dagorn et Fredéric Mouchy ont instauré un rituel dans le cadre de leur « EIE ». Il s’agit pour les élèves de seconde de présenter à la classe le travail réalisé lors du stage sur la ferme du lycée.
Le principe est le suivant : Les élèves prennent une photo d’une activité qu’ils-elles jugent signifiante, et ils questionnent les salariés pour bien comprendre de quoi il retourne (car ils savent qu’ils auront à présenter cette activité à leurs pairs et à en discuter en argumentant).
En classe les élèves -ici Lena et Benjamin- présentent leurs situations. Leurs collègues les questionnent pour les aider à bien décrire et analyser ce qu’ils ont fait (« le comment, le pourquoi… »). Là les enseignants essaient de laisser interagir les élèves, en soulignant les points clés de vocabulaire, et en éclairant des points qui n’auraient pas été perçus par le groupe.
Après la discussion, c’est au tour d’un-e volontaire de venir au tableau pour noter l’essentiel à retenir : Le titre, le but, les ressources, les conditions de réussite, l’ordre ou les étapes, les points de vigilance, etc… Ceci constitue l’essentiel de la prise de note.
L’évolution du projet sera de déposer ces images dans un compte instagram pour le partager, par exemple avec le maître de stage, ses proches,…
L’action est reconduite 2 fois par élève, pour une classe de 30, ce qui permet de mutualiser près de 60 exemples de situations analysées dans l’année, de s’entrainer et de s’approprier le cadre d’analyse des situations de travail pour mieux apprendre et se sentir à l’aise pour poser des questions en stage.
Mais ce sont encore Lena et Benjamin qui en parlent le mieux dans en vidéo (9 minutes) et qui nous donnent les effets de cette situation pédagogique sur l’ambiance de classe et les apprentissages réalisés.
Et une seconde vidéo pour retrouver le point de vue de Frédéric et Joël
François Guerrier, Agrocampus-Ouest
Juin 2019
Cours, stages, exploitation du lycée: les BTS APV du lycée agro-environnemental d’Arras catalysent le partage de données pour l’agroécologie.
Les jeunes peuvent-ils être moteurs, actifs et heureux de prendre part à la transition agroécologique ? Oui, à condition de poser un cadre flexible, de s’autoriser des erreurs (aussi bien côté étudiant que côté équipe pédagogique), de leur laisser l’espace pour proposer et de toujours se souvenir que l’apprentissage du savoir-être est aussi important que l’intégration de connaissances.
A Arras, une réponse originale qui combine :
Un spécialiste des outils collaboratifs en ligne, qui croit à fond à l’agroécologie – ici Nicolas Minary, créateur de l’application Landfiles
Un passionné de sols vivants, qui est toujours au contact des agriculteurs – ici Baptise Maître, créateur de Ver des Sols Vivants
Uncontexte agricole: la ferme du lycée, et des essais qui sont en lien avec des thèmes clé de l’agroécologie, ici la pomme de terre en AC. Ah oui, des sols vivants, en en cours de régénération.
Une équipe pédagogique ouverte à l’innovation, qui autorisent une flexibilité de l’emploi du temps et des programmes, dans cet exemple Charlotte Grare (enseignante en agronomie), Etienne Toussaint (directeur de l’exploitation)
Le tout « connecté » et « organisé » en un écosystème qui communique et cela nécessite de poser des bases de savoir-être et un cadre flexible pour que chacun puisse développer ses talents. Opaline Lysiak (projet Les Agron’Hommes) a impulsé cela et propose de maintenir cet écosystème.
Ci- dessous, la vidéo de présentation de l’application Landfiles.
Et sur le site lesagronhommes.com l’usage de Landfiles par des étudiants pendant leur stage d’été.
Ce témoignage proposé par Opaline Lysiak est une étape de son « Tour du Monde pour Enseigner l’Agroécologie », exploration des écoles d’agronomie, en Pologne, en Inde, au Japon, au Québec, au Danemark, à retrouver sur Pollen à la page Tour du monde Agro-écologie.
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Bonne découverte !
Une veille en sciences de l’éducation et de la formation.
Le Scoop-It « Lire, Voir, écouter », soigneusement réalisé par Christèle Roux, ingénieure d’étude à AgroSup Dijon – Eduter Ingénierie, chargée des liens entre la recherche et l’ingénierie.
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La représentation chorématique d’une formation, une démarche nouvelle au sein de la filière Aménagement.
Les GAP portés par l’ENSFEA
Les « Groupes d’Animation et de Professionnalisation » (GAP) portés par l’ENSFEAsont des dispositifs innovants d’accompagnement à la professionnalisation des enseignants de l’enseignement agricole. Il existe à ce jour 15 GAP dont la plupart sont associés à une discipline d’enseignement général ou technique. Les GAP doivent permettre par exemple de produire, en collaboration avec des enseignants Gapistes, des ressources pédagogiques ou d’élaborer et mettre en œuvre des actions de formation en région.
Le GAP aménagement
Entre 2014 et 2017 le GAP aménagement, piloté par Olivier Bories (Maitre de conférences en aménagement de l’espace), a travaillé de façon expérimentale à la proposition d’une nouvelle manière de construire et de présenter la progression pédagogique.
Les enseignants Gapistes impliqués se sont emparé de la représentation chorématique pour modéliser un projet de formation tout entier, à l’échelle des trois années d’un Bac Pro. Le chorème est une méthode de modélisation diffusée en géographie et en aménagement qui utilise les formes géométriques pour montrer la complexité d’un territoire. Le GAP l’a « détourné » pour travailler sur la complexité d’une progression pédagogique. Il a ainsi pu revisiter les pratiques classiques de représentations de la progression pédagogique (sous forme de tableau) et créer un nouvel outil d’écriture qui permet aux enseignants de raisonner collectivement, à une échelle plus globale et plus dynamique leur projet de formation. Sous cette forme la progression pédagogique est partageable par conséquent possiblement transversale. Elle s’inscrit alors dans l’esprit de la rénovation de la voie professionnelle et de la formation par capacités qui encourage le décloisonnement disciplinaire.
Le GAP aménagement a proposé deux modélisations qui centrent tous les enseignements de toute la formation autour de la situation professionnelle d’apprentissage pratique (SPAP). L’une concerne l’aménagement paysager, l’autre l’aménagement des espaces naturels. Avec ces propositions de modélisations le GAP bouleverse la structure profonde et habituelle du projet de formation. Il propose de sortir d’une logique de silo et de décloisonner les apprentissages. C’est avec l’utilisation de la SPAP et tout particulièrement de l’expérience de PMFP mais aussi avec le retour sur expérience en apprentissage qu’est fabriqué l’ensemble de projet de formation sur trois années. Ces modélisations remettent la pratique au cœur de la formation en aménagement. Elles agissent alors comme un premier levier d’apprentissage et de professionnalisation qui permet non seulement d’enseigner (et d’évaluer) dans une approche par capacités mais aussi d’agir par la pratique sur l’ancrochage et la réussite scolaire.
Une démarche étayée et en développement.
Les travaux du GAP et les ressources produites sont disponibles sur le site pédagogique ENSFEA de l’aménagement, espace@ménagement, rubrique Ressources du GAP, Cycle 1 Modélisation.
Ces travaux ont permis depuis 2017 le développement d’un partenariat avec AgroSup Dijon – Eduter et la construction d’un parcours de formation à distanceTutoFOP intitulée « Construire la progression pédagogique d’un module de formation de la filière aménagement ».
Ils ont aussi donné lieu en 2019 à la publication d’un article scientifique (en cours d’évaluation, à paraitre dans le revue Questions vives, recherches en éducation) : « Innover et revisiter la manière d’écrire une progression pédagogique : présenter autrement l’organisation du travail de l’enseignant pour collaborer ».
La prochaine étape relève du passage de la théorie à la pratique. Il passe par la programmation en 2020 d’une expérimentation au sein d’un établissement avec l’implication de toutes ses équipes, administratives et pédagogiques, probablement avec l’EPLEFPA de Saint-Flour intéressé par cette nouvelle démarche pédagogique. Le dossier est en cours de construction.
Ci dessous une vidéo produite dans le cadre de la formation « Construire la progression pédagogique d’un module de formation de la filière aménagement », dans laquelle Olivier Bories présente l’analyse d’un référentiel de diplôme avec la démarche de représentation chorématique.
La formation « Construire la progression pédagogique d’un module de formation de la filière aménagement » est une formation à distance, tutorée, en entrée-sortie permanente, proposée par AgroSup Dijon. (Démosur la plateforme TutoFOP).
Quand le mécanisme de l’inhibition est au service des apprentissages : Une émission avec Olivier Houdé.
Le professeur Olivier Houdé, ancien instituteur, est maintenant, entre autres, Professeur de psychologie du développement à l’Université Paris Descartes, Sorbonne.
Il utilise les possibilités offertes par les IRM pour étudier le fonctionnement du cerveau et les mécanismes cognitifs des enfants.
Il insiste sur le rôle de ce qu’il appelle « inhibition« , ce qui consiste (pour simplifier) à empêcher de penser trop vite, à empêcher un mécanisme « heuristique », rapide, qui va directement à la solution qui semble évidente. « Se développer c’est non seulement construire et activer des stratégies cognitives, comme le pensait Piaget, mais c’est aussi apprendre à inhiber des stratégies qui entrent en compétition dans le cerveau ».
Voir l’article « Le rôle positif de l’inhibition dans le développement cognitif de l’enfant ».
Évidemment ce mécanisme est applicable en classe : Des sciences cognitives à la classe : Entretien avec Olivier Houdé
L’émission de France Culture « MATIERES A PENSER », animée par René Frydman, donne la parole à Olivier Houdé qui lève le voile sur l’acquisition des connaissances et le mode de raisonnement.
Quel est le rôle des émotions dans l’approche logique ? Résister à ses propres erreurs s’apprend-il ? Qu’est-ce que l’intelligence humaine ? La place des neurosciences dans l’éducation est-elle en train de changer ?
Et retrouvez Olivier Houdé le 17 mai 2019, sur France Inter, dans l’émission « Grand bien vous fasse », intitulée : Qu’est ce que l’intelligence ?
A Tours-Fondettes agrocampus, la formation « Service Aux Personnes Paysage » ouvre de nouvelles perspectives.
Les petits travaux de jardinage sont réalisés exclusivement chez les particuliers, majoritairement des personnes âgées ou dépendantes. La prestation, qui est exclusivement celle de l’entretien du jardin, nécessite d’allier aux compétences techniques d’entretien des compétences relationnelles transversales.
A la demande de l’UNEP, union Nationale des Entreprises du Paysage, le FAFSEA a émis en janvier 2017 un appel d’offres.
Le CFPPA de Tours-Fondettes agrocampus s’est associé à la réponse collective élaborée dans le cadre du réseau national des établissement d’enseignement agricole publics Préférence FORMATION.
Deux formations conduites en 2018 et 2019 permettent d’apprécier les bénéfices apportés par ce dispositif.