Toutes différentes toutes intéressantes ! S’entrainer à apprendre de la diversité des exploitations du territoire
Adossé à un projet de recherche-action mené conjointement par AGROCAMPUS-OUEST et le GERDAL sur les bassins versants du Couesnon et de la Haute-Rance, et ayant pour but la production de connaissances sur l’évolution des pratiques agricoles dans ces territoires, Marion Diaz (DIALOGUE/GERDAL) et François Guerrier (AGROCAMPUS-OUEST) ont accompagné deux établissements pour concevoir et animer un dispositif pédagogique pour apprendre à questionner ce qui fonde les choix des agriculteurs, à s’intéresser à l’autre et à la différence, et à apprendre à partir de la diversité des expériences de stage.
Des enseignants du lycée de Caulnes 22 (Sandrine Poulet, Erwan Bariou, Benoit Jamet, Rémi Goupil) et la MFR de Fougères 35 (Jean-François Olivier) ont pu participer à une réelle co-ingénierie du dispositif pédagogique, chacun apportant ses idées, ressources, opportunités ou façon de faire. Nous avons pu tester et faire vivre une expérience originale aux classes de Bac Pro CGEA pour les amener à travailler en groupe de développement, en les considérant (au double sens du terme !) comme des agriculteurs et agricultrices afin de produire de la connaissance au sujet des principales préoccupations de leur maitre de stage et des solutions mises en œuvre où imaginées sur le territoire. Ce faisant, ces élèves ont appris à poser et à se poser des questions, à comprendre la logique de leurs maîtres de stage et de leur système d’exploitation, à comparer différentes alternatives (alimentation, techniques, …), mais également à partager, à s’écouter et à apprendre en coopérant.
E. Bariou, B. Jamet, R. Goupil, S. Poulet, LEGTA Caulnes
Jean-François Olivier, MFR de Fougères
M. Diaz, DIALOGUE, UMR ESO
F. Guerrier, AGROCAMPUS-OUEST
Faire de l’innovation pedagogique une pratique ordinaire au sein d’une equipe educative, à Tulle-Naves
Dans le cadre de la mise en place de la réforme des 4ème-3ème, le projet du LéA (lieu d’éducation associé) du lycée agricole de Tulle-Naves-ENSFEA en partenariat avec l’institut français de l’éducation vise à impulser de nouvelles médiations des savoirs à l’aune du numérique éducatif dans l’enseignement agricole. A partir d’analyses de pratiques d’enseignement, l’objectif est de proposer et d’expérimenter des ingénieries pédagogiques et didactiques appuyées sur le numérique éducatif. Autrement dit, nous mettons en place de manière collaborative, en inter-métiers et en inter-disciplines un programme d’expérimentations lié à une pédagogie numérique.
A partir de ce programme intégrant la conception de séances à partir de formations, des tests seront réalisés dans les 7 disciplines participantes, une analyse est menée conjointement à partir des films des séances et d’entretiens, puis des améliorations seront apportées.
Du côté des enseignants, il s’agit avant tout de diversifier l’enseignement et l’apprentissage en utilisant des méthodes pédagogiques innovantes, des outils numériques pour améliorer l’accès aux savoirs et anticiper les décrochages.
Pour les apprenants, les enjeux sont de donner du sens à leurs apprentissages, de renforcer l’estime de soi, la motivation, la construction de projets professionnels et personnels.
Ces deux axes sont engagés à la fois dans la classe et dans les dispositifs inhérents à la réforme des 4ème, 3ème.
Côté recherche il s’agit d’étudier les processus de médiation numérique des savoirs au niveau micro des interactions en classe et au niveau macro des dispositifs.
Cette démarche itérative donnera lieu à la construction de compétences et à la création de ressources au travers :
D’un travail collaboratif sur 3 ans, d’expérimentations, d’accompagnement par la recherche (méthodologie), de contribution au développement professionnel des enseignants
La contribution de la recherche pour construire des solutions, les analyser et produire ainsi des résultats scientifiques nouveaux qui seront diffusés au sein du système éducatif.
L’intégration des politiques institutionnelles dans la problématique et dans les ingénieries testées.
Une très forte participation aux deuxièmes rencontres de l’innovation pédagogique de l’enseignement agricole !
Les deuxièmes rencontres nationales de l’innovation pédagogique de l’enseignement agricole se sont déroulées les 9 et 10 novembre 2017 à Dijon.
350 personnes ont participé aux conférences, ateliers, barcamps…. auxquelles s’ajoutent autant de connexions pour suivre les conférences du jeudi et vendredi matin en web TV !
Bientôt les vidéos de ces conférences sur Canal Eduter et les actes complets de ce colloque…
Construire en équipe un dispositif de formation pour le CAPa SAPVER qui fasse sens pour tous : le projet du Lycée AGIR de Langon
Le lycée AGIR de Langon est un établissement de taille modeste, accueillant des élèves de 4ème et 3ème, puis une filière service, du CAPa au Bac pro. La filière professionnelle fonctionne selon le régime de l’alternance.
En postulant dans le dispositif national Initiatives CAPa, Jean-Christophe Marie, directeur du Lycée AGIR de Langon, a mis son équipe au défi d’innover dans la mise en œuvre du tout nouveau CAPa SAPVER (services aux personnes et vente en espace rural).
Après 2 ans d’essais et de tentatives, le dispositif de formation proposé aux élèves de CAPa se stabilise. Il ne se fige pas, il reste toujours de la place pour des initiatives mais l’équipe a trouvé une organisation dans laquelle elle se sent à l’aise et qui lui semble adaptée.
Une entreprise virtuelle pour préparer le Trophée National des Lycées Agricoles, au lycée du Robillard.
Au lycée agricole, du Robillard, dans le Calvados, plusieurs enseignants ont choisi de développer une pédagogie de projet avec comme objectif la participation au TNLA, le Trophée Nationale des Lycées Agricoles. Ici c’est toute la classe qui est investie et qui s’organise sous la forme d’une entreprise virtuelle.
Regardez cette vidéo pour apprécier leur motivation !
Initier une innovation pédagogique, au lycée de Tours – Fondettes
Frédéric Lalanne est proviseur adjoint du lycée de Tours Fondettes agrocampus.
Associé au dispositif RESAPE, le réseau de directeurs-adjoints en charge de la formation initiale scolaire de l’enseignement public agricole français, il présente comment il aborde le changement en établissement, avec des stratégies de « ballon d’essai » et de « boule de neige ».
La pédagogie Danoise appliquée en Pologne, l’exemple unique d’une formation en agriculture bio près de Varsovie.
Opaline Lysiak est enseignante en agronomie au lycée agro-environnemental d’Arras. Elle est partie jusqu’en septembre 2018 à la rencontre des agriculteurs et enseignants dans 12 pays aux contextes pédoclimatiques, sociaux, économiques et politiques très variés. Elle partage régulièrement ses découvertes sur Pollen.
J’ai pu passer un mois à Grzybów (prononcer « Gjibouf »), un lieu étonnant à 1h30 de Varsovie, regroupant une ferme bio, une boulangerie, et une « Folk High School », sorte de mini Université où les méthodes pédagogiques sont innovantes par rapport à la pédagogie classique en Pologne. Une vingtaine d’étudiants ont choisi d’y participer pour se former à l’agriculture biologique, mûrir leur projet d’installation et déterminer s’il est réalisable.
Peter et Ewa Smuk Stratenwerth ont initié ce projet il y a 28 ans lorsque Peter s’est installé en tant qu’agriculteur à Grzybów. Peu à peu le lieu est devenu une vraie fourmilière gérée de façon associative et coopérative par une quinzaine de personnes: ferme bio, boulangerie, accueil d’écoles et sensibilisation à l’écologie et aux traditions locales… et cette fameuse « Folk High School » dont le thème est l’agriculture biologique.
Ci-dessous, l’interview d’Ewa que j’ai réalisée permet de comprendre :
Du début à 3’30’’: L’histoire des Folk High Schools, modèle provenant du Danemark
De 3’30’’ à 11’03’’ : Les 5 principes des Folk High Schools
De 11’03 à 13’ : Exemples de thèmes abordés dans les Folk High Schools
De 13’ 18’17’’ : L’exemple de la formation en agriculture biologique à Grzybów
De 18’17’’ à 23’ : Une Illustration de la pédagogie par un cours sur le sol
Les Folk High Schools viennent du Danemark et sont destinées à un public adulte (d’un âge supérieur à 18 ans). Ces « écoles du peuple » étaient à l’origine destinées aux agriculteurs, car cela leur permettait de se construire en tant que personne, se cultiver, coopérer, et cela en parallèle du travail sur la ferme. Aujourd’hui ces écoles sont considérées comme des endroits où on peut apprendre librement sur le sujet que l’on souhaite. Il n’y a pas d’évaluation au sens strict du terme. On y va parce qu’on se demande ce qu’on souhaiterait faire de sa vie, on aimerait détecter quels sont nos talents et compétences, on se demande ce qui peut nous rendre heureux. En résumé, ces écoles permettent d’apprendre sur soi-même et de grandir en tant que personne.
Les 5 principes de base (expliqués dans la vidéo) sont :
Un enseignement vivant : le professeur ne se cache pas derrière les livres ou les présentations power point; il prête attention à ce que les étudiants aient toujours envie d’apprendre et s’adapte en permanence au comportement de son public.
La proximité entre étudiants et entre étudiants et enseignants. Chacun a son expérience et peut la partager. Une ambiance familiale est créée par le partage de tous les moments du quotidien, et pas seulement les cours.
L’équipe (enseignants, intervenants…) est choisie pour sa capacité à maintenir chez les étudiants « la flamme de l’apprentissage ». Cette flamme est maintenue alors qu’il n’y pas de « carotte » : l’obtention d’un diplôme par exemple.
L’enseignement est basé sur la coopération et non sur la compétition entre étudiants.
On apprend en faisant, et une part très importante est accordée aux activités de création : construction, sculpture, agriculture, dessin, chant, musique… La création permet de découvrir ses talents mais aussi de créer ensemble des mini-projets.
J’ai eu l’occasion de rencontrer Paweł, étudiant à Grzybów, qui m’a assuré que le modèle éducatif polonais ne lui convenait pas. Il a étudié l’informatique 2 ans à l’Université de Varsovie mais les cours en amphithéâtre, donnés par des profs qui n’ont pas la passion d’enseigner, ne lui convenaient pas. La formation en agriculture biologique qu’il termine en janvier 2018, lui a permis de trouver sa voie et créer son projet : une association qui permettra à ceux qui le souhaitent de construire une maison en chanvre en louant des terres de manière temporaire pour cultiver la plante.
Ce modèle est il adaptable à nos lycées agricoles ? J’ai anticipé vos questions que j’ai vu venir de loin : comment faire quand on a une classe de 30 élèves qui doit être préparée au bac ou au BTS ? Qui de l’architecture des bâtiments et des emplois du temps, qui n’est pas du tout adaptée pour favoriser le « vivre ensemble » aussi bien entre étudiants qu’avec l’équipe pédagogique ?
En fait on peut s’inspirer des principes de base des « Folk High School » au quotidien dans en revoyant nos missions en tant qu’enseignant : favoriser la création, la pédagogie de projet, éviter le bourrage de crâne et redonner la « saveur » aux savoirs. Cela demande une flexibilité, une relation de confiance avec les étudiants, et une remise en cause de la structure de la classe, où il y aura peut être beaucoup plus de vie et de mouvement. On peut favoriser les échanges informels tout au long de la journée avec les élèves en créant des espaces où on peut boire un café ensemble, car c’est aussi à ces moments que l’apprentissage a lieu. Et puis manger à la cantine avec les élèves, nettoyer ensemble les espaces de vie commune.
Ces idées peuvent se développer et se concrétiser au mieux si, sur le long terme, on imagine une organisation spatio/temporelle des établissements d’enseignement agricole qui permette cela : emplois du temps adaptés, création d’espaces de réunion formelle (type classe) et moins formelle (type salle de café / espace de détente), espaces de création (peinture, sculpture, musique, jardin…). La question de l’évaluation est tout autre et sera abordée dans de prochains articles.
Ces idées méritent d’être réfléchies en groupe de travail, avec des enseignants qui ont déjà mis en œuvre ce genre de chose (Université de Wageningen aux Pays Bas par exemple), l’équipe pédagogique, et bien sûr, les étudiants.
Une classe virtuelle France-Hongrie sur la plateforme d’ePortfolio Mahara, au lycée polyvalent Roc Fleuri
En 2015, l’équipe éducative a programmé un échange culturel entre les classes de 2de GT et 1ère S du Roc Fleuri avec la classe bilingue du lycée francophone de Paszto. Lors de la présentation de ce projet aux différentes classes, très vite, les élèves des 2 établissements ont formulé le souhait de faire connaissance avant la rencontre physique. A ce stade, ils pensaient utiliser les réseaux sociaux tels que Facebook ou Snapchat.
L’équipe accompagnatrice quant à elle a souhaité utiliser Mahara et a créer une classe virtuelle.
Le lycée de Brive Voutezac a développé avec l’aide de Montpellier Sup AGro Florac un conseil coopératif, animé par les élèves.
La mise en place du conseil coopératif dans cette classe de 3ème vise deux objectifs :
– faire le point sur les problèmes ou éléments positifs vécus au sein du groupe classe.
– trouver des solutions collectivement pour éviter les conflits, résoudre les problèmes.
Elle permet aux adultes et aux jeunes d’échanger sans jugement sur la vie de la classe, de partager les responsabilités sur certains problèmes et d’être force de propositions.
L’animation du conseil par les élèves doit être accompagnée par les enseignants.