Résultat de la recherche multicritère

Délibérer et agir pour la transition agroécologique : développer le jugement éthique des apprenants

Dans le chapitre 10 de l’ouvrage collectif « Enseigner à produire autrement » ( Collection PRAXIS) Amélie Lipp nous invite à former des apprenants en capacité de délibérer et d’agir dans des situations porteuses de dilemmes. De telles situations interrogent ce qu’il est souhaitable, faisable, acceptable au regard des normes, et elles offrent de véritables opportunités pour apprendre à vivre dans un monde problématique. Pour qu’elles permettent un apprentissage, il est nécessaire que l’élève vive l’expérience du dilemme, qu’il en soit lui-même affecté et qu’il s’inscrive dans une démarche d’enquête qui le conduira à reproblématiser l’enjeu, débattre, mettre à l’étude les normes, les discuter et les prioriser. Dans la démarche didactique proposée par des enseignants de zootechnie, des apprenants de baccalauréat CGEA dominante élevage sont ainsi successivement conduits à préciser les dilemmes en jeu en élevage, à échanger et rechercher des solutions relatives plus spécifiquement à la question de l’écornage des veaux, puis à les expérimenter pour finalement adopter une posture réflexive sur ce qui leur paraît le plus juste de faire. Amélie Lipp observe que, du refus initial d’écorner pour des questions d’ordre esthétique et de respect de l’animal, des apprenants peuvent être amenés finalement à l’accepter et le prescrire pour des raisons relevant de la sécurité de l’éleveur, de la peur des cornes, et ce, tout en minimisant la douleur de l’animal à moyen terme, quitte à contredire les données scientifiques apprises à ce sujet. Elle souligne l’importance de la place de l’émotion dans les positionnements, mais constate aussi que ceux-ci s’accompagnent d’un sentiment d’impuissance à trouver une issue plus éthique à l’égard de l’animal. Une telle étude montre que la suppose un étayage important de la pensée en termes de savoirs (ici relativement à la souffrance de l’animal) et en termes de connaissance du champ des possibles (par exemple quant aux rôles que peut tenir l’éleveur en termes de réduction de la douleur ou aux modalités de manipulation d’animaux selon la présence ou non de cornes)