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Ross, Chien Principal d’Education pour contribuer à l’ancrochage des jeunes à l’EPLEFPA d’Ahun (23)

EPLEFPA de la Creuse, Nouvelle-Aquitaine

Le Chaussadis

23150 Ahun

Tél : 0555814880
Site web : https://ahun.educagri.fr/
Responsable : Valérie Ferreira-Gomes , legta.ahun@educagri.fr
Rédacteur de la fiche : Nathalie Bletterie, François Guerrier (L’institut AGro) et Sophie Zambelli (CPE à l’EPLEFPA de la Creuse), CPE et Accompagnateurs du Dispositif National D’appui
, nathalie.bletterie@supagro.fr
Chef de projet : Sophie Zambelli CPE , sophie.zambellei@educagri.fr

DESCRIPTION SYNTHETIQUE DE L’ACTION

Depuis un peu plus d’un an, l’EPLEFPA d’Ahun (23) accueille dans son équipe pédagogique Ross, un chien médiateur, mis à disposition par l’association handichien (https://handichiens.org/). Pour en savoir un peu plus, nous nous sommes immergés dans le quotidien des jeunes, des adultes et de Ross. Aussi, dans ce témoignage, nous vous proposons d’explorer le concret de ses activités, mais également les circonstances dans lesquelles s’est déroulé son recrutement (l’origine du projet), les premiers effets constatés par ses nouveaux collègues, mais également les prolongements et plus largement l’intérêt pour l’EPLEFPA. Enfin, nous terminerons en insistant sur quelques conditions de réussite évoquées par les intéressés, et nous tenterons de porter un regard sur la nature ancrochante apportée par ce professionnel de la médiation. (crédit photo de l’équipe de direction La Montagne)

Le quotidien d’un handichien : Allons en cours avec Ross !

Nous sommes dans la serre pédagogique de l’EPLEFPA d’Ahun, avec les quatrièmes, appliqués à désherber et repiquer les tomates. La moitié de la promo est là, soit 10 élèves. Un client passe acheter des plants. Tout semble normal, à un détail près : à l’entrée de la serre un labrador sable est couché au milieu de trois filles qui le caressent. Il se laisse faire, tranquille…

Christophe, l’enseignant d’agroéquipement explique : « Avant j’amenais ma chienne perso, et j’avais bien capté qu’il y avait un truc qui se passait avec les élèves. Là, c’est la première fois que je prends Ross. Il me semblait que je n’en avais pas besoin car ça se passe bien avec les jeunes. Mais là on est dans la serre, ils ne sont pas trop concentrés sur des tâches de cours, et plus disponibles, alors j’ai eu envie de proposer ça. »

En effet, Christophe s’occupe des élèves qui repiquent, et trois filles qui ne semblent pas avoir de tâche assignée pour l’instant sont autour de Ross. Elles sont bientôt embauchées pour semer des graines. L’une d’elles sème calmement et avec attention des graines dans des petits pots, assistée de Ross qui contrôle l’avancée du travail avec son nez, couché à côté d’elle.

Régulièrement, entre deux rempotages et tutorages, les élèves passent le voir, jouent avec ses oreilles, lui font une caresse, échangent un regard avec lui.

Ross reste imperturbable.

Au final la séance s’est déroulée sans heurts, le travail prévu par l’enseignant a été réalisé dans les temps, avec un apaisement palpable dû -semble-t-il- à la présence du chien couché calmement à l’entrée de la serre.

A la fin du cours, il faut appeler Ross et lui mettre sa laisse pour qu’il consente à sortir de la serre. Deux élèves l’accompagnent jusqu’au bureau de Sophie, la CPE qui est sa référente, puis vont à leur cours suivant.

Plus tard, je suis en cours avec Juliette, prof de zootechnie. Cette fois-ci avec les seconde CCE  pour un cours sur la détection des chaleurs. Ross a été récupéré au bureau de la CPE par deux élèves, suivant son planning établi, et emmené dans la salle de cours.

Au début du cours, un cadre est posé, reprécisant les règles avec Ross: tout d’abord un temps est pris pour que chaque élève qui le souhaite lui dise bonjour, puis les ’interactions ne sont pas autorisées -sauf si c’est Ross qui vient vers eux, là les jeunes ont le droit de lui répondre. Ce matin, l’un d’eux découvre une tique sur le chien. L’enseignante se saisit de la situation et prend le temps d’expliquer la tique, les maladies possibles, la prévention. L’apport se fait au moment de l’expérience vécue, ce qui facilite la mémorisation (situation, sens, encodage…). Puis à l’aide d’un tire tique, la tique est retirée. Le cours -qui a déjà débuté- peut commencer.

Lorsque j’arrive, Ross vient me voir tout de suite. A peine assise au fond de la classe, il monte sur mes genoux. Juliette m’explique : « Lorsque je perds l’attention des élèves, j’ai l’habitude de demander un exercice à Ross, et mon préféré est de le faire monter sur mes genoux. C’est une façon simple de les recapter en douceur : le fait de voir Ross en mouvement les interrompt, comme il vient vers moi les regards convergent vers nous,et je peux les reprendre par le regard sans avoir besoin de les rappeler à l’ordre.”

Comme il n’est pas là pour moi (a priori !), je le repousse et lui demande d’aller faire son travail. Il va s’asseoir vers des élèves disposés en petits groupes de TP. Ils travaillent sur des documents, et caressent Ross lorsqu’il vient vers eux. Comme spécifié au démarrage du cours, ils ne l’appellent pas ni ne le sollicitent. C’est Ross qui prend l’initiative de ses déplacements, et les jeunes peuvent à loisir l’accueillir quand il s’approche d’eux. Au bout d’un moment, il se couche près du bureau.

Vient la pause. Juliette demande qui veut emmener Ross faire pipi  ? Dix doigts se lèvent spontanément,  » Moi m’dame!!! ».

Jade et Marvin sont désignés par l’enseignante, et sortent avec Ross dans la cour, qui fait sagement son pipi. Retour en cours, Ross attend devant la porte, puis il se couche.  » il nous protège, c’est lui le vigile », dit un élève. Il s’endort sur son tapis, pour tout le reste du cours. Puis j’interroge les jeunes:  » ça vous fait quoi d’avoir un chien dans le lycée ? «  réponse du tac au tac :  » y a bien des vaches ! ». Je ris. « il fait du bien aux élèves«  poursuivent-ils. Et dans la classe?  » on peut s’évader, décompresser, surtout dans les cours comme le jeudi après midi où on a quatre heures de suite d’EIE, [ ndr enseignement à l’initiative de l’établissement] c’est long… »

Fin (provisoire) de mon immersion en cours…

Le point de départ…

Nous trouvons Sophie Zambelli, CPE de l’établissement, et le proviseur-adjoint (D2) parti l’année dernière. Comme le précise Sophie, “A la base le projet est construit autour d’une promotion très compliquée de 10 élèves de capa sapver , car la plupart étaient placés en foyer ou en famille d’accueil, dans un contexte de promo en mixité scolaire apprentis, qui produisait un emploi du temps non fixe avec plus de 10h d’études hebdomadaires. Il y avait beaucoup d’affrontements et d’agressivité entre elles, plusieurs dormaient en cours, et au bout de 4 conseils de discipline en très peu de temps, et comme je suis déjà sensibilisée à la médiation animale (il y a un lézard et un aquarium dans mon bureau, qui calment les élèves), on s’est dit que peut être un chien pourrait contribuer à améliorer cela. Nous avions pris connaissance du projet handichien (encart) et il nous semblait qu’en sapat cela pouvait se conjuguer avec le fait d’aller en EHPAD avec un chien visiteur. L’idée première était qu’il reste 6 mois dans la classe avec elles, puis que cela soit étendu au CFA.”

L’initiative part donc d’une situation particulièrement problématique tant pour les jeunes que pour les adultes, (difficulté à construire du cadre et de nouer de bonnes relations dans un contexte de repères difficiles à construire (emploi du temps évolutifs, mixité de publics, etc…) dans et hors l’école pour des jeunes dont les situations fragiles appellent à un besoin de cadres sécurisants et de routines pour se développer.

Avec l’appui du D2 qui connaissait bien l’association handichiens, un dossier est monté en juillet 2021 de façon à « recruter » un chien d’assistance à la réussite des élèves et explorer l’idée de recourir à sa présence pour améliorer le climat de travail des jeunes. Dans la rédaction de ce projet, l’enjeu est de bien cadrer et encadrer les choses (notamment par rapport à d’éventuelles réticences des parents d’élèves). Le temps de finaliser le dossier et le montage financier, en dès mai 2022 Ross -qui était disponible- est arrivé.

Le projet handichien “réussite scolaire” (février 2020) 

Le projet de chien d’assistance à la réussite scolaire est un projet pilote novateur en

France et mené dans le cadre de la mission développement de l’association HANDI’CHIENS. Encore en phase d’expérimentation, ce projet vise à observer la présence d’un chien au sein d’un établissement scolaire, et ce notamment auprès d’un public fragile, pour analyser comment il peut contribuer à un mieux-être et favoriser ainsi la réussite des élèves.

Le chien aura pour missions principales d’assister aux cours, de participer à des activités pédagogiques mais également de contribuer à des activités de médiation. Il sera présent dans divers espaces de l’établissement notamment en classe et à l’internat. Les observations du chien seront analysées et documentées en interne et, pourquoi pas, avec les partenaires (scientifiques) qui le souhaiteraient.

Ce projet pilote sera lancé début mars dans deux lycées en France. Le lycée agricole public d’Alençon accueillera Nestea, un Golden retriever, et le lycée privé de Mauléon accueillera Little, un labrador. Tous deux auront bien-entendu des référents définis pour prendre soin d’eux notamment les soirs et les week ends.

N’importe quel établissement, agricole ou pas, peut faire la demande d’un chien de travail.

Après deux ans en famille d’accueil, puis six mois d’éducation spéciale dans un des centres de handichien, les chiens sont prêtés aux établissements. Des personnes de l’équipe sont formées par handichien pour être référents du chien sur place, et connaître les commandes auxquelles il obéit. Il y a également un tuteur de l’association, qui le suit et fait une visite de contrôle par an pour vérifier que tout se passe bien, et notamment qu’il n’y a pas de prise de poids trop importante, ni de signes de mal-être du chien, auquel cas il peut être retiré. Pour sa retraite il sera confié à son référent s’il le désire.

Ross est arrivé à Ahun en mai 2022, Au total, depuis mars 2020, ce sont 10 chiens d’assistance à la réussite scolaire qui ont été remis à des établissements scolaires.

Une traînée de poudre…et des résultats au-delà des espérances premières.

Des étapes… jalonnées par des actes

Très vite Ross devient populaire et sa présence induit des transformations. Les jeunes de la formation cap sapver élaborent une charte autour des conditions de vie de Ross dans l’établissement et entreprennent de la présenter dans les autres classes. Celle-ci est désormais affichée dans toutes les salles de cours. Nous pouvons y voir le résultat d’un travail de réflexion et de construction collective pour proposer -à fins de répondre à des enjeux et des objectifs de bon climat relationnel et de travail- un cadre opérant et clair. Ce travail, animé par les adultes et réalisé par les jeunes est exposé dans l’établissement, ce qui est une trace concrète et symbolique qui nous semble de nature à reconnaître et à valoriser le travail de ces jeunes, et de leur personne par la même occasion. Cette forme de travail concourt à entretenir et développer l’estime de soi des élèves, d’autant plus que des feed-back positifs peuvent être émis par les pairs et ou les adultes.

Un médiateur pour les Sapver et des effets concrets dans la gestion de classe…

Ross va rester en cours avec les jeunes de la classe de sapver de mai à septembre 2022. Mais il va également hors la classe avec elles, notamment en intervention TP en EPADH en qualité de chien visiteur… ce qui a conduit à une préparation ad hoc.

Aujourd’hui, « la sapver » n’est plus une classe qui pose problème. Les enseignants et la CPE observent qu’il y a plus de cohésion entre les jeunes de la classe. En effet, le fait que les jeunes s’occupent plus du chien et moins des problèmes des autres, les tensions s’amenuisent et les rapports d’incident ont diminué. Mieux, il n’y a pas eu d’autre conseil de discipline ! Pour autant, Ross ne fait pas tout. D’autres facteurs explicatifs jouent, comme une politique d’établissements qui vise à inclure des élèves dans des projets concrets, valorisants et utiles à leurs yeux. Autrement dit, il s’inscrit dans une dynamique d’ensemble et contribue aux parcours de réussite proposés aux apprenants.

… qui s’étend au-delà de la classe initialement ciblée et au service de différentes fonctions !

  • Après le temps scolaire :

Très vite, le soir après les cours, des jeunes se portent volontaires pour aller le promener dans l’enceinte du lycée :  “ça me rappelle mon chien qui est à la maison, en pension je ne peux pas le voir de la semaine, alors être avec Ross c’est bien”. Il fait partie des initiatives et projets portés par les jeunes, ainsi des étudiants de BTS ont demandé à emmener Ross avec eux lors de l’organisation d’un week-end de loisirs à Vassivière. Ce qui concours à des dimensions de responsabilisation et prise d’initiative et d’autonomie de la part des étudiants.

  • Auprès d’autres groupes-classe :

Puis il va en cours dans d’autres classes, à la demande des jeunes ou à l’initiative de certains enseignants curieux d’expérimenter à leur tour,

  • En appui à l’infirmière :

Suite à une crise d’angoisse particulièrement difficile, après plus d’une heure de vains efforts pour la calmer, l’infirmière a pensée à Ross et requiert ses services. Elle l’a fait venir à l’infirmerie, il est monté sur le lit de la jeune fille et s’est couché à côté d’elle. Au bout d’un quart d’heure la crise était terminée. Cela a marqué Isabelle, qui depuis n’hésite plus à garder Ross souvent à l’infirmerie à ses côtés. « il ne se préoccupe pas beaucoup des maux physiques, par contre ce qui l’intéresse ce sont les états émotionnels difficiles : là il va jouer pleinement son rôle ». Un appui d’autant plus apprécié que ce n’est pas le travail qui manque : « avant je travaillais aux urgences. Quand j’ai demandé ma mutation ici, on m’a dit, tu vas t’ennuyer ! Depuis je reçois plus de 30 personnes par jour en consultation ».

  • Au service de l’inclusion scolaire :

Sophie nous rapporte une anecdote : “un petit de quatrième pleurait dans les couloirs dès qu’il n’était pas en cours. On s’est dit là, on risque de le perdre. Il a dit qu’il aimait les chiens, et on lui a présenté Ross. Il avait le même chien à la maison. Il a commencé à le sortir le soir, et les autres sont venus le voir, lui parler… on a gardé cet élève grâce à Ross.”

  • Lutte contre le harcèlement scolaire

Le lycée conduit des actions pour lutter et prévenir les situations de harcèlement. Un dispositif « sentinelles et référents » a été installé avec la SEDAP de Dijon, et Ross a participé à la formation d’un nouveau groupe.

  • Ancrer les apports lors des formations SST :

Ross est aussi co-formateur des élèves en SST, avec une enseignante qui est sapeur pompier volontaire. En effet, il a été formé pour cela à handichien, et lors des exercices, il est appelé pour apporter la couverture de survie et se couche auprès des victimes. Une mise en situation qui facilite l’interpellation, la mise en discussion et le dialogue avec les élèves, mais aussi à ancrer des images mentales, bien plus qu’une information descendante et prescriptive.

  • Un atout pour travailler la dimension territoriale

Au niveau du rayonnement territorial, Ross permet de créer du lien avec les collèges, là où le lycée n’avait pas de porte d’entrée, ce qui est bénéfique pour l’image, les partenariats et le recrutement. Le collège de Guéret a d’ailleurs recruté un chien pour la réussite scolaire depuis.

Des liens sont également tissés avec les EHPAD proches, dont l’un bénéficie déjà d’un chien visiteur. Ross va également sur les forums où il tient sa place sur le stand de présentation du lycée et aide ainsi au recrutement, il est même allé au salon de l’agriculture cette année !

Enfin, l’amicale des anciens élèves qui constitue un maillage territorial important voit la présence de Ross d’un très bon œil, et la MSA s’intéresse à lui via les réseaux en prévention santé.

Un aspect primordial : le bien-être de Ross

Il faut tout d’abord rappeler que Ross n’est pas n’importe quel chien, il a été sélectionné et formé par handichien pendant deux ans pour être chien d’assistance. Certains chiens du programme comme lui ne sont pas jugés aptes à être assistants d’une personne à mobilité réduite parce trop calmes, pas assez réactifs, ce sont ces chiens qui sont proposés aux écoles où il faut vraiment des chiens super calmes et tranquilles. Il a donc de solides bases de caractère et d’éducation.

Considérer la situation de Ross :  cultiver l’empathie dans le lycée ?

Cependant ce n’est pas une raison pour faire n’importe quoi avec lui. En effet, sa sa vie peut être rapidement éprouvante, avec la pression permanente des humains qui veulent interagir avec lui. Il suffit de voir comment cela se passe lorsque Ross traverse les couloirs en laisse pour aller en cours, beaucoup se penchent vers lui pour le caresser, plus ou moins tranquillement ! (Mais au fond, cela donne quoi lorsque l’on est sans cesse après un jeune en situation difficile ?). La mise en place de règles est donc hautement nécessaire pour le ménager. Ce qui permet de travailler sur le sens et la nécessité d’installer des règles pour le « bien vivre ensemble ».

Un réseau d’entraide pour soutenir et prendre soin

Ross vit dans la maison de sa référente, Sophie Zambelli. Lorsqu’elle ne peut pas le garder, d’autres personnes-ressource sont là pour prendre le relais, dont la secrétaire générale voisine qui a un chien avec lequel Ross est ami. Sophie, référente principale, ainsi que d’autres personnes, référentes secondaires, ont été formées aux commandes de Ross, ainsi qu’au décryptage des signaux d’apaisement qu’il peut émettre. Elles transmettent cela aux élèves, qui outre d’être en capacité de le commander, savent repérer quand Ross en a marre, et doivent alors le laisser tranquille.

J’assiste d’ailleurs à 11h au cours de Céline, AESH, qui porte sur les commandes de Ross. Céline a été formée par handichien ce printemps, et elle commence à mettre en place des cours de commande de Ross avec des élèves volontaires qui sont en étude.

Nous travaillons avec Ross les commandes “assis, couché, debout, genoux, pose, balle, apporte ta laisse, pas bouger”

Céline voudrait mettre en place dans la foulée un travail sur l’estime de soi (renforcée par le fait que le chien obéit) l’année prochaine.

Elle montre au passage les signaux d’apaisement, quand Ross baille.

Elle termine sur une séance de brossage, qui permet, en plus de ramener le calme chez l’élève et le chien, un travail sur la motricité fine et la douceur…

les signaux d’apaisement chez le chien

. Les éthologistes appellent « signaux d’apaisement » les postures, regards, mimiques et mouvements que les chiens produisent pour, pour apaiser une situation tendue, exprimer leurs intentions pacifiques ou pour faire comprendre à l’autre individu en présence qu’ils sont dans un état émotionnel inconfortable.

 

Un emploi du temps adapté, avec un respect des rythmes et de temps « à soi »

Dans la journée, son emploi du temps est calqué sur celui de Sophie.

Il a sa place dans son bureau, va en cours à la demande, avec l’infirmière, au dortoir, en promenade, en EPADH avec les élèves, en forum… En fonction de ce qu’il a fait, selon comment il est, il a des plages de repos : par exemple le lendemain du salon de l’agriculture, il n’est pas allé au lycée.

Des freins ou réticences au recrutement d’un chien d’assistance à la réussite dans l’EPLEFPA ?

Il n’y en a pas d’après Sophie « parce que le projet a été très bien cadré au départ par Handichien puis par les référents de Ross ». La charte a permis une base commune, elle est scrupuleusement respectée par les élèves (un peu moins par les adultes qui aiment lui donner un petit truc à manger…). Ross est brossé régulièrement et le balai passé pour ses poils, et ses crottes sont ramassées systématiquement par les jeunes, marque de respect pour le travail des agents d’entretien !

Les parents d’élèves, rassurés par le label handichien, trouvent cela bien.

Notons que les personnes phobiques des chiens ont été respectées et s’habituent à Ross depuis qu’elles ont vu qu’il ne leur saute pas dessus et qu’il est bien éduqué.

Au niveau de la gouvernance, le groupe projet reste dans la souplesse ; le projet a été voté au CA sans problème et le budget de Ross (2000 euros par an de croquettes, soins vétérinaires) est pris sur le budget de l’établissement qui est abondé d’une subvention décrochage scolaire de la DRAAF. Enfin, le financement de la formation des référents de 4000 euros a aussi été pris sur budget, ce qui marque l’engagement de l’EPLEFPA dans cette action.

Et la suite?

Sophie s’occupe de la communication interne et externe autour de Ross, en alimentant les réseaux sociaux, le site internet du lycée, et en recevant les journalistes intéressés par Ross (la Montagne et France bleue Creuse , FR3 Limousin qui est venu filmer, émission vous êtes formidables).

Cela permet de faire parler du lycée, qui est aussi en réseau avec les autres écoles ayant un chien médiateur, avec un groupe whatsapp dédié d’une quinzaine d’établissements.

Le succès d’ores et déjà rencontré avec Ross en termes de médiation animale donne envie aux acteurs de l’établissement de monter une formation de médiateurs équins au CFPPA d’Ahun.

Chien d’assistance à la réussite scolaire, effet fédérateur pour ancrer et/ou soutenir une dynamique d’ancrochage ?

De notre point de vue -accompagnateurs au sein du DNA-, la présence de Ross, son introduction, son rôle, ses effets, nous semble s’inscrire dans une démarche d’ancrochage, voire participe à renforcer et soutenir des dynamiques d’ancrochage. En effet, à travers ce témoignage, nous percevons de nombreuses initiatives et prise d’initiatives (des jeunes et des adultes), des coopérations et des partenariats au service des apprentissages, mais également de l’ancrage professionnel, des relations par-delà la classe et l’établissement comme autant de possibilité de socialisation. Les actions et projets qui se tissent autour et avec Ross (parce que Ross ?) semblent jouer dans les différents processus et dimensions misent en avant dans l’ouvrage sur l’ancrochage. Sans doute qu’un travail plus systématique permettrait d’inscrire dans une logique « explicite » ce qui se joue autour de la présence du chien d’assistance à la réussite scolaire (et peut-être au delà de la présence animale dans un établissement d’enseignement agricole), et des conditions de réussite pour renforcer et consolider les dynamiques collectives entre adultes pour faire ancrocher les jeunes. Néanmoins, les différentes illustrations semblent montrer que les actions associant Ross permettent de travailler les 3 processus d’autonomisation-socialisation-apprentissage en mobilisant les dimensions professionnelles (cf lien Epad, émotions et soin, etc…), éducative (analogies et décalage pour discuter de ses propres émotions), académique-scolaire (exemple de la biologie), et environnentale-territoriale (ouverture au-delà de son « mode »).

Certes, tout cela demanderait encore à être précisé à partir de résultats (en cours de capitalisation). Mais citons comme autre exemple la situation d’un jeune a fait un exposé en cours sur les liens entre l’humain et le chien, et où il a été constaté un apaisement en périodes d’examen. Ainsi, dans le contexte de la formation Sapver, nous pouvons rapidement émettre l’hypothèse que le projet associant Ross contribue d’une part :

  • à développer et à réfléchir sur les Capacités PsychoSociales des élèves (et des adultes !), autour de l’acquisition d’une culture canine transposable ensuite aux humains,
  • Mais également à renforcer ses capacités professionnelles en filière service (relation à soi/aux autres/au monde, rapport aux soins, observation de ce qui se joue entre l’animal et les publics accompagnés, etc…).

Un prolongement pourrait être de renseigner, avec les adultes et les jeunes, un « métier à tisser » de l’ancrochage pour voir ce qui est actuellement réalisé, mais aussi pour identifier des prolongements dans les coopérations possibles au service de l’engagement de chacun pour les réussites des jeunes.

Notons que ce témoignage et l’innovation en cours est suivie par le DNA. En effet, et à la lumière d’autres expériences en cours de recueil, il nous semblerait opportun de regarder plus précisément en quoi et à quelles conditions les initiatives mobilisant les médiations animales sont de nature à encourager la réussite des jeunes, mais également à prévenir et à encourager l’ancrochage des adultes : l’ancrochage des adultes étant condition nécessaire pour la réussite de nos jeunes. Un aspect qui démarque également clairement l’enseignement agricole comme vecteur d’ancrochage et de parcours de réussite en comparaison avec d’autres systèmes d’enseignement, mais tellement d’évidence qu’il convient sans doute de l’outiller, tant pour professionnaliser ces stratégies que pour accompagner les jeunes dans une perspective de transitions agrocécologiques.

Liens utiles:

https://chlorofil.fr/actions/orientation-reussite/decrochage/ancrochage

https://www.francebleu.fr/infos/insolite/ross-labrador-de-deux-ans-nouvel-eleve-du-lycee-a gricole-d-ahun-1652264391 https://www.lamontagne.fr/ahun-23150/actualites/ross-nouvelle-mascotte-du-lycee-d-ahunen-creuse_14130833/

https://www.lamontagne.fr/ahun-23150/actualites/qui-est-ross-ce-nouveau-pensionnaire-p as-comme-les-autres-au-lycee-d-ahun-creuse_14245105/

https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/creuse/insolite-un-chien-de-therap ie-pour-ameliorer-l-ambiance-de-travail-a-l-ecole-2572824.html

https://www.ouest-france.fr/nouvelle-aquitaine/creuse/un-chien-peut-il-aider-les-eleves-a-m ieux-apprendre-un-lycee-de-la-creuse-teste-l-idee-7851199 https://www.youtube.com/watch?v=77YZGtw-v5I

https://www.lamontagne.fr/ahun-23150/actualites/une-nouvelle-directrice-au-lycee-agricole_14187162/

Bibliographie indicative :

Audenet-Verrier, Laurence. L’ancrochage scolaire. Une façon singulière de faire réussir les élèves. Éducagri éditions, 2017

 

Nathalie Bletterie et François Guerrier juin 2023

 

 

VIDEOS

Mots-clés : Agroécologie, Décrochage Ancrochage, Handicap, Dys., Insertion, Projet d’établissement, Santé, prévention, Vie scolaire

Voie de formation : Voies mixtes
Niveau de formation : V (CAP), IV (Bac pro, Bac général)
Initiative du dispositif : Locale

Etablissement National d’Appui : MontpellierSup Agro
Action du Dispositif National d’appui : Pollen

Référent : Sophie Robion ,sophie.robion@agriculture.gouv.fr

Etat de l’action : En cours
Nature de l’action : Innovation

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