Résultat de la recherche avancée de témoignage

La préparation du PLEPA au Lycée de la Baie du Mont Saint Michel

Lycée de la Baie du Mont Saint Michel – EPLEFPA Saint Hilaire du Harcouet, Normandie

Route de Fougères

 50600 Saint Hilaire du Harcouet

Tél : 0233910220
Site web : https://lycee-agricole-de-la-baie-du-mont-saint-michel.fr/
Responsable : Luc Vatin , luc.vatin@educagri.fr
Rédacteur de la fiche : Thierry Cherel, Amandine Bedin, Frédérique Lecarpentier (EPLEFPA de la Baie du Mont Saint Michel) et François Guerrier (IA Agrocampus-Ouest), Chef de projet Plepa Epa2, Cheffe de projet Casdar TAE et Cheffe de projet écodélégués
, thierry.cherel@educagri.fr

DESCRIPTION SYNTHETIQUE DE L’ACTION

Point de départ de la démarche

Le projet d’établissement est actuellement en refonte au lycée de la Baie du Mont Saint Michel. De premières propositions d’orientation existent de la part de l’équipe de direction. Par ailleurs, l’établissement est engagé dans la mise en œuvre d’une action « CASDAR TAE+ » pour réfléchir avec l’ensemble de la communauté apprenante et les partenaires du territoire, à la résilience de l’élevage laitier.

Dans ce contexte général, l’établissement doit réfléchir à animer sa dynamique autour du Plan Local Enseigner à Produire Autrement  (nom de code : « PLEPA Epa2 »).

Une des pistes était de s’inscrire dans les prémisses des axes déjà imaginées par l’équipe de direction dans le cadre de la refonte du projet d’établissement. Toutefois, pour l’équipe d’animation du PLEPA Epa2, partir des 4 axes de l’ancien projet d’établissement risquait fort d’orienter les débats et devenir le cadre des discussions, et non d’en faire une proposition à discuter.

Il faut donc essayer de trouver un autre angle d’attaque qui soit la moins enfermante possible, mais qui permette pourtant d’aboutir à une production tangible et opérationnelle : les personnels ayant à cœur -en particulier avec le contexte de Covid-19- de ne pas s’enliser sur des réunions sans décisions, où chacun prend du plaisir à parler mais où les acteurs ont le sentiment que rien n’avance réellement.

Autrement dit, comment tenir l’équation entre :

  • le temps disponible (produire un PLEPA Epa2 pour le CA de mars, dans 3 mois),
  • faire réfléchir et se nourrir des bonnes idées et de l’expérience de chacun,
  • ne pas surcharger les équipes déjà très contraintes,
  • s’inscrire en cohérence avec les attendus du plan Epa 2,
  • mobiliser les acteurs,
  • le tout dans le contexte spécifique de l’établissement : ses deux filières professionnelles (CGEA, CGEH avec des publics bovins lait et équin), la filière générale et technologique (STAV BTSA ACSE) et les apprentis/adultes en méaréchalerie.

Des principes d’actions construits par l’équipe d’animation

Composée de Thierry Cherel (directeur adjoint en charge du Lycée), Amandine Bedin (Cheffe du projet Casdar TAE+) et Frédérique Lecarpentier (Responsable de l’animation des écodélégués), l’équipe d’animation a posé quelques principes d’action au regard de leur situation d’établissement :

  • Une recherche de valorisation et de reconnaissance de ce qui se fait déjà dans l’esprit d’EPA2

Le premier point qui est partagé, est de dire qu’il y a déjà de nombreuses initiatives, pas nécessairement connues de toutes et tous dans l’établissement, et qu’il serait bon de pouvoir les mettre en dialogue. Ce travail d’inventaire et de recensement, est initié dans le cadre de l’action CASDAR TAE+ : le but est que chacun puisse, sur la base du volontariat, faire remonter les actions auxquels elles et ils contribuent dans le champ « large » de l’enseigner à produire autrement. Pour cela, une fiche projet est proposée : elle reprend l’intitulé de l’action, les dispositifs concernés (classes…), les coopérations et partenariats y compris entre collègues, le lien avec les outils pédagogiques, mais également les relations avec les progressions pédagogiques le cas échéant (références aux capacités des référentiels). Ce sont donc les acteurs qui décident si telle action leur semble particulièrement en lien avec le plan Epa2. Et, à partir de cette matière, Ils pourront entamer un dialogue et réorganiser les actions et leurs intentions dans le futur « PLEPA Epa2 » actuellement en construction.

Derrière ce principe, nous portons l’idée que reconnaître les personnes dans leur travail, revient aussi à reconnaître et valoriser les actions qu’ils et elles portent. Aussi, plutôt que d’entrer dans un possible jeu de concurrence, l’équipe d’animation vise à partager et mieux connaître (pour les reconnaître) les actions de chacun dans un but compréhensif et tourné vers l’agir ensemble.

  • L’envie de partager les moments d’échange autour de l’EPA2 avec les apprenants de l’EPL (lycéens, étudiants, adultes et apprentis)

Ce second principe repose sur une demandes de ces apprenants à prendre part aux échanges définissant le présent et le futur de l’EPL, donc que leur parole puisse être entendue, reconnue et laisser une trace dans la vie de l’EPL.

  • Un besoin de mieux comprendre ce que porte/fait chacun (personnels lycée et CFA) pour renforcer les coopérations et les possibles mutualisations (et limiter la charge de chacun !) ; Bien connaitre les attentes et préoccupations professionnelles des collègues facilite les coopérations,

Ce principe repose sur un constat fait lors d’une précédente animation en février 2020, sur les attentes et les ressentis envers la notion d’agroécologie et donc du CASDAR porté par l’EPL. Chacun a apprécié de prendre le temps (ce n’était que 2h00 sur le temps méridien) d’échanger et de partager sur ses actions, de prendre plaisir à écouter et s’écouter, de découvrir des facettes de ce que faisait les collègues. Le tout en tenant compte des tensions engendrées par le manque de temps, et donc en reconnaissant la charge de travail de chacun.

Il s’agit également de favoriser le croisement de regard et d’utiliser différents supports d’expression pour que chacun puisse se sentir à sa place et utile aux échanges et aux débats, et donc d’essayer d’opter pour des modalités d’animation qui encourage la parole de chacun (petits groupes représentant la diversité, pas de primat de la culture de l’écrit/oral, possibilité de secrétaire de séance, posters et dessins, etc etc,… ).

  • Définir des critères pour aider à définir et orienter et prioriser les actions « EPA2 » de l’EPL,

Dans la lignée du précédent, ce principe vise à prendre acte des injonctions (parfois contradictoires) qui s’empilent, pour voir dans quelle mesure il est possible de s’alléger par une mutualisation des préoccupations et d’essayer de se redonner du temps. Réfléchir à ce que le PLEPA ne soit pas un « en plus de ce que l’on n’a pas le temps de faire », mais un « en mieux » de ce qui essaye déjà de se faire.

  • La nécessité de produire un cadre qui puisse apporter de la cohérence et un confort au travail : porteur de sens et de cohérence, dans la durée (repères, sécurisation, confiance),

Enfin, et c’est peut-être une forme de philosophie, ou de façon de voir le PLEPA Epa2 pour le Lycée de la Baie du Mont Saint Michel, le groupe de travail a acté l’idée de chercher à concentrer son action sur une volonté de donner de la cohérence et un cadre pour l’action des personnels, sachant que la plupart sont déjà très investis dans l’établissement.

Un cadre de travail pour animer la démarche

Ces principes posés, le groupe a pu construire – avec quelques aller-retours- une forme de progression en étapes pour aller de la mobilisation de toutes et tous et à la prise en compte des expressions larges de chacun-es.

Zoom sur la matinée du 07 12 2020

Dans le respect des protocoles Covid en vigueur, une demi-journée de travail a pu être organisée dans l’établissement. L’équipe d’animation aurait souhaité une plus large participation, mais le contexte sanitaire a conduit à réduire les interactions. Pour autant nous avons pu trouver des modalités d’actions pour concilier les différents impératifs autant que faire se pouvait.

Les objectifs de ce temps de travail :

  • Faire du lien avec la séance réalisée en février sur le thème « expressions et attentes autour du CASDAR et l’agroécologie ».
  • Inventorier et valoriser vers l’ensemble des services les actions et projets portés par l’établissement (ensemble des services) aujourd’hui et demain, et déterminer leur contribution aux 4 axes de l’Epa2.
  • Exprimer collectivement les freins et attentes autour de la mise en œuvre de l’Epa2.
  • Contribuer par ce travail sur l’Epa2 à la réflexion sur le projet d’établissement ; par la contribution à l’attractivité de l’établissement que pourra porter l’Epa2 (sur les métiers, les formations, l’établissement).

Le déroulement

Pour ce qui est du groupe « plénier » qui était subdivisé en 4 groupes pour respecter des petites jauges, nous avons constitué des groupes mixant :

  • des membres du service administration
  • des membres du service maintenance/cuisine
  • des membres de l’ATH et 2 membres de l’exploitation
  • des membres du CFA/CFPPA
  • des membres de la vie scolaire
  • des enseignants : 4 de matières littéraires, 4 de matières scientifiques, 4 de matières techniques (2 exploitation, 2 ATH)
  • des élèves : 4 de chacune des trois filières STAV, CGEA, CGEH et co animation par des étudiants de BTS ACSE deuxième année

Chaque groupe a pu s’exprimer sur un atelier qui partait des actions en cours et en projet s’inscrivant dans le champ des transitions, puis discutant en quoi ces actions rejoignaient en tout ou partie les axes du plan Epa2. La difficulté ici était d’éviter de chercher à ranger dans les cases des axes, ce qui n’aurait pas eu grand intérêt (telle action sur axe 1, telle autre sur axe 2), mais plutôt de prendre une action, la décrire, et se questionner pour voir en quoi elle contribuait – en plus de ce pour quoi elle était conçue- à faire vivre tel axe/sous axe, ou à quelle condition elle pourrait mieux y contribuer. Quelle est cette action, qu’elle en est sa nature, en quoi le porteur l’identifie comme dans le champ Epa2, pourquoi elle semble particulièrement utile, comment l’améliorer ou la croiser avec une autre, quelle part chacun peut y prendre… Chacun étant ignorant des actions des collègues a pu jouer le jeu de questionner pour enquêter la contribution de l’action à la TAE et donc au futur Epa2.

En parallèle les apprenants ne participant pas à cet échange ont pu travailler sur le thème «Enseigner à produire autrement » encadrés sur la matinée par des enseignants volontaires ne participant pas à la réunion « par ateliers ». Leur entrée, pour être complémentaire, était thématique, avec comme objectif de contribuer à des réflexions autour de l’EPA2 et de créer des supports de communications associés aux projets menés dans ce cadre par chaque groupe classe (constitution et recueil par l’équipe projet d’une liste des thèmes proposés et des encadrants volontaires).

Premiers effets et premiers retours

De ce que nous avons pu observer, mais le mieux est d’écouter les acteurs interrogés (vidéos ci-après), nous avons pu constater :

  • L’intérêt d’apporter, échanger, apprendre, construire ensemble,
  • La liberté d’expression et l’écoute des adultes vis-à-vis des élèves, mais également entre adultes d’horizons différents,
  • L’intérêt d’apprendre des autres, par exemple entre filières, de découvrir des actions qui se tiennent sur le lycée,
  • Le plaisir de construire des solutions avec les adultes, voir ce qui était faisable, et plus largement se sentir entendu et respecté dans sa parole,

Quelques améliorations resteraient à apporter :

  • La frustration du temps disponible, le sentiment de ne pas avoir été au bout. Ce qui fait dire à certains élèves qu’il faudrait refaire l’exercice,
  • Anticiper sur l’inégale répartition de la parole dans le collectif. Tout le monde ne dispose pas des mêmes possibilités d’expression (position sociale, perception de manque de vocabulaire, etc…). Il est « normal » – pris au sens de commun- dans nos établissements que les personnels ATOS s’expriment peu devant les enseignants et équipe de direction. Comme les élèves ne s’expriment pas ou moins spontanément devant leurs enseignants. Il ne suffit pas de décréter la liberté d’expression pour que cela se produise. Si le temps disponible le permet, la prise de parole de celles et ceux qui ont le plus de difficultés à la prendre doit être organisée. Pour réunir les conditions de leur expression, dont l’établissement a besoin. Une piste est de consolider les points de vue portés par ces acteurs en travaillant d’abord en groupe de pairs, pour ensuite porter la parole plus aisément devant un collectif élargi. Pour ne pas être indifférent à la différence de position sociale,
  • Comment prendre le temps de penser (collectivement) le suivi et l’évaluation du Plepa, et suivre ses avancées en cours d’actions… C’est souvent l’étape qui pêche, or 2 ans plus tard il devient difficile de jauger de ce que l’on a bien réalisé, des écarts que l’on a fait, et apprendre de l’expérience au fur et à mesure.

Notons un point qui est sans doute un point de travail. Les élèves ont évoqué la tension entre approximativement : « travailler comme cela en groupe avec les adultes permet d’apprendre, voire apprendre mieux », et « ne pas grignoter des cours car il y a le bac à la fin de l’année ». Comme si pour eux les activités pédagogiques qui préparent au bac se limitaient aux « cours » et aux « tp », alors qu’ils évoquent bien le fait que ces activités permettent de prendre confiance, d’apprendre sur la TAE, apprendre à construire des solutions (cf alimentation durable pour les chevaux), mais également à être à l’aise à l’oral et à développer leurs capacités d’expression… Peut-être qu’il y a là une piste à creuser pour évaluer ce que l’on apprend, quand, comment et dans quelles conditions ? Et que ces activités nourrissent dans la perspective du Bac.

Enfin, il semble qu’il ressort des échanges un vrai besoin, une envie de s’associer aux actions en cours, pour en discuter, pour en apprendre, pour les améliorer et les faire vivre et faire connaître dans une perspective d’accompagner les transitions. Peut-être que la façon de faire vivre le Plepa, la façon d’évaluer les actions, de réfléchir aux critères qui nous amènent à l’amélioration des pratiques au regard du contexte est objet même de ce plan, et que cette co-évaluation en continue est une condition d’appropriation et de réussite des actions à venir. En cela, vous remarquerez sans doute dans les témoignages les propos des élèves en attente de « revenir voir comment ça à évoluer » … dans notre lycée. Le Plepa serait il un chemin ?

Du diagnostic/mobilisation/recueil au plan d’action

L’établissement est en route, il doit restituer un premier travail auprès des équipes. Ce travail est en cours, l’idée étant de décliner des thématiques en les précisant -au regard des conditions de mises en œuvre- au regard des attentes et des besoins apprenants (et leurs parents), les personnels, l’EPELFPA et les partenaires le cas échéant… Autrement dit, au-delà des actions, s’entendre et se mettre d’accord également sur ce que les actions portent de façon concrète (évaluables), et ce afin de faire vivre le plan d’action. Car l’enjeu est bien là.

Ces « grandes actions » sont encore en cours de stabilisation, discussion, en attente de validation dans les instances, mais elles s’orientent et recouvrent – au moment où nous rédigeons ces lignes- les entrées ci-dessous.

  • Être bien dans son établissement = Être acteur de la transition agroécologique en tant que citoyen
  • Conduire des expérimentations/démonstrations de pratiques innovantes = transition des moyens de production vers l’agroécologique
  • Améliorer la communication de l’EPL interne et externe = Valoriser une démarche de transition agro-écologique
  • Développer la présence de l’EPL sur son territoire = Être un « lieu vitrine » Citoyen – Agro Ecologie.

En bonus…

Les élèves interviewés nous livrent une réflexion « off » sur ce que c’est que le travail pour eux, ce qui le motive, leur rapport à l’évaluation…

Epilogue provisoire…

Le présent témoignage ne prétend ni résumer ni rassembler l’ensemble de la production du groupe d’animation. Le seul document préparatoire au comité technique de février 2021, qui reprend les éléments de production des collectifs fait 23 pages (cadre donné par le document officiel de la Note de Service EPA2).

Aussi, pour celles et ceux qui voudraient en savoir plus, nous vous invitons à visionner les témoignages ci-après, et peut-être à contacter les auteur-es de la démarche !

Et en bonus…

Les élèves interviewés nous livrent une réflexion « off » sur ce que c’est que le travail pour eux, ce qui le motive, leur rapport à l’évaluation…

Rédaction : Thierry Cherel, Amandine Bedin, Frédérique Lecarpentier (EPLEFPA de la Baie du Mont Saint Michel) et François Guerrier (L’institut Agro, Agrocampus-Ouest, référent CASDAR TAE+)

Remerciements : Emmanuel Bon, Marion Diaz et toutes et tous les participant-es !

Février 2021

VIDEOS





 
Date :8 février 2021
Mots-clés : Agroécologie, Citoyenneté, Conduite de projet, Coopération internationale et développement, Décrochage Ancrochage, Exploitation agricole, halle, atelier, Motivation, engagement, Partenariats, Professionnalisation, dynamique d’équipe, Projet d’établissement, Territoire

Voie de formation : Voies mixtes
Niveau de formation : Tous
Initiative du dispositif : Locale
Structure d’appui : Etablissement National d’Appui
Référent : Emmanuel BON ,emmanuel.bon@agriculture.gouv.fr

Etat de l’action : En cours
Nature de l’action : Innovation
Etablissement National d’Appui : Agrocampus Ouest

 

COMMENTAIRES

Aucune entrée trouvée

Ajouter un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *