Résultat de la recherche avancée de témoignage

La marche, pour une pédagogie d’immersion engageante, au CFA de Seine-Maritime site d’Yvetot

CFA de Seine Maritime Site d’Yvetot, Normandie

Route de Caudebec -BP 164

 76190 YVETOT CEDEX

Tél : 0235563923
Site web : http://cfa.naturapole.fr/
Responsable : Bridier , christophe.bridier@educagri.fr
Rédacteur de la fiche : Maria Saunier / Laurent Garreau, Conseillère principale d’éducation / Responsable de formation
, maria.saunier@educagri.fr

DESCRIPTION SYNTHETIQUE DE L’ACTION

Le CFA de Seine-Maritime site d’Yvetot accueille un public en manque de repères, qui a besoin de se construire rapidement un cadre de travail et de se (re) familiariser avec des règles qui permettront à chacun de prendre sa place afin de favoriser son insertion scolaire et professionnelle.

Pour accélérer ce processus d’intégration qui est stratégique pour les apprentis comme pour les enseignants, le CFA est en démarche de semaine d’immersion depuis de nombreuses années.

A la rentrée 2016-2017, en partenariat avec l’équipe de l’Institut d’éducation à l’agro-environnement de Florac, nous testons une formule originale pour cette semaine d’immersion : “la marche itinérante”, avec une approche éco-sensible dans les différents ateliers qui ont jalonné notre parcours.

Les premiers résultats nous incitent à poursuivre ! Nous retenons que la marche est une manière détournée et innovante de travailler des capacités sociales et physiques des apprenants, en donnant aux jeunes une grande confiance en soi. “J’ai réussi” “je suis allé au bout” ….

Introduction du témoignage

Le CFA de Seine-Maritime site d’Yvetot accueille un public en manque de repères, qui a besoin de se construire rapidement un cadre de travail et de se (re) familiariser avec des règles qui permettront à chacun de prendre sa place afin de favoriser son insertion scolaire et professionnelle.

Pour accélérer ce processus d’intégration qui est stratégique pour les apprentis comme pour les enseignants, le CFA est en démarche de semaine d’immersion depuis de nombreuses années pour travailler autrement avec les jeunes en difficulté et prendre en compte ce moment particulier de découvertes mutuelles.

Cette semaine d’immersion n’est pas prévue en début d’année par hasard. Elle est réfléchie pour servir de fil conducteur pour l’année de formation. Elle vise deux objectifs :

  • d’une part de connaître et de repérer rapidement les jeunes en difficulté pour mettre en place un accompagnement approprié,
  • d’autre part, dans le cadre de l’entrée capacitaire, il s’agit de relever les différentes entrées possibles qui serviront dans la démarche de validation d’un CCF portant sur les capacités mobilisées à partir de cette semaine d’immersion.

A la rentrée 2016-2017, en partenariat avec l’équipe de l’Institut d’éducation à l’agro-environnement de Florac, nous testons une formule originale pour cette semaine d’immersion : “la marche itinérante”, avec une approche éco-sensible dans les différents ateliers qui ont jalonné notre parcours.

Et les premiers résultats nous incitent à poursuivre ! En effet, la démarche s’est révélée immédiatement très efficace, avec un changement opéré chez nos apprenants entre le début de la semaine et la fin : des apprentis plutôt négatifs, peu souriants et renfermés se sont révélés très impliqués et pleins d’entrain en fin de randonnée, s’impliquant jusqu’au compte rendu réalisé auprès de leurs camarades et de leurs formateurs.

Au final, nous retenons que la marche est une manière détournée et innovante de travailler des capacités sociales et physiques des apprenants. Cette semaine a donné aux jeunes une grande confiance en soi. “J’ai réussi” “je suis allé au bout” …. Des mots que l’on n’entend pas si souvent dans la bouche de nos apprentis !

A l’origine de l’action 

Le CFA de Seine Maritime site d’Yvetot est en démarche semaine d’immersion depuis de nombreuses années avec pour objectif de travailler autrement avec les jeunes en difficulté.

Le public que nous recevons dans notre établissement est là par choix et non par défaut. Cela n’exclut pas des difficultés d’adaptation au milieu scolaire. Ces jeunes sont souvent des « oubliés de fond de classe » que l’école a laissés de côté pour divers motifs. Ils arrivent, avec pour certains, des problèmes liés au comportement et des difficultés scolaires qui n’ont pas été prisent en compte. Ceci fait d’eux des décrocheurs potentiels. Notre rôle en les acceptant dans nos formations, est de leurs donner envie de rester et de s’impliquer dans leur formation.

Le projet est à l’origine d’un petit groupe de personnes de l’établissement qui se sont investis dans la démarche semaine d’immersion depuis de nombreuses années. Il est  l’aboutissement d’une recherche opérée dans l’établissement depuis 8 ans. Nous avons testé plusieurs formules de semaines « immersives », avant d’en arriver à la marche itinérante. Cette option nous semble la plus efficace dans les objectifs que nous nous sommes fixés.

Nous avons débuté les semaines d’immersions avec une entrée sportive (canoë, via ferrata, escalade, spéléologie) nous divisions le groupe en trois avec chacun une thématique différente (ex : roche, paysage, eau). L’objectif étant qu’en fin de semaine chaque groupe fasse découvrir et vivre à l’autre ses émotions et son vécu à travers une restitution dynamique (théâtre, jeux de rôle ……).

Les objectifs visés :

  • Créer une dynamique de classe
  • Développer des compétences sociales et relationnelles
  • Contribuer à la cohésion de l’équipe pédagogique
  • Favoriser l’expression et valoriser la réussite des apprenants
  • L’estime de soi, par l’investissement de l’ensemble de la personne dans l’action pour mieux se connaître et relever des « défis »

Les points forts: découverte d’activités sportives nouvelles, mise en difficultés permettant un équilibre dans le groupe, l’entraide nécessaire à la bonne pratique de ces sports,

Les points faibles : La semaine n’était pas réinvestie par les formateurs au retour des apprentis, aucun axes professionnels n’étaient abordés, le groupe était divisé en trois, de plus elle impliquait un investissement financier et humain important.

Ce qui nous a amené à réfléchir la semaine d’immersion sous une autre formule, c’est l’impression que nous n’avions pas exploité suffisamment de pistes pour nous sentir satisfaits par les résultats obtenus. Il nous semblait possible d’aller plus loin dans l’expérimentation avec les jeunes, mais nous ne savions pas comment.

Il fallait donc trouver une activité originale, physique, offrant un dépaysement aux jeunes, tout en nous permettant de valider les objectifs visés. La randonnée s’est alors imposée car elle semblait remplir tous ces critères. Plusieurs formateurs et  le service « vie de l’établissement » se sont portés volontaires pour mener ce projet. Tous avaient une certaine expérience des semaines d’immersion et étaient désireux d’améliorer ce procédé. Nous croyons en effet, aux vertus de ces actions et à leur importance pour l’ouverture d’esprit des jeunes. Il faut noter que les accompagnants, bien que très motivés, n’avaient pas toutes les compétences requises pour encadrer un groupe de jeunes dans une région inconnue. Nous avons donc décidé de nous appuyer sur nos partenaires de Montpellier Supagro – Institut de Florac, pour nous aider à réaliser des activités durant les journées de randonnée (et aussi pour nous guider !). Il existe de longue date un partenariat entre nos deux établissements, le choix s’est donc porté sur la Lozère pour des questions de facilité logistique. Il semblait important d’être en confiance et de ne pas avoir trop de problèmes d’organisation, pour un premier essai de cette formule de semaine d’immersion.

Cette action s’est réalisée grâce à la rencontre entre les besoins de l’équipe du CFA qui était en questionnement sur la semaine immersive et par ailleurs l’Institut de Florac qui avait lancé une expérimentation autour d’un nouveau format pour ces semaines de cohésion : autour de l’itinérance pédestre pour développer la relation à soi, à l’autre et à l’environnement (nature, territoire….)

Les intentions éducatives et ou pédagogiques poursuivies par l’équipe 

Ce projet a pour objectif l’insertion des apprenants, pour cela nous nous devons de les réconcilier avec les apprentissages.

Même si nous formons des professionnels, il nous semble primordial de leur apporter des compétences diverses (ouvertures à l’autre et au monde qui les entoure) afin de leur permettre de devenir compétitifs sur le marché du travail

Il est orienté vers les apprentis mais aussi vers l’équipe pédagogique qui doit adapter le ruban pédagogique avec “le fil rouge” de la semaine de marche (cette semaine est travaillée dès le mois de Mars de l’année N-1 afin de pouvoir organiser le planning). L’objectif étant de travailler autrement avec les jeunes en difficultés mais aussi de s’adapter aux réformes des formations (SPS, entrées capacitaires…)

Cette semaine n’est pas prévue en début d’année par hasard, elle a été réfléchie en équipe et sous couvert de la direction avec l’accompagnement de Montpellier Supagro – Institut de Florac.

L’objectif étant de nous aider dans la démarche du « comment travailler autrement avec les apprenants et les équipes en difficultés ». Cette semaine d’immersion nous sert de fil conducteur pour l’année de formation, elle est jalonnée de temps forts qui permettent «des retours sur la mémoire des moments vécus». Ce choix stratégique,  nous permet d’avoir une cohérence pédagogique avec un travail en interdisciplinarité. Les enseignements se croisent dans leurs pratiques pédagogiques et deviennent plus lisibles pour l’apprenant, les matières professionnelles servent d’appui aux matières générales. Cette semaine est le point de départ de l’année de formation, chacun doit y inscrire son déroulé de formation et l’évaluation qu’y en résulte, cela permet de structurer  et de donner une cohérence à l’année de formation. « le fil conducteur permet à chacun de regarder dans la même direction ».

Une semaine d’immersion au CFA de Seine-Maritime site d’Yvetot, pour qui et comment ?

  • Concerne principalement les formations de niveau 5 ;
  • Construction prévue et écrite dès le mois de janvier de l’année N-1 afin de permettre une programmation des activités au planning et prévoir les périodes d’évaluations communes ;
  • Transversale, elle vise tous les savoirs (savoir-être, savoir-faire et les savoirs “professionnels, culturels…”), à travers les différentes activités qui jalonnent leur parcours, (voir programme de la semaine) ;
  • Programmée la deuxième semaine de présence des primo entrants CAPa et BPA. Elle se déroule sur 5 jours avec l’accompagnement de la majorité de l’équipe pédagogique intervenant dans le groupe ;
  • Construite par l’ensemble de l’équipe pédagogique comme fil conducteur de l’année de formation ;
  • Evaluée avec l’entrée capacitaire réfléchie et posée en transversalité, par l’ensemble des formateurs intervenant, à partir de cette semaine ;

La randonnée est l’outil que nous avons utilisé, afin de réaliser les objectifs visés. Nous avons  marché environ 35 kms durant les 3 jours. Il convient de rappeler que le GR 70 est très vallonné, les apprentis ont donc marché sur des chemins parfois (très) pentus, ce qui représente une activité physique intense. Le soir, nous avons dormi dans des gîtes, ce qui permettait de ne pas totalement perdre le « confort moderne » et se reposer dans de bonnes conditions. Les repas fournis par ces établissements nous ont permis de découvrir la gastronomie locale. Les jeunes portaient chacun leurs affaires pour les trois jours, ainsi que drap pour la nuit et pique-nique et eau pour le jour

Les formateurs de l’institut ont proposé, tout au long de l’itinérance, des outils d’animation autour de la relation à soi, à l’autre et à l’environnement. Nous avons vécu des techniques d’animation du groupe permettant la cohésion, la connaissance, l’écoute et le respect de soi et de l’autre, autour de la communication interpersonnelle et de l’expression de soi également. Nous avons découvert des outils alternant approche sensible et sensorielle et approche rationnelle et naturaliste de l’environnement pour travailler la dimension écoformative de l’immersion sur le territoire, la dimension corporelle dans une perspective de connaissance de soi et dans une perspective professionnelle (comme premier outil de travail par l’écoute intérieur de ses sensations et extérieur de ses perceptions). Il s’agissait d’avoir un large panel d’outils permettant de lever les freins à l’expression de soi par rapport au vécu et à la perception de l’expérience. Pour cela, nous avons vécu des ateliers sensoriels, artistique (land-art, peinture, dessin, écriture), sollicitant l’ensemble des personnes.

Le groupe a également travaillé sur l’élaboration d’une charte relationnelle, pour gérer le quotidien au CFA.  A travers plusieurs activités, les apprentis ont réfléchi au « comment vivre ensemble ? », ainsi qu’à d’autres questions pour améliorer leur bien être durant leur formation, notamment les relations entre eux et avec leurs formateurs, l’organisation du soutien scolaire…

Finalement, la semaine a été organisée autour d’un fil conducteur : le récit de l’écrivain Stevenson, qui a parcouru les chemins de Lozère au XIXe siècle. Les apprentis ont travaillé en classe, avant le départ, sur son récit et ont relu des passages de ses mémoires à différents moments du voyage. Cela leur a permis de noter les différences entre les époques. Stevenson relate en effet dans plusieurs passages, la vie dans les montagnes et les voyageurs et commerçants qu’il rencontre.

Cette semaine a double objectifs, d’une part de connaître et de repérer les jeunes en difficulté plus rapidement (nos jeunes sont dans le rythme en alternance), il nous faut plus de temps pour repérer leurs difficultés) et ainsi nous permettre d’être plus efficace et rapide dans la mise en place d’un accompagnement approprié.  D’autre part, dans le cadre de l’entrée capacitaire, les formateurs et la vie scolaire ont un travail commun pour relever les différentes entrées possibles qui serviront dans la démarche commune de validation du CCF lors de l’entretien explicité.

Exemple de ce qui a été travaillé en cours à partir de cette expérience :

Mathématiques Travail à partir des plans et cartes sur les échelles, distances, superficies…
EPS Course d’orientation, grâce au travail sur le repérage en pleine nature.

Une journée de marche est prévue pour un retour sur mémoire des moments vécus en début de deuxième année en collaboration avec des volontaires de l’équipe pédagogique.

Histoire/géographie Etude des textes de Stevenson, comparaison entre les modes de vie et les loisirs entre les époques ; Etude des régions traversées pendant le voyage.
MIP/Zoot Comparaison entre les exploitations en Lozère et en Normandie – Etude des différentes façons de travailler et de produire
Français Préparation du carnet de voyage, étude et lecture de texte sur Stevenson et sont parcours

Le déroulement de l’action 

Ce projet est centré sur une activité de randonnée, pendant plusieurs jours. Il consiste à sortir les jeunes de leur environnement traditionnel, pour leur faire découvrir de nouvelles activités, de nouveaux paysages et les ouvrir aux autres et au monde. La plupart des apprenants ne sont jamais sortis de leur région d’origine (dans notre cas la Normandie). La découverte de nouvelles façons de pratiquer leur métier, dans un environnement différent est également une des activités favorisée.

  • Etape 1

Construction du projet avec l’équipe pédagogique dés le mois de Janvier de l’année N-1 avec d’une part,  le choix du thème « fil rouge » de l’année, d’autre part, le choix du lieu ou la semaine se déroulera et enfin les demandes spécifiques à travailler pendant cette semaine (souvent lié à des visites professionnelles)

  • Etape 2

Construction de la semaine avec les prises de contact nécessaire pour l’hébergement,  le déroulé pédagogique du projet  (itinérance, visites..), le planning (période à prévoir), le financement.

  • Etape 3

Réunion pédagogique organisée pour une présentation du projet dans son ensemble et la constitution des équipes qui vont travailler sur les entrées capacitaires que va permettre l’ensemble du projet.

  • Etape 4

Préparation de la semaine de rentrée avec la réalisation d’une plaquette de présentation de l’ensemble du projet qui est remise aux parents lors de la journée d’accueil et envoi d’une information dans les dossiers d’inscription pour les jeunes concernés.

  • Etape 5

Semaine de rentrée, rencontre des parents et travail qui débute avec les jeunes pour les préparer à la semaine d’immersion (carnet de route, explication du déroulé de la semaine…)

  • Etape 6

Semaine d’immersion

  • Etape 7

Restitution de la semaine d’immersion sous la forme que les jeunes souhaitent (théatre, diapo, photo, poème….) en collaboration avec le formateur en  informatique, l’animatrice du centre de ressource et le formateur de français, à l’ensemble de l’équipe pédagogique. Début du travail s’appuyant sur leurs vécus par entrée capacitaire.

  • Etape 8

Bilan intermédiaire en décembre et en avril. Une journée de randonnée courant mars pour faire un retour, un rappel sur ce qu’ils ont vécu pendant leur semaine de début d’année.

Organisation et pilotage

Le pilotage du projet est fait par notre CFA et un établissement du DNA Institut d’éducation à l’agro-environnement de  Florac, il s’inscrit dans une démarche “d’ancrochage scolaire” initiée depuis de nombreuses années dans l’établissement. Le projet de la semaine immersion  est validé aux conseils de perfectionnement et d’administration. Il a été présenté au conseil d’éducation et de formation et sera intégré au projet d’établissement qui est en construction.

Résultats

Nous avons testé cette année “la marche itinérante” avec une approche éco-sensible (découverte de leur environnement à travers les sens), dans les différents ateliers (land art, dessin, écriture, ..) qui ont jalonné notre parcours. Cette démarche s’est révélée très efficace immédiatement (des jeunes attentifs, à l’écoute et impliqués dans les ateliers proposés). Nous avons pu voir le changement opéré chez nos apprenants entre le début de la semaine et la fin. Force est de constater que des apprentis plutôt négatifs, peu souriants et renfermés au départ, se sont révélés très impliqués et pleins d’entrain en fin de randonnée.

Land art                                                               Quel animal vous représente ?

La randonnée est le support idéal pour leur faire prendre conscience de leur corps, ce qui nous a permis de travailler autour de nombreuses activités sur ce thème. Respecter son corps et celui des autres mais aussi se dépasser physiquement lors d’activités sportives. Certaines journées de marche se sont révélées très dures. Le fait de devoir se dépasser et de pousser leur corps en dehors de ses limites habituelles a donné une grande confiance et estime de soi aux jeunes.

Le principal défi auquel nous avons été confrontés, était de prouver aux jeunes qu’ils n’étaient pas « en balade » mais bien en apprentissage. Pour cela, nous avons utilisé le dépaysement total qui a frappé les randonneurs en herbe. En effet, la pratique de leur métier d’agriculteur est bien différente en Lozère et en Normandie. Nous avons attentivement observé les pratiques agricoles qui nous entouraient, en les faisant réfléchir aux difficultés rencontrées par les agriculteurs de montagne, aussi bien en ce qui concerne l’élevage que la culture.

La posture adoptée par le personnel accompagnant est, elle aussi, très importante. Il fallait garder une attitude bienveillante et propice aux échanges mais également garder un cadre disciplinaire où les rôles apprentis/formateurs étaient respectés. Dans l’ensemble les jeunes ont bien compris et cela n’a pas posé de problème lors du retour au CFA (bien qu’un certain recadrage ait été nécessaire pour certains d’entre eux).

Les meilleurs ambassadeurs de ce projet, ce sont les jeunes, qui à leur retour ont fait un compte rendu élogieux de leur séjour auprès de leurs camarades et leurs formateurs.

Bilan de la semaine

Du point de vue de l’équipe pédagogique cette semaine est un succès pour plusieurs raisons :

Le défi physique était important pour les jeunes (et leurs formateurs !). N’étant pas des marcheurs chevronnés, ils ont eu l’obligation de se dépasser pour atteindre les objectifs. Beaucoup étaient physiquement abattus le premier soir mais ils ont su puiser dans leurs réserves pour terminer la semaine. Cela les a rendu extrêmement fiers d’eux à l’issu du voyage et ils ont tous réussi à communiquer sur le bonheur qu’ils ont ressenti. « J’ai réussi », « Je l’ai fait », avons-nous entendu plusieurs fois. Tous les jeunes sont repartis de Lozère avec une bonne dose de confiance en eux et la fierté d’avoir atteint le sommet du mont Lozère tous ensembles.

L’ouverture d’esprit : Le groupe est arrivé dans une région inconnue avec beaucoup d’à priori. En effet la plupart d’entre eux n’avaient jamais quitté la Normandie et le premier contact avec ce paysage étranger a été difficile. Des plaines normandes ils sont arrivés en moyenne montagne, dans des lieux encaissés et tortueux. Ces jeunes agriculteurs ont immédiatement critiqué ce qu’ils voyaient, tout en se moquant des exploitations agricoles de petites tailles, à flanc de coteaux. Leur état d’esprit a considérablement changé tout au long de la semaine et le dernier jour leurs commentaires étaient beaucoup plus admiratifs, quant à la difficulté de pratiquer leur métier dans cette région montagneuse.

Le lien dans le groupe : Inévitablement des tensions ont éclaté entre les membres du groupe, exacerbés par la difficulté du parcours. Les jeunes en difficulté durant la marche (dont certains à cause d’handicaps physiques importants) ont été l’objet de moqueries au début, puis peu à peu, les plus vaillants se sont mit à respecter et à aider leurs camarades, prenant conscience que l’effort était d’autant plus difficile lorsqu’il y avait des problèmes physiques.

Découverte d’activités artistiques et de communication. Issus d’un milieu rural, pas forcément tourné vers ce genre de pratique, les apprentis ont réussi à dépasser leur a priori. Dessins de paysages, land-art (créations picturales à partir des matériaux trouvés dans la nature). Tous les matins et tous les soirs, les jeunes étaient invités à participer à un tour de « météo intérieure », pendant laquelle ils devaient expliquer aux autres leurs sentiments et leur humeur. Exercice très difficile en début de voyage, ils sont devenus bien plus explicites les derniers jours, certains tenant le bâton de parole pendant de longs moments.

Humour et bonne humeur. La semaine s’est déroulée sous le signe de la bonne humeur. Les jeunes ont compris que la marche n’était pas une punition, telle qu’ils la ressentaient au début. Ils se sont ouverts les uns aux autres, ont partagé des sentiments personnels entre eux ou avec leurs formateurs. Le soir ils mangeaient tous ensemble en riant et en échangeant. Bien que les téléphones ne soient jamais loin, ils ont réussi à trouver d’autres centres d’intérêt et d’autres activités. Durant une de nos soirées, nous sommes allés écouter le brame du cerf dans la forêt, moment calme et silencieux. Finalement à l’initiative des jeunes, la dernière soirée a été consacrée au chant et à la danse. Certains d’entre eux ont (ré) interprété des morceaux de variété française et même les plus timides se sont joints à l’exercice. Ils ont tous profité du moment et cela a réellement créé du lien entre eux.

Les moments qui ont fait de cette semaine une réussite 

Ils ont été très nombreux, nous pouvons citer le sourire de Tony à son arrivée en haut du mont Lozère. La descente de Jérémy pour aider Manon à porter son sac. Les échanges verbaux en « cauchois » qui ont étonné nos accompagnateurs « est du maqué à quin » une petite traduction s’impose « c’est du mangé à chien » pour désigner une friandise à base de fruit sec. N’oublions pas les histoires de Nicolas sur « toto » qui ont fini par lasser l’ensemble de la troupe. L’échange de remerciements entre deux personnes qui ont souffert ensemble dans cette difficile ascension et qui se sont soutenue jusqu’à la ligne d’arrivée. Mais le moment le plus émouvant, c’est celui de « l’au revoir » à Florac, chacun a eu une larme et nous n’arrivions plus à nous séparer.

Si c’était à refaire 

Cette semaine va être reconduite sous le même modèle que celui que nous venons de présenter. Nous envisageons de la reproduire sur un autre territoire à l’ensemble des formations de niveau V, en gardant la même démarche pédagogique.

Conclusion

Finalement c’est une manière détournée mais innovante de travailler des capacités sociales et physiques des apprenants. Ces semaines sont pleines d’enseignement pour les jeunes mais aussi pour les adultes. Elle leur permet de se dépasser, d’être fière de l’effort fourni et réussi, d’aller au bout de quelque chose. Ces jeunes nous ont donné, à nous adulte une leçon de courage, une envie de poursuivre et de ne pas craquer face à l’effort parfois très difficile.

Photo de groupe après la difficile ascension du mont Lozère

Contacts : Maria Saunier et Laurent Garreau, CFA de Yvetot

(Avec le concours d’Orane Bischoff et Alain Manuel de MontpellierSupAgro, et de François Guerrier d’Agrocampus-Ouest)

VIDEOS

 
Date :27 avril 2017
Mots-clés : Autonomie, Citoyenneté, Décrochage Ancrochage, Motivation, engagement, Pluridisciplinarité (multi), Territoire, Vie scolaire

Voie de formation : Apprentissage
Niveau de formation : V (CAP), IV (Bac pro, Bac général)
Initiative du dispositif : Locale
Structure d’appui : Etablissement National d’Appui
Référent : Emmanuel Bon ,emmanuel.bon@educagri.fr

Etat de l’action : En cours
Nature de l’action : Innovation
Etablissement National d’Appui : MontpellierSup Agro
Action du Dispositif National d’Appui : Initiative CAPa

 

COMMENTAIRES

Aucune entrée trouvée

Ajouter un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *