Résultat des innovations

Mobiliser les élèves par une pédagogie de projets basés sur les centres d’intérêts et le rythme de développement des élèves

Lycée La Ville Davy, Bretagne

51 Rue de la Corderie,

 22120 Quessoy

Tél : 0296425200
Site web : http://www.lavilledavy.fr/
Responsable : Bernard David , bernard.david@cneap.fr
Rédacteur de la fiche : Francoise Rouxel, Enseignant de mathématique et coordonateur du CAPa MA
, francoise.rouxel@cneap.fr
Chef de projet : Marie-Hélène Herry , marie-helene.herry@cneap.fr

DESCRIPTION SYNTHETIQUE DE L’ACTION

L’établissement de la Ville Davy est situé près de Saint-Brieuc, dans les Côtes d’Armor. Il compte 520 élèves, de la 4ème au BTSA. Parmi ces élèves, ceux de CAPa MA (métiers de l’agriculture) préparent  leur diplôme selon la voie scolaire. Il s’agit d’un public très majoritairement masculin, pas toujours très motivé par l’idée d’apprendre selon la forme scolaire « classique ». Ils ont besoin de repères concrets et pratiques, mais aussi de se dépenser physiquement autant qu’intellectuellement. C’est pourquoi, profitant de la rénovation de la formation CAPa, l’équipe pédagogique a fait le choix de proposer des créneaux horaires dédiés à l’animation de projets pédagogiques pour répondre à leurs attentes. L’hypothèse est de créer les conditions pour amener les élèves à construire du sens dans leurs apprentissages, et pour ensuite leur donner envie d’en savoir plus en matière de connaissances dites « générales ».

Comme nous le rapportent Yves Robert et Françoise Rouxel, cette approche s’appuie sur les « centres d’intérêts » des élèves. Après un premier témoignage s’appuyant sur un projet qui était à l’initiative de l’équipe enseignante l’an passé, ils nous présentent une seconde réalisation qui s’inscrit dans l’approche générale de leur pédagogie de projets comme stratégie structurante de leur dispositif de CAPa rénové.

A l’origine de l’action :

  • L’engagement dans la démarche de rénovation du CAPa
  • Le cadre de l’action « initiatives CAPa »
  • La volonté de mobiliser de nombreux enseignants dans l’équipe
  • Faire une pédagogie différente pour intéresser les élèves et les amener à construire du sens dans leurs apprentissages
  • Partir de repères simples, appropriables facilement par eux, proches de leur environnement.

Dans le cadre de la rénovation du CAPa, l’ensemble de l’équipe, c’est-à-dire les enseignants des matières professionnelles et « générales », a choisi d’utiliser les marges de manœuvre définies dans la nouvelle mouture de la formation pour développer et encourager une pédagogie basée sur l’apprentissage par projets. Il s’agit de créer les conditions pour amener les élèves à construire du sens dans leurs apprentissages, et pour ensuite leur donner envie d’en savoir plus en matière de connaissances dites « générales ».

L’an passé, nous avions proposé tous les projets aux élèves. Et, lors d’un bilan réalisé avec les élèves et les enseignants, nous avons évoqué la nécessité de faire évoluer cette façon de faire pour impliquer davantage les élèves dans le choix de leur projet pour qu’ils se l’approprient pleinement et soient plus auteurs de leurs apprentissages et moins consommateurs.

Les intentions éducatives et ou pédagogiques poursuivies par l’équipe :

En première année, il a été décidé que les premiers projets restent portés par les enseignants.

Pour le premier projet

Il s’agit de créer le groupe, faire en sorte que les élèves se construisent des repères, prennent connaissance de leur formation, fassent connaissance avec leur environnement et avec leurs camarades. C’est le temps à la fois pour reformer les groupes (entre les élèves issus ou non du Lycée de la Ville Davy), mais aussi pour redonner confiance aux élèves. C’est un temps important de prise d’informations pour rencontrer les élèves et voir comment ils réagissent et se comportent. Ainsi, le premier projet s’intitule de façon générique « connaître le milieu dans lequel j’évolue ». Il permet de travailler les capacités suivantes :

  • Capacité générale 1 : 1.1 ; 2.1 ; 2.2
  • Capacité générale 2 : 2.1
  • Capacité générale 3 : 3.1 ; 3.2

Il évolue dans son objet chaque année. En 2015 il s’agissait de réaliser un site internet (qui est toujours actualisé et qui continue de vivre)  à destination des élèves d’un Lycée avec lequel nous organisons un échange (Chambéry).

 

Cette année, dans le cadre de ce projet, nous avons choisi de produire un livret d’accueil, avec la définition des rôles et la présentation des acteurs de la communauté éducative, un plan du lycée, les informations utiles, l’environnement de l’établissement, etc… en fait, c’est le guide pratique de la communauté apprenante de la Ville Davy réalisé par les élèves !

Un deuxième projet orienté sur le métier

Celui-ci a été réalisé dans la foulée, pour mieux connaître l’agriculture du territoire. Piloté par les enseignants, il a vocation à « prendre pied dans le métier ». Il correspond au projet « prenez de la graine » présenté en 2016. Cette année, il a donné lieu à la réalisation d’affiches qui présentent l’agriculture du territoire, ses enjeux, etc…

Ces affiches ont été présentées à « Agriculture de Bretagne », un moment valorisant pour les élèves qui sont mis en avant ( et qui ont reçu un prix de 500€). Une présentation qui a également eu lieu avec les élèves de BTSA et suscité des coopérations avec eux. Dans ce second projet, nous travaillons en particulier les capacités suivantes :

Pour le dire autrement, les élèves ont pu apprendre

  • En histoire et géographie et sur les questions environnementales, à partir de la découverte du territoire,
  • Zootechnie : Travail à partir de la visite de l’exploitation, description des principales caractéristiques du cheptel, l’organisation du travail, les choix de système, etc,
  • Education socioculturelle : Un travail sur l’agriculture et son évolution, partant du territoire pour aller sur une échelle plus large,
  • Français : La rédaction du livret, des affiches, mais aussi la présentation de ce travail au BTSA
  • Mathématiques : Des notions de calcul simple de distance, de temps, etc…

Un troisième projet à l’initiative des élèves

Cette année, avec une année de recul, les enseignants ont décidé de « prendre le risque » d’inverser la construction de certains projets, en partant des souhaits des élèves (avec quelques indications sur le cadre général, à savoir un projet qui permettent de travailler certaines capacités et matières). Comme nous pouvions nous y attendre, ils ont les idées !

Le déroulement de l’action

Là, pour leur troisième projet, les élèves ont donc proposé de présenter la ferme du Lycée à un concours de ferme fleurie. Ils ont donc choisi de travailler à son embellissement. Celle-ci était justement en restructuration, et a comme particularité d’être située à proximité immédiate du Lycée, dans le parc. Il y a donc là des forts enjeux d’image, pour la ferme, le lycée, mais aussi de l’agriculture et de la profession, donc en rapport avec l’estime de soi de toute la communauté éducative !

Les enseignants ont problématisé ce travail, entre collègues, mais aussi avec les élèves, pour pointer ce qui devait être fait (un diagnostic de situation, des plans, des devis, des réalisations, un planning réaliste, etc…) et ce qu’on pouvait y apprendre. En parallèle, ils ont travaillé pour faire les relations avec les capacités qui seraient travaillées spécifiquement dans le cadre de ce projet et qui, de fait, se substitueraient un peu aux révisions des cours.

Ainsi :

  • L’étape de diagnostic et de réalisation de plans a permis de travailler en mathématiques et informatique (échelles, mesures, conversion, produit en croix, etc…), soit les capacités 2.1.4 du référentiel.
  • la phase de prévisionnel économique a permis de travailler en français et communication (prise de contact pour faire réaliser des devis à l’écrit et à l’oral), en mathématiques et économie-gestion (calcul et rôle de la TVA, la différence entre le prix et le coût, etc…),
  • le choix des aménagements et leur réalisation ont permis de travailler en agronomie (travail sur le sol, l’orientation, le choix des plantes, anticiper l’entretien, l’écoulement de l’eau, les problèmes à résoudre comme l’écoulement de boues, etc…), et l’entretien des bâtiments (maçonnerie, réparation de gouttières, planéité et petit terrassement,…).
  • Pour obtenir les budgets nécessaires, les élèves ont préparé une présentation auprès du directeur ce qui a mobilisé les outils informatiques (diaporama, plan, modélisation) et l’argumentation (français).

Autre principe d’action important, dans sa réalisation pratique, le chantier a été réalisé par tous. Tous les enseignants se sont donc prêtés au jeu, sous le pilotage des élèves : de l’enseignante d’anglais à l’enseignant de zootechnie, en passant par les enseignants de français, mathématiques, informatique, etc…

Dans la phase de réalisation pratique, les élèves ont travaillé en petites équipes, en charge de l’embellissement d’un espace. Chacun a apporté au groupe ses compétences, pour faire avancer la réalisation, mais aussi pour apprendre aux autres et pour transmettre. Par exemple, un des élèves sait comment poser des bordures. Un autre voudrait bien apprendre à réaliser cette tâche. Ils ont donc choisi de coopérer ensemble, initiant un système d’échange réciproque de savoirs.

Les principaux acteurs impliqués et leurs rôles :

En interne :

Françoise ROUXEL, coordonnatrice du CAPa et enseignante de mathématiques,

Yves Robert, Professeur principal en CAPa MA première année, enseignant de zootechnie,

Stéphane Le Cocquen enseignant d’informatique

Vincent Lemaire  enseignant de Français

Bernard Toquet enseignant de zootechnie

Lenaïg Prigent enseignante de géographie

Isabelle Bartley-Gebert enseignante d’anglais

Gaétan Burlot enseignant d’agroéquipement

Bernard David, directeur de l’établissement

 

Les principes d’organisation et de mise en œuvre opérationnelle pour s’appuyer sur une stratégie d’apprentissage par projets

  • Un temps de régulation entre enseignants

Tous les quinze jours, une réunion est organisée et permet à tous les enseignants qui interviennent sur le CAP MA de se retrouver une petite heure, pour réguler le dispositif : faire le point sur les projets en cours, discuter d’ajustements ou faire état d’une difficulté ou de la réussite de tel ou tel élève.

  • Des principes de définition de ce que doit être un « projet ». Un projet, à la ville Davy, c’est nécessairement une action :
    • « professionnalisante », c’est-à-dire orientée par les « besoins » essentiels du métier,
    • Mettant en jeu différentes disciplines, techniques ou générales, mais aussi plusieurs capacités visées par le référentiel,
    • Impliquant les différents acteurs dans le cadre d’objectifs définis et appropriés par l’équipe. Pour cela, chaque projet doit être « rediscuté » ou « reconstruit » par le groupe des enseignants afin que chacun puisse apprécier en quoi sa discipline peut contribuer et soutenir le développement des capacités visées par l’action,
    • Contribuant à (re) valoriser les élèves qui se sentent déconsidérés d’être en CAP MA,
    • Donnant lieu à une production « visible » et « concrète », valorisante.
  • Une organisation prévue à l’emploi du temps des élèves

L’emploi du temps des élèves fait explicitement apparaître des temps d’ateliers d’une durée de 2h00 consécutives, les lundis, mardis et mercredis. Cette possibilité s’appuie sur les heures « non affectées » du référentiel et celles de pluri. Ces heures ne sont donc pas, à priori, dédiées à telle ou telle discipline. Elles sont mises au service de la réalisation d’un projet concret et utile pour les élèves. Par ailleurs, les enseignants ont la liberté de poursuivre pendant les heures « habituelles » de cours avec les élèves pour ancrer les savoirs travaillés en mobilisant le travail de projet comme référence et repère ce qui aide les élèves à construire du sens.

 

  • Une cohérence générale tenue par la coordonnatrice

Le planning général et l’articulation des projets, en relation avec la progression du développement des capacités sont « tenus » par la coordonnatrice du CAP MA, Françoise Rouxel. Pour cela, elle s’est appropriée le référentiel de façon très précise et dans le détail avec ses collègues et veille à ce que les capacités soient bien toutes travaillées. La coordonnatrice est donc « garante » du cadre général, et fait en sorte que des projets ne soient pas redondants. Elle organise également l’accompagnement des collègues qui peuvent parfois avoir des difficultés à percevoir comment travaillé telle ou telle capacité et les savoirs associés dans le cadre du projet. Là, elle aide à questionner et à imaginer des situations pédagogiques qui donnent sens à l’apport des différents collègues.

Notons que l’un des leviers est aussi de bien se connaître au sein de l’équipe. Travailler de cette façon-là c’est aussi un apprentissage pour les enseignants. Nous allons à la fois plus vite pour cibler les apprentissages à réaliser, pour nous organiser, même si nous avons encore des progrès à réaliser pour bien s’approprier collectivement le référentiel et prendre en compte les attentes et besoins des collègues pour faciliter les ponts et relations entre savoirs, disciplines et capacités.

 

Les résultats observés : Il est important d’avoir une personne qui « dirige », celle-ci doit connaitre le référentiel mais aussi ses collègues, enfin comprendre leur mode de fonctionnement afin de créer une « équipe ».

Évaluation de l’action

Pour les élèves, le fait de définir et de choisir leur projet est clairement une source de motivation. Comme ils l’évoquent, « il faut faire attention à la motivation de chacun », « il y a toujours des élèves qui se font oublier, il faut essayer de gérer tout le monde ». Ils ont également apprécié « d’apprendre ensemble et en complémentarité réciproque mais aussi avec les enseignants ». D’ailleurs, ils apprécient cette coopération et l’entraide pour mener à bien le projet : « C’était bien de voir l’enseignante d’anglais et d’histoire géographie prendre les pelles et mettre les bottes pour travailler avec nous. J’aurais pas cru cela ». En résumé, c’est « un projet qui nous tient à cœur », notamment car il a une pérennité. «Pour moi, c’est important de laisser une trace, on sait que ce sera pas cassé l’année suivante ». Dans la relation, cette dynamique permet également de réguler les relations avec les enseignants car « on voit les profs autrement ». Les CAP ont une réelle place et un rôle dans l’établissement au travers de ce projet au travers duquel « on est valorisé par lors journées portes ouvertes ».

D’ailleurs, une inauguration officielle a eu lieu, avec l’ensemble de la communauté éducative, mais aussi l’inspecteur de mathématiques qui était sur le site à ce moment-là.

Notons également qu’au-delà des apprentissages, une vidéo a été produite et montée en informatique.

Bilan intermédiaire

Si c’était à refaire : On refait et tous ensemble comme aujourd’hui, les enseignants de techniques mais aussi les enseignants du général. Ce type de pratique demande de la concertation entre les équipes. Je pense le plus difficile est doser le travail de chaque élève (éviter le laisser faire celui qui sait) mais que chacun arrive au même niveau.

Pour minimiser le temps, il est important de contextualiser notre travail.

Pour la phase de bilan, nous devons encore évaluer plus précisément si les élèves ont bien conscience d’avoir développé leurs capacités en relation avec le référentiel et qu’ils puissent pointer leurs acquis comme la maîtrise de certains outils mathématiques, de communication, etc…

Nous devons également mieux formaliser nos projets dans une logique de cahier des charges. L’idée serait de tendre vers des projets dont les supports ou résultats visibles pourraient  évoluer d’une année à l’autre mais qui seraient à peu près stables sur les capacités visées et l’esprit dans lequel les projets sont menés. C’est pourquoi nous devons encore mieux travailler l’entrée capacitaire, en précisant les capacités travaillées sur chaque projet. C’est-à-dire décrire en quoi et comment on travaille telle capacité dans tel projet. Nous le faisons en réunion d’équipe, mais cela reste encore trop à l’oral. Il nous faut encore garder des traces, ne serait-ce que pour faciliter le travail à venir et ne pas refaire les débats déjà tranchés ni réinventer ce qui fonctionne bien.

 

Rédacteurs :

Françoise Rouxel, lycée de la Ville Davy, enseignante de mathématique

François Guerrier  Agrocampus-Ouest, chargé de mission d’appui pédagogique à l’enseignement agricole

Janvier 2017

 

FICHIERS A TELECHARGER

Descriptif : Affiche drone
Note-explicative-drone-agricole.pdf

Descriptif : affiche Barre de guidage GPS
Note-explicative-barres-de-guidage-GPS-Ville-Davy.pdf

Descriptif : Affiche chariots soins aux porcelets
Note-explicative-chariot-soins-porcelets-Ville-Davy.pdf

Descriptif : affiche trackers solaires
Note-explicative-trackers-solaires-Ville-Davy.pdf

VIDEOS

 
Date :6 avril 2017
Mots-clés : Décrochage Ancrochage, Evaluation, autoévaluation, Exploitation agricole, halle, atelier, Motivation, engagement, Pédagogie de projet, Pluridisciplinarité (multi), Professionnalisation, dynamique d’équipe

Voie de formation : Formation initiale
Niveau de formation : V (CAP)
Initiative du dispositif : Locale
Structure d’appui : Etablissement National d’Appui
Référent : Christine Di Meglio ,christine.di-meglio@agriculture.gouv.fr

Etat de l’action : En cours
Nature de l’action : Innovation
Etablissement National d’Appui : Agrocampus Ouest
Action du Dispositif National d’Appui : Initiative CAPa

 

COMMENTAIRES

Aucune entrée trouvée

Ajouter un commentaire