63 outils ludopédagogiques, du besoin d’animation à la réalisation d’un manuel pratique, pour tous publics.
Educagri Editions vient de publier un nouvel ouvrage qui a pour titre : « 63 outils ludopédagogiques ».
Pollen a tenté d’en savoir plus en interrogeant l’auteure, Christine Raiffaud.
Christine Raiffaud, quel est votre parcours ?
Ingénieur agronome de l’école de Nancy (ENSAIA) option industrie laitière, j’ai d’abord exercé chez Besnier (devenu Lactalis) comme ingénieur R&D. Puis je suis devenue « PCEA » option « génie alimentaire » (tout un programme, le titre !).
Mais mon parcours n’a pas été linaire, car je crois que la curiosité et la recherche permanente font partie de mon essence vitale ! Aussi j’ai alterné enseignement (initial et pour adultes) et missions.
J’ai d’abord dans les années 2000 été voir ce qui se faisait du côté de l’agriculture durable, extensive et/ou bio dans les CIVAM des Pays de la Loire lors d’un détachement de 3 ans. Ce fut la première découverte de méthode active de réunions, d’animations participatives lors de colloques, car les CIVAM de l’Ouest avaient déjà commencé à travailler avec des formateurs en techniques collaboratives et « sociocratiques ».
J’ai eu aussi un travail d’animatrice nationale à la DGER au bureau des initiatives et des partenariats pendant 6 ans. Et là, le concept d’animation a pris son sens. J’ai découvert qu’il fallait se munir de techniques et que ce n’était pas forcément inné et si simple. J’ai alors découvert les formations du GAB 85 où les animatrices avaient suivi un cursus avec ALTEREGO, une structure de formation en Bretagne. J’ai été séduite, convaincue de la force des outils…
Et quand j’ai quitté l’animation à la DGER, afin de faire une passerelle pour le retour à l’enseignement, j’ai demandé un congé mobilité pour me former plus aux techniques participatives, et avec la proposition de la rédaction d’un mémoire sur la transposition de ces méthodes (ciblant les adultes) au public jeune. Chose acceptée, d’où un ensemble de formations diverses sur le sujet, avec de nombreuses associations et structures de formation, et beaucoup de temps à la Bibliothèque Universitaire de la Roche sur Yon pour affiner la recherche sur la connaissance des neurosciences, de l’apprentissage etc. Et donc au final, ce livre qui est la synthèse concrète de ce travail et des essais réels qui ont suivi.
Pourquoi vous êtes-vous intéressée à ces outils ?
Je l’ai déjà un peu dit : ayant été moi-même convaincue, en formation adulte, pour avoir été amenée à les utiliser, j’ai voulu les décliner en formation initiale.
Comment avez-vous fait l’inventaire, la sélection ?
L’inventaire je l’ai fait en partant des trois temps de la formation ou de séquence : introduire, dérouler, conclure, et faire des breaks.
J’ai sélectionné les outils que j’avais déjà testés et qui me semblaient pertinents et efficaces en enseignement. J’ai ajouté quelques outils non testés réellement mais qui m’ont paru simples d’usage, faciles à s’approprier …La base de tout cela est sans conteste les méthodes de Thiagi (avec l’association de Benoît Hourst « mieux apprendre ») et le cursus que j’ai suivi.
C’est aussi le retour de collègues que j’ai pu former ou avec qui j’ai pu en parler qui m’ont aidé dans cette sélection.
Quels sont les performances de ces outils, les résultats ?
Les performances sont variables suivant le contexte de classe, l’outil choisi …mais ce qui est certain, c’est qu’aucun outil ne laisse froid les apprenants ! Il y a toujours un dialogue qui s’enclenche, un étonnement au moins !
Les résultats : c’est vraiment une meilleure appropriation des contenus, des notions pour les outils de déroulé : les bingos par exemple permettent vite de voir ce qui est su ou pas, et la correction permet de recaler les apprentissages ; les animations lors de vidéos projetées, de diaporamas assoient aussi ce qui est dit, car les quizz, cartes, jeux peuvent être réutilisés plusieurs fois. L’apprentissage est l’art de la répétition. Avec ces outils, on répète sans donner l’impression de faire la même chose !
Quant aux outils d’introduction, ils font mouche à tous les coups, et permettent de démarrer détendu (surtout sur des champs bien techniques !). Idem pour les outils de conclusion : un petit « routard » pour finir un module, ou un ‘j’aime-j’aime pas « à la façon d’Amélie Poulain (et la séquence en prime), c’est plus sympa qu’une grille à cocher .et bien plus révélateur car les jeunes n’hésitent pas à écrire cash ! Tous les outils ont un impact.
Quelles sont les difficultés observées chez les enseignants pour intégrer ces outils ?
- le manque de connaissance que cela existe !
- le manque de formation, d’information car s’approprier tout cela n’est pas si simple ! Mine de rien, j’ai mis au moins 5 ans !
- la peur d’y aller c’est le plus gros frein
- avec la peur d’être dépossédé du savoir, de ne plus maîtriser le groupe
- enfin, le temps à y passer, le temps de préparation
- et le matériel : la valise de cartes, chronomètre, crayons de couleur, cartes, à se constituer (mais indispensable!)
Qu’avez-vous recherché avec cet ouvrage ?
Faire connaître, donner l’envie d’y aller, partager ce qui m’a été transmis, déculpabiliser …
Idéalement, il faudrait pouvoir monter des modules de formation en petites équipes. Ou que les équipes intéressées sur un site se retrouvent pour tester des choses ensemble… Pour avoir fait cela avec les collègues là où j’enseignais c’est le plus efficace …mais attention, avec le respect aussi de ceux et celles qui ne sentent pas d’y aller ! Ce n’est pas si simple …
Comment utiliser au mieux ces fiches – outils ?
En testant, il n’y a pas le choix ! L’idéal pourrait être de pouvoir tester entre adultes pour commencer … Il est préférable de choisir des outils qui « parlent », et si possible, tester d’abord sur des modules particuliers (MIL, EPI, journées DD etc.) en petits groupes pour voir ce que ça donne…et puis utiliser le site compagnon mis en ligne. (Les sites compagnons d’Educagri Editions peuvent être en accès restreint aux acheteurs de l’ouvrage, via le code d’accès fourni à l’intérieur).
Mais attention : tous les outils demandent d’être précis en temps et en préparation ! Le déroulé doit être clair, les objectifs aussi. Ils demandent tous de prévenir les élèves, d’annoncer les règles du jeu. La réussite passe par une rigueur sans faille sinon, c’est la foire et ça ne donne rien ! 6 min pour le word café, ce n’est pas 15 min ! Faire le tour des questions, ce n’est pas faire celui des réactions. Le protocole de distribution de parole doit être clairement nommé pour des débats etc.
Quelques conseils aux enseignants qui voudraient se lancer ?
- ne pas avoir peur, respirer, se détendre avant la séance « outil »
- trouver des associations de proximité pour se former, ou aller à Paris pour se former au « mieux apprendre » (ça a un coût personnel, mais franchement, ça en vaut la peine .2 jours suffisent!)
- partager avec ses collègues
- faire un retour avec les élèves pour cerner leur perception, adapter au besoin, réajuster
- Et surtout, préparer l’outil, l’inscrire dans un déroulé, voire en inscrire plusieurs et construire le déroulé pédagogique « équipé » et SE préparer pour chaque outil !
- et être rigoureux
Au besoin, il est possible de me contacter par mail : christine.raiffaud@educagri.fr
En complément le site compagnon de l’ouvrage : editions.educagri.fr/num/compagnons qui propose des documents mentionnés dans l’ouvrage et une sitographie très intéressante les neurosciences, des centres de formation spécialisés, des ressources pédagogiques en ligne pour animer …
Également deux fichiers pdf à télécharger l’exemple du « sac à dos », la fiche enseignant et la fiche apprenant. et trois fiches exemples de fiches au format image : Amélie, Consigne, Enquête.
Enfin un exemple de combinaison d’outils utilisés sur la thématique « alimentation responsable » (consommation, production de déchets, environnement international) en terminale STAV. Les activités ont pour but de faire : percevoir les inégalités des régions du monde (jeu des chaises des régions du monde), mesurer l’importance actuelle des déchets produits de toutes sortes, dont alimentaires (diaporama consommation responsable) et proposer des alternatives pour éviter de sur-consommer et pour consommer plus « responsable » (world café). A voir sur le site du réseau RED red.educagri.fr